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Pascal Manoukian, reporter avant d'être écrivain, avait été fort remarqué lors de la parution de son premier roman "Les échoués". Il nous revient avec un roman à nouveau terriblement contemporain. Les protagonistes que nous allons suivre sont en effet marqués par des drames liés à des actes terroristes et c'est au cœur de Daech qu'ils nous entraînent. C'est un livre captivant mais aussi effrayant.
La question des rapports entre différentes religions est posée dès les premières pages lorsqu'on fait la connaissance de Karim et Charlotte, deux français, amoureux, et bientôt parents. Elle a des origines arméniennes, lui vient d'une famille musulmane. Ils attendent leur premier enfant. Mais davantage que les rapports inter-religieux, ce qui est sur le grill dans ce roman, c'est notre condition humaine. Comment se construit la haine lorsqu'on naît dans notre occident si confortable ? Pourquoi se convertit-on à certaines croyances ? D'où vient-on familialement ? Comment pense-t-on nos rapports aux autres ? Karim va mener l'enquête alors qu'il est lui-même englué dans la souffrance et le deuil.
Tout au long du livre, l'auteur mélange avec brio fiction et travail journalistique. On sent que le récit est porté par un travail d'investigation mais sans pour autant que la lecture devienne ardue ou que l'on soit plongé dans un cours de géopolitique.
On ne sort pas vraiment indemne de cette lecture.
Catherine
Paru en janvier 2017. Existe aussi en format numérique.
Zeruya Shalev déroule et développe avec finesse et intelligence chaque minute qui compte dans les quelques semaines, à la fois ordinaires et terribles, qu'elle nous raconte dans Douleur.
Iris retrouve le grand amour de ses 17 ans et se pose cette question banale et effrayante : suis-je dans la bonne vie ? Question rendue plus aiguë et plus cruelle par la réminiscence soudaine des douleurs provoquées par un attentat qui l'a gravement blessée dix ans auparavant et qui a marqué sa famille, tant son mari que ses enfants qui sont aujourd'hui à l'aube de l'âge adulte.
Cette femme accomplie, volontaire, qui dirige une école avec force et générosité, voit soudain ses priorités basculer.
Un livre qui nous touche, nous parle, nous reconnaît. Tout se répond puis tout s'éclaire dans une langue envoûtante et précise. Un grand coup de coeur.
Natacha
Traduit de l'hébreu par Laurence Sendrowicz. Existe aussi en format numérique.
Wally Lamb est un conteur d'envergure, un fin disséqueur de l'âme humaine, un bâtisseur de récit hors-pair. Il le montre à nouveau dans cette mosaïque familiale où chaque protagoniste sollicite notre empathie et suscite notre attachement, chacun dans sa complexité, son humanité, son histoire, au travers de plusieurs décennies. Annie et Orion ont eu trois enfants, devenus adultes tous les trois. Ce sont principalement ces cinq personnages que nous écoutons et découvrons tour à tour avec leur itinéraire marqué par l'histoire de leur famille, mais aussi par celle de leur univers, l'Amérique de la seconde moitié du XXe siècle, dans laquelle la ségrégation raciale et les inégalités hommes-femmes marquent le paysage. Ce sont des trajectoires de libération que nous livre Lamb, trajectoires ponctuées par les drames et dans lesquelles la création et l'art jouent notamment leur rôle de puissant levier. Ceci est un livre magnifique.
Un roman attachant, très humain, dans l’Italie des années 50-60, à travers le regard d’Elena, petite fille puis adolescente, qui, poussée par sa famille, parviendra à faire des études. Elle raconte ce quartier populaire de Naples, où elle est née, et son amitié profonde avec Lila, l’enfant rebelle et surdouée. Un quartier toujours en ébullition, où la violence est courante, où les rancunes sont tenaces. Elena Ferrante étudie finement l’évolution des deux gamines, Elena et Lila, en proie aux doutes, comme toutes les adolescentes, face à elles-mêmes et à tout ce qui les entoure. Ambiance, charme, tendresse.
