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Si proche et si lointain... La vie d’un homme à travers trois moments importants de sa vie : la fin de l’adolescence et le décès de sa mère ; l’âge mûr, le divorce et le travail de prof, si prenant ; enfin la soixantaine, la retraite, la douce liberté retrouvée. Il vibre de passions, politiques et amoureuses, il est discret et attachant mais aussi singulier et profond. Si proche et si lointain... Un ami, somme toute... Grondhal signe un excellent roman, très juste.
Véronique G.
Paru en janvier 2016 chez Gallimard, ce roman a été édité chez Folio en édition poche en novembre 2017. Aussi disponible au format numérique.
Aalyia a 72 ans, vit à Beyrouth et a les cheveux bleus. Chaque premier jour de l’an, elle entame une nouvelle traduction en arabe d’une voix atypique de la littérature étrangère. Nous voilà partis à la rencontre d’une femme libanaise iconoclaste, mariée à 16 ans, répudiée à 20, libraire autodidacte et retraitée. Nous partageons son amour de la littérature et de citation en citation, nous passons un excellent moment en compagnie de cette grande dame qui prend plaisir à nous conter « son » Beyrouth et qui n’a cessé de lutter contre les diktats de la société libanaise. Un grand roman qui a reçu le Prix Femina Etranger 2016.
Catherine D.
Paru en août 2016 aux Escales, ce roman est sorti en édition poche chez 10/18 en août 2017. Aussi disponible en version numérique.
Deux couples, unis depuis plusieurs décennies par une amitié indéfectible et une passion commune pour la littérature, se réunissent dans une maison isolée dans le Nord des États-Unis. Quand ils se sont rencontrés, ils avaient 25 ans et entamaient leurs carrières académiques dans une Amérique blessée par la Grande Dépression. À présent, plus de quarante ans plus tard, ils se retrouvent à cet endroit, où ils ont passé tant de vacances et où tant de leurs souvenirs sont inscrits. Mais cette fois, l'ombre de la mort ploie sur l'un deux, et c'est l'occasion pour le narrateur de revenir sur cette moitié de XXème siècle écoulée.
Wallace Stegner aborde ici des thèmes universels, dans lesquels chaque lecteur pourra se retrouver: l'amitié, l'amour, la carrière, la nature humaine et la nécessité (ou non) de combattre ses propres inclinations. Un roman simple, juste, et beau.
Hélène
Publié en 2003 chez Phebus, sorti en poche chez Gallmeister en septembre 2017. Aussi disponible en version numérique.
Craig a quinze ans quand il intègre une école prestigieuse à New York, ultra-motivé à l'idée d'assurer son avenir. Il se plonge dans le travail mais avant la fin de l'année scolaire, il est pris d'angoisses de plus en plus paralysantes. L'anxiété l'attaque et le mortifie. Sans pouvoir dormir ni se lever, pris dans une spirale d'inquiétudes qui le fiche en l'air et l'empêche de faire quoi que ce soit, il se retrouve acculé par la dépression.
Ce roman est conté de façon très juste par un auteur qui a souffert de dépression pendant de longues années. Il s'inspire ici d'un de ses séjours en hôpital psychiatrique pour décrire cette maladie de l'intérieur, sans perdre son sens de l'humour, et sans perdre de vue ce que c'est qu'être adolescent. Un très beau livre, qui brise d'autant plus le cœur quand on sait que l'auteur a malheureusement fini par se jeter du haut d'un building de Brooklyn à l'âge de 32 ans...
Hélène
Publié en janvier 2016 à La Belle Colère, sortie en poche en août 2017 chez 10/18.
Une histoire d'amour fou où le quotidien est sublimé par mille poésies fantaisistes, mille aventures imaginaires, le tout arrosé de cocktails enivrants ! Une danse effrénée à la vie, entre tristesse et sensualité, au rythme du "Mr Bojangles" de Nina Simone. Un premier roman captivant et tourbillonnant, qui rappelle que la folie n'est pas l'apanage des seuls "désaxés" et que l'amour permet tout !
Catherine D.
Paru en janvier 2016 chez Finitude, le roman est paru au format poche chez Folio en mai 2017. Existe aussi au format numérique.