Voici peut-être une des oeuvres les plus personnelles de David Foenkinos. Il y raconte sa fascination pour Charlotte Salomon, cette artiste peintre expressionniste juive allemande, à la sensibilité écorchée, au destin marqué par la tragédie, fauchée à vingt-six ans par la terrible machine nazie. Si ce livre est d’abord le portrait bouleversant de Charlotte, depuis son enfance jusqu’à sa disparition dans les camps de la mort en 1943, il est aussi l’expression touchante de l’émotion de David Foenkinos pour cette artiste. Une émotion telle qu’il nous raconte avoir mis des années avant de trouver la forme pour écrire ce livre, une forme toute singulière puisqu’elle s’apparente davantage à de la poésie, faite de phrases courtes, de silences et de retours à la ligne, pour laisser respirer son texte, comme un hommage solennel. Un roman émouvant, tendre, à découvrir. Charlotte a reçu le prix Renaudot 2014 et le prix Goncourt des lycéens.
Fascinant roman au coeur du Texas. Une page de l’histoire des Etats-Unis, à travers les voix entremêlées de trois personnes d’une même famille de 1830 à nos jours. Eli, le patriarche, fils de pionniers, est enlevé par les Comanches. Il vivra trois ans parmi eux puis reviendra parmi les blancs. Peter, son fils, plus timoré que son père, a du mal à trouver sa place dans cette époque violente. Et enfin Jeannie, la petite fille de Peter, reprendra la direction du ranch et s’enrichira grâce au pétrole. De la lutte des Indiens pour sauvegarder leurs terres aux opérations menées par les Rangers, en passant par la Guerre de Sécession...un livre d’une grande densité. Philipp Meyer est un merveilleux conteur.
Ifemenu est une jeune Nigériane brillante qui décide, vers 20 ans, de partir en Amérique dans l’espoir de se garantir un avenir meilleur. En partant, elle laisse son grand amour Obinze, mais aussi une partie de son innocence de jeunesse. Ses débuts aux Etats-Unis ne sont pas simples. Une quinzaine d’années plus tard, Ifemenu décide de retourner au pays. Americanah est un grand roman sur l’Amérique et le rapport à la question de la race, et à l’identité. En effet, c’est en arrivant aux USA qu’Ifemenu devient «noire». Au-delà de cette thématique, c’est aussi la question de l’exil qui est explorée, et des retours au pays. Un roman qui se lit avec beaucoup de plaisir. D’une page à l’autre, on a les larmes aux yeux, on rit, on s’émeut des possibles retrouvailles des amants de jeunesse. On vibre avec Ifemenu.
Devenu avocat, Cañas défend Zarco, figure mythique de la délinquance post-Franco à Gérone et emprisonné depuis des années. Mais Zarco n'est pas n'importe qui pour Cañas. Adolescent, il a fait partie de sa bande durant un été qui l'a marqué pour toute sa vie. Ce qui se joue entre les lignes de cet excellent roman, c'est l'Espagne et la Catalogne après Franco, c'est le pouvoir de la presse, les ambigüités des humains, les fractures sociales... intelligemment détricotées par l'auteur, qui a le talent de ne pas lever tous les doutes.
Dans leur maison isolée dans la forêt, à 50 kilomètres de la ville la plus proche, deux sœurs adolescentes sont livrées à elles-mêmes. Sans électricité, sans eau courante, elles terminent peu à peu les stocks de nourriture de leur placard. Il n'y plus d'essence, ni chez elles ni ailleurs, les avions ne survolent plus leur parcelle et la radio n'émet plus aucun signal.
Nell et Eva continuent à se préparer pour l'avenir qui leur est promis - Harvard pour l'une, le ballet de San Francisco pour l'autre. Les semaines passant, elles vont devoir apprendre à se débrouiller pour survivre en attendant des jours meilleurs, en tirant parti de ce que leurs parents leur ont laissé et de ce que les livres leur apprennent, de leur jardin, et surtout de la forêt, inconnue et immense, tour à tour source d'inquiétude et refuge.
Ce roman écrit en 1996 (et traduit en français seulement en 2017) parle de l'adaptation et de la survie, dans un climat d'isolation et de fin de civilisation, où les jeunes filles se trouvent face à un avenir qui ne ressemble en aucun cas à ce qu'elles auraient pu imaginer.
Hélène
Traduit de l'anglais (États-Unis), par Josette Chicheportiche. Existe aussi en format numérique.
A l'Automobile Club, les diplomates anglais et la haute société égyptienne côtoient les serviteurs venus en grande partie des régions pauvres de la Haute-Égypte. Nous sommes dans les années 1940, l’Égypte est encore une colonie anglaise, les femmes commencent à entreprendre des études, des mouvements de protestation contre les Anglais sont en marche, l’Égypte est en pleine ébullition.
Ce roman très abouti, nous propose de rencontrer des personnages particulièrement attachants: une mère de famille et ses quatre enfants aux parcours et aux valeurs diversifiés, les domestiques du Club, les membres de la famille royale égyptienne... C'est une lecture excellente et instructive, dépaysante et passionnante. C'est une vraie porte d'entrée pour comprendre l'Égypte d'aujourd'hui, pour appréhender les positionnements complexes des Égyptiens qui doivent naviguer entre la modernité, le changement et le respect des traditions culturelles.
Alaa El Aswany, dentiste égyptien, par ailleurs fortement impliqué dans les révolutions promouvant la mise en place d'une démocratie en Égypte, avait déjà été remarqué pour son roman "L'immeuble Yacoubian" que nous vous recommandons également chaudement dans le collection poche Babel.
Dans ce magnifique roman fleuve, Tim Gautreaux nous invite à embarquer sur un bateau à aube, l'Ambassador, qui parcourt le Mississippi dans les années 1920. C'est l'époque de l’émergence du jazz qui tente d'adoucir les mœurs dans un monde violent et parfois fort miséreux.
L'Ambassador est un bateau dancing qui va de ville en ville, proposer des excursions pour quelques heures, une après-midi ou une soirée. Sur ce bateau, un orchestre composé soit de musiciens de couleurs, soit de musiciens blancs (s'alternant selon le lieu de l'escale) fait danser les passagers, souvent rustres et peu habitués à ce genre de festivités. On s'enfonce petit à petit dans des coins reculés, terriblement isolés, appartenant à un monde en voie de disparition, proche de celui de la conquête de l'Ouest.
Sam Simoneaux, héros de "Nos disparus", est rongé par la culpabilité. Il est persuadé d'être responsable de l'enlèvement d'une fillette de deux ans. Il se fait engager sur l'Ambassador dans l'espoir de la retrouver en parcourant le fleuve. Sur le bateau, il veille à l'embarquement, confisque les armes, tente de mettre un terme aux bagarres lorsque l'alcool a échauffé les esprits, joue aussi un peu du piano, et prend sous son aile la famille de la fillette disparue.
A travers l'intrigue sur cette disparition, c'est aussi la question du besoin de vengeance et de la nature de l'homme qui est questionnée. Ce roman nous plonge dans un ambiance incroyable, il vaut le détour.
Été 1936. L'Espagne est déchirée par une guerre civile d'une violence sans nom : les nationalistes phalangistes de Franco, soutenus par le clergé, imposent la loi de la terreur pour contrer les assauts impétueux des républicains qui rêvent de construire une nouvelle Espagne.
Dans ce roman, deux voix émergent et s'entrelacent, pour évoquer cet été sanglant. Deux voix très différentes mais deux voix sincères qui ont à cœur de livrer leurs souvenirs, leurs émotions, de témoigner. La voix de George Bernanos d'abord, qui, tout ultra catholique et monarchiste qu'il est, crie son dégoût et dénonce avec force l'épuration systématique dont il a été témoin à Majorque, perpétrée par les nationalistes. Celle de Montse ensuite, jeune fille de seize ans et mère de la narratrice, qui se souvient et raconte dans une langue unique, à mi-chemin entre le français et l'espagnol, tout l'émerveillement que provoqua en elle l'insurrection libertaire de cet été où le monde s'ouvrit à elle et où elle découvrit l'amour.
Lydie Salvayre nous livre ici une œuvre romanesque portée par un vrai souffle, et arrive à nous faire revivre cette sombre période de l'histoire, dans un petit village catalan avec ses ombres, ses secrets, ses peurs, ses haines fratricides. Elle nous impressionne surtout par son écriture vivante et forte, créative, vraiment surprenante.
Ce roman à obtenu le prix Goncourt 2014.
Tsukuru Tazaki est un ingénieur de trente-six ans qui semble détaché de la réalité. Il vit à Tokyo, construit des gares, n’a pas d’amis proches et n’entretient des relations amoureuses que de courte durée. Il mène une vie sans heurts et sans passions, sans couleurs, et ce, depuis seize ans, depuis le jour de ses vingt ans où ses quatre amis inséparables lui ont fait comprendre qu’ils ne voulaient plus jamais avoir affaire à lui, sans explications. Mais le jour où il rencontre Sara, dont il tombe amoureux, il accepte de revenir en arrière et de partir en quelque sorte en pèlerinage, pour retrouver ses amis perdus et essayer de comprendre les raisons de cette rupture brutale d’autrefois.