Joseph est acteur, surtout dans des pubs pour du dentifrice. Del (Delphine) est biologiste, spécialiste des reptiles et travaille au zoo en attendant d'obtenir sa Green Card. William est le meilleur ami de Joseph, acteur lui aussi, mais moins talentueux et donc jaloux de celui-ci. Madi est la meilleure amie de Del et aussi la soeur d'un de ses ex. Tout ce petit monde évolue tant bien que mal dans le milieu assoiffé, arty et défoncé de New-York, et la rencontre entre Madi et William va entraîner le lecteur dans une toile poisseuse dont il ressortira chancelant et k.o. Brillant!
Catherine D.
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Nathalie Peronny. Paru en janvier 2016 chez Calmann-Levy, le roman est paru au format poche chez Points en mars 2017. Existe aussi en format numérique.
"La petite histoire des personnages de ce livre passe par la grande histoire des faits qui ont ébranlé les fondations de la société catalane et même au-delà".
Ils sont quatre enfants, ballottés par la vie, deux garçons, Germinal et David et deux filles, Mireia et Joana. C'est Germinal, alors âgé de 80 ans passé, qui nous conte ce récit. Dans la Barceloneta des années 20, la "bande des quatre", amis inséparables, jouit d'un bonheur sans nuages. Issus de milieux modestes, ils grandissent dans un monde coloré, solidaire. Leurs jeux et leurs secrets se partagent à l'ombre de la "Sarita", une felouque, le plus beau des gréements de la plage. Les hommes, pour la plupart, travaillent au port. Les femmes arrondissent les fins de mois de la famille avec divers travaux, couture, vente de poissons, et même pour les plus téméraires, livraison de marchandises en contrebande. C'est à cette époque que les garçons fréquentent "L'Ecole de la mer", une école progressiste dont la devise est "apprendre à penser, à ressentir, à aimer", un lieu qui façonnera leur esprit à tout jamais. A l'adolescence, à l'époque où l'enfant se mue en homme, ils reçoivent une autre éducation au café "La Dorita" avec les "doritas". C'est aussi le temps où Germinal découvre son homosexualité et son amour pour David, "l'Ami Aimé". Pour parfaire leur instruction, ou lorsqu'une question difficile se présente, les quatre se rendent au "Crépuscule du capitalisme", une librairie résistante, tenue par un vieux sage, Ramon Romanguer.
Mais dès les années 30, l'histoire, la grande, celle qui va détruire ce monde chatoyant, cette harmonie, gronde en Espagne et en Europe. En 1933, la droite espagnole renverse la République. En 1936, les républicains gagnent les élections, mais c'est sans compter sur la montée des idées fascistes. La même année, le Coup d'Etat mène au pouvoir les généraux, dont Franco, avec l'appui de l'église catholique. Ainsi débute la guerre civile. Josep, le père de Germinal, homme progressiste, féministe, poète à ses heures, est un syndicaliste actif du mouvement ouvrier anarchiste. Comme ses frères de combat, sa lutte pour la liberté et la révolution est l'engagement de toute une vie. La misère à laquelle sont réduites les familles, la lutte révolutionnaire de leurs parents ouvriers et les répressions brutales signent, pour la petite bande, la fin de l'innocence. Les événements de la deuxième guerre mondiale s'enchaînent inexorablement, Hitler envahit la Pologne..." c'est "l'échec de cette Europe "démocratique" qui, à peine quelques mois plus tôt, nous avait laissé crever à petit feu sous la botte qui se levait pour l'écraser à son tour..."
Lluis Llach est un chanteur catalan qui a mené sa lutte politique à travers la chanson. Exilé à Paris, sous Franco, il revient à Barcelone à la mort de ce dernier. Il est l'auteur de 'L'Estaca", l'hymne de toutes les revendications catalanes durant la dictature.
Il signe avec Les yeux fardés un magnifique roman qui allie poésie, tendresse envers ses personnages et hommage à l'esprit de résistance, écrit dans une très belle écriture.
Véronique B.
Paru chez Actes Sud en octobre 2015, le roman est paru au format poche chez Babel en mai 2017. Existe aussi au format numérique.