Haruki Murakami décrit avec réalisme mais beaucoup de subtilité et de finesse psychologique, les relations entre son héros principal et les personnages qui l’entourent et avec lesquels il essaie tant bien que mal de rentrer en résonance. Un roman juste, grave et emprunt de mélancolie qui nous plonge dans le Japon contemporain. Une très belle écriture aussi, fluide et sensible.
A Los Angeles, Tobar fait le récit implacable et plein d'humour de la mésaventure d'une nounou mexicaine, Araceli, au service d'une famille "bobo" à l'américaine qui, après une dispute, la laisse seule pendant quelques jours avec deux enfants de la famille.
Portrait d'une certaine Amérique, très documenté, très bien ficelé, personnages bien construits et attachants malgré une certaine ironie (voire une ironie certaine....) du narrateur à leur égard... Captivant.
Jack Luxton est assis, seul, avec son fusil, sur le lit conjugal, devant la mer et aussi devant le spectacle désolant, hors saison, des caravanes du camping qu'il possède avec sa femme sur l'île de Wight... Elle l'a quitté, pour la première fois, et il ressasse son incompréhension, son immense tristesse devant ce mystère qu'est l'amour... Celui d'Ellie, bien sûr, mais aussi celui de ses parents, de son frère Tom et même (surtout) celui de Luke, un chien, leur chien. Il est de la terre, celle du Devon, la ferme de ses ancêtres, il est parti, chassé par la mort de sa mère, le départ à l'armée de Tom, la mort du père mais surtout parce que leur monde, celui de l'agriculture, s'écroulait après la crise de la vache folle et aujourd'hui, il doit faire face à l'annonce du décès de Tom, au combat, si loin de lui...
Un roman extraordinaire, poignant, impossible à oublier.
Hallgrimur Helgason, auteur islandais, nous fait furieusement aimer la protagoniste de son roman-saga : Herra. Cette atypique octogénaire islandaise, en phase terminale d'un cancer, termine sa vie seule dans un garage et se raconte sur son lit de mort. Au gré de sa mémoire, le lecteur découvre le destin aussi noir que tendre de cette femme souvent malheureuse, souvent irrévérencieuse, mais toujours forte, qui a traversé le XXe siècle à 100 à l'heure et a été marquée au fer rouge par la guerre 40-45. Une femme qui a surtout gardé jusqu'à son dernier souffle une vraie rage de vivre.
Ce roman donne à découvrir toute une histoire méconnue de l'Islande et enthousiasme par sa truculence, sa vitalité mais aussi sa profondeur.
Surréaliste, drôle et tragique, Thomas Gunzig nous séduit encore dans ce roman par la vivacité de sa langue et la redoutable efficacité de sa narration. Un vrai bon roman belge qui nous tient en haleine mais qui est aussi et surtout une énorme critique sociale de la société de consommation et du marketing à outrance. Lecture savoureuse !
Ce roman est sélectionné dans le cadre du prix des lycéens 2014-2015 de la Communauté française.
Cette histoire rocambolesque nous entraîne dans les pas d'un fakir hindou, en quête d'un nouveau sommier à clous. Avec beaucoup d'humour et de finesse, derrière un récit à dormir debout, c'est une grande interrogation sur l'immigration et la question des frontières qui est posée dans ce roman.
L'écriture est de qualité, vive, dynamique et on ressort de ce bon moment de lecture avec des questions plein la tête. Un coup de cœur!
Yannick Haenel, à travers son roman « Les renards pâles », remet en question notre société conformiste, organisée où tout est contrôlé. C'est un livre révolutionnaire sans l'être car il dénonce aussi les mécanismes qui étouffent les tentatives d'insurrection. Un texte déroutant où le héros qui semble amorphe, statique, se dévoile au fil des pages de plus en plus surprenant.
Un vrai coup de poing, le tout dans une langue riche, belle et douce.
Dans son dernier roman, David Foenkinos nous entraîne avec malice et habileté dans une intrigue rythmée au coeur du monde de l'édition : Delphine, éditrice talentueuse et ambitieuse, et son compagnon, Frédéric, romancier en quête d'un premier succès, découvrent dans une bibliothèque recensant les manuscrits refusés par les éditeurs, un roman exceptionnel. Ce manuscrit est signé du nom d'Henri Pick. Après enquête, le dénommé Henri Pick s'avère être un pizzaiolo décédé quelques années plus tôt et qui, aux dires de sa veuve, n'aurait jamais écrit la moindre ligne de toute sa vie... Le mystère reste entier autour de la personnalité de l'auteur présumé de ce livre, mais la maison d'édition décide de le publier, et de profiter de l'aura liée à ce mystère pour asseoir la popularité de l'ouvrage. Grand succès commercial, le roman sera bientôt au coeur de bien des questions et l'objet d'enquêtes du monde littéraire.
Laissez-vous porter par ce récit enlevé, amusant, enjoué, où l'on ne s'ennuie pas une seconde. Voilà un roman léger qui vous fera passer un agréable moment de lecture.
Delphine
Avril 2016 - existe aussi en format numérique.
Nous sommes en 1505 dans l'Italie de la Renaissance. Michelangelo quitte Rome bouleversé par le décès, non expliqué, d'un moine dont il était épris. C'est un homme solitaire et taciturne qui se rend à Carrare afin de choisir les plus beaux marbres qui serviront à exécuter la commande du pape, le tombeau de Jules II. Là-bas, dans la campagne toscane, au contact des carriers, des tailleurs de pierre et d'un petit garçon qui vient de perdre sa mère, Michel-Ange se métamorphose en douceur. Pour l'anecdote, cette épisode de la vie de Michel- Ange précède de peu son voyage à Constantinople raconté par Mathias Enard dans son très beau livre « Parle-leur de batailles, de rois et d'éléphants ».
Dans ce texte subtil et poétique qui parle de l'art, de l'amour et de la mort, Léonor de Récondo décrit avec talent l'amour de l'artiste pour son art, son soin à choisir la pierre, la travailler, la polir.
Ce roman de Jean Hatzfeld nous plonge sans ménagement dans la guerre de Sarajevo, une guerre implacable et violente qui a pris dans ses engrenages le destin de deux amants maudits : Marija et Vahilin. Avant que Sarajevo ne soit assiégée, ces deux amoureux vivent en Bosnie, s'entraînent au tir olympique pour les jeux de Barcelone et s'aiment. Mais quand la guerre éclate, ils sont arrachés l'un à l'autre et enrôlés comme tireurs d'élite dans des camps adverses. Car Vahilin est musulman et Marija serbe...
Au-delà de la tragédie et de la violence, Jean Hatzfeld insuffle une réelle humanité et une note d'espoir dans ce roman fort et lumineux.
P.D. James, décédée récemment, était la reine de la subtilité policière grâce au ténébreux et complexe Adam Dagliesh, son commissaire préfèré. Dans La mort s'invite à Pemberley, pour une fois éloignée de la dissection de l'époque contemporaine, elle s'offre le divin plaisir de revisiter Jane Austen, en nous proposant rien de moins qu'une suite criminelle d'Orgueil et préjugés ! Elle imagine l'arrivée chez les Darcy, un soir, veille de grand bal, une soirée sombre, sombre, sombre, d'une calèche dont les passagers font état d'un meurtre dans la forêt... Affaires de famille, querelles d'argent, secrets enfouis, tous ces ingrédients de l'Angleterre du début du XIXe siècle sont servis de main de maître par une écriture magnifique et une intelligence hors du commun.
Véronique G.
Automne 2014 - disponible aussi en format numérique.
Ce troisième livre de Khaled Hosseini nous entraîne à nouveau en Afghanistan. La plongée dans un autre univers est immédiate, dès les premières pages on s'immerge dans un paysage tout à la fois grandiose et désolant. L'histoire commence dans les années 1950 dans un petit village dénué de toutes les commodités au cœur d'une famille en plein drame. Un père, perd sa femme en mettant au monde un troisième enfant. Cette famille extrêmement pauvre va alors "céder/vendre/abandonner" la petite Pari à une famille kaboulienne riche et en mal d'enfant. Une chape de silence est ensuite posée sur cette affaire et tout au long du roman, nous allons suivre le destin des différents protagonistes.
Grande et ambitieuse fresque familiale, Hosseini a une fois de plus écrit un magnifique roman, captivant, émouvant, profondément humain. C'est un livre qui marque, qui bouleverse, qui est loin d'être lisse mais qui se lit pourtant aisément malgré la densité et la complexité des sujets traités.