Nous sommes en 2037, Antoine sort de prison après 20 ans de détention et foule à nouveau les trottoirs de Paris. Ancien révolutionnaire criminel, il va redécouvrir le monde tel qu’il est devenu : pas si différent de celui que nous connaissons aujourd’hui, un peu plus technologique, un peu plus violent surtout. Après 20 ans d’isolement, il va aussi apprendre à renouer des relations humaines : avec des voisins de la cité Molière, avec ses nouveaux collègues, avec sa fille, qui semble elle aussi portée par sa volonté de changer le monde, radicalement. Mais de manière plus pacifiste que son père à l’époque…
Dans ce récit d’anticipation habilement mené, Denis Lachaud nous interpelle sur notre société, et ses possibles dérives futures. Inspiré de l’actualité brûlante du moment, l’affaiblissement de l’Europe, l’endettement de la Grèce ou de l’Espagne, l’augmentation de l’immigration et le manque criant de place pour les migrants, les mouvements révolutionnaires populaires qui se soulèvent un peu partout, ce futur qu’il nous décrit nous paraît crédible, et nous fait sans doute un peu peur par sa radicalisation. Mais Denis Lachaud trouve un ton juste et sincère qui n’est ni moralisateur, ni culpabilisant, mais plutôt volontairement utopiste, fantaisiste, parfois drôle, un ton percutant qui fait mouche.
Un roman qui donne à penser, sans se prendre trop la tête. Qui donne à rêver surtout à un autre monde. Et rien que pour ça, sa lecture en vaut le détour.
Delphine
Paru en août 2015 chez Actes Sud, le roman est sorti en édition poche chez Babel en avril 2017. Aussi disponible au format numérique.
Ari est le personnage principal du roman, dont la vie nous est racontée par son meilleur ami d'enfance. Ari revient à Keflavik, une terre âpre, en Islande, de 10 000 âmes, d'où il est parti depuis deux ans, fuyant une rupture amoureuse et bien des souvenirs, et toujours la douleur de la perte de sa mère, décédée alors qu'il était tout jeune. "On peine à respirer dans les petites sociétés, le manque d'air est suffocant, je m'en vais avant d'étouffer" écrit-il à son ami et confident de toujours.
Dans cette chronique familiale, Jon Kalman Stefansson construit son récit en trois temps : l'histoire d'Oddur, le grand-père, pêcheur renommé qu'Ari n'a pas vraiment connu mais dont il a si souvent entendu parler et de sa grand-mère Margret, Ari, jeune garçon et son père Jakob, avec lequel les mots sont si difficiles à partager, et Ari, de retour aujourd'hui, à la recherche de ses souvenirs sur la terre aride de Keflavik. Jon Kalman Stefansson alterne les époques avec virtuosité.
Poète, avec une tendresse pour ses personnages et son pays natal qu'est l'Islande, Stefansson émeut, nous parle de la vie, de la mort, de nos erreurs... avec intelligence,
Assurément un beau et grand livre.
Véronique B.
Paru en août 2015 chez Gallimard, ce roman est paru en poche en février 2017 chez Folio. Le roman est aussi disponible au format numérique.
Etienne est photographe de guerre. Il a passé plusieurs mois enfermé, pris en otage dans un pays en conflit. Otages intimes, c'est l'histoire de son retour à la vie libre, retour qui ne coule pas de source et s'accompagnera d'autres douloureuses ou heureuses libérations. Car c'est peut-être le principal sujet de ce roman beau et touchant qui porte si bien son titre: les délivrances intérieures des autres personnages répondent à celles d'Etienne et en refermant le livre, le lecteur lui-même a l'impression d'avoir dénoué certains de ses liens. Otages intimes, c'est aussi une plongée dans la nature, une belle méditation sur l'enfance et un portrait de mère qui ne laissera pas indifférent... Si vous avez aimé Profanes, vous retrouverez avec bonheur l'écriture fine et sensible de Jeanne Benameur pour un livre qui, tant par le choix du sujet que par son traitement, égale largement le précédent.
Natacha
Paru chez Actes Sud en août 2015, ce roman est paru en édition poche chez Babel en mai 2017. Existe en format numérique.
Eleanor Oliphant vit depuis des années selon une routine immuable qui tourne principalement autour de son travail (du lundi au vendredi), du coup de fil hebdomadaire de sa mère (le mercredi soir), et des bouteilles de vodka (du samedi au dimanche). Elle vit seule dans un appartement de Glasgow et se satisfait très bien de son isolement - de manière générale, les autres lui semblent plutôt frivoles et déconcertants et certaines conventions sociales ne valent, selon elle, pas la peine d'être observées.
Vient toutefois le jour où elle rencontre l'homme de sa vie, en tout cas en est-elle persuadée. Consciente de ses particularités, Eleanor va mettre en route un plan pour faire apparaître la meilleure version d'elle-même afin d'être réunie avec sa moitié. Dans le même temps, une succession de rencontres va lui