Catherine
Nouveauté poche 2014 - disponible également en format audio et en format numérique
On est en 1963. La Seconde Guerre est encore tout près dans les souvenirs et la guerre d'Algérie fait des dégâts... C'est pour fuir cette dernière que Franz, 8 ans, et son père Abraham, sont venus s'installer dans la petite ville de Tilliers.
Franz adore lire des illustrés, se balancer, explorer la grande maison et les passages secrets. Il a des questions plein la bouche, surtout une qu'il gardera pour lui jusqu'à la fin du livre : qu'est-il arrivé à sa maman ?Â
Quant à Abraham, le père de Franz qui est aussi médecin, il dégage la sympathie et l'empathie de toute sa grande taille.
Ces deux-là vont faire plusieurs rencontres en se créant leur nouvelle vie à Tilliers. Autant de personnages attachants que Martin Winckler excelle à rendre plus vrais que nature.
On retrouve avec plaisir le talent de Martin Winckler pour raconter des histoires tout en appuyant les propos qui lui sont chers : notamment une certaine vision de la médecine, humaine et à l'écoute.
On retrouve aussi son grand savoir-faire de romancier, habile à nous ficeler des constructions qui tiennent en haleine, des atterrissages superbes et à truffer son livre de références historiques ou littéraires.
Captivant, romanesque, délicieux, et à mettre entre toutes les mains.
Natacha
Paru en janvier 2016 chez POL. En format poche depuis août 2017. Existe aussi en format numérique.
L'excellentissime livre de David Van Reybrouck est sorti en poche en ce mois d'octobre. Si vous ne l'avez pas encore découvert, c'est l'occasion ou jamais de vous plonger dans cette oeuvre qui ne cesse de remporter des prix de part le monde. Et c'est bien mérité.
Le livre débute dans les flots du fleuve Congo, à l'approche de Kinshasa et nous happe dans l'histoire foisonnante, dramatique, complexe du Congo et plus largement de tout le continent africain. C'est ardu, foisonnant, c'est un essai plus qu'un roman mais cela reste passionnant. David Van Reybrouck a réalisé un véritable travail d’historien sur le terrain. Il a cherché à interroger des témoins connus ou moins connus. Il tente de ne pas porter de jugement et de nous amener à comprendre avec nuance toute une série d’événements qui ont façonné ce que le Congo est aujourd'hui.
Catherine
Nouveauté poche - octobre 2014 - Format numérique disponible
Un énième livre de souvenirs savoureux d'une gloire du cinéma français ? Non, celui-ci est complètement foutraque, chaleureux, sans queue ni tête, ce genre de choses… Car il est unique, Rochefort, et son livre est comme lui. Pas de couplets attendus sur l'enfance mais les images nauséabondes d'une certaine Libération gravées en lui, pas d'accumulations de rencontres illustres mais de vrais copains, qui s'appellent quand même Belmondo, Marielle ou Crémer.
Une femme merveilleusement aimée ? Non, des histoires d'amour bancales et au-dessus de toutes, la beauté de Delphine Seyrig dont il se dit "frère orphelin". Son époque, les aveuglements politiques, Sartre, il n'était dupe de rien… Mais rien n'égalera sa passion des chevaux, qu'il partagea le temps d'un dîner à l'Elysée sous Giscard avec la reine des Anglois elle-même, Elisabeth, s'isolant avec elle dans une bulle équestre… Bref, de l'humour, de l'amour, de l'amitié, ce genre de choses...
Véronique G.
Nouveauté poche - septembre 2014
« Quelque chose les avait suivis depuis la Russie jusque chez eux. »
Holly ressasse cette pensée, en ce jour de Noël, à propos de Tatiana, sa fille adoptive de 15 ans, arrachée depuis 12 ans à un orphelinat russe. Quelque chose ne va pas, une tempête de neige se déchaîne au dehors, son mari est parti chercher ses parents à l'aéroport, les autres invités n'arrivent pas et Tatiana semble très bizarre... Holly s'angoisse, se culpabilise et revit, depuis ses débuts, cette relation mère-fille, ses zones d'ombre et ses espoirs parfois démesurés. Quelque chose de terrible se noue, au cœur du blizzard, de l'esprit d'hiver...
Un livre formidablement construit mais attention, il bouscule profondément votre tranquillité.
Véronique G.
Nouveauté poche - octobre 2014
Ce livre est aussi disponible en livre audio chez Audiolib et en format électronique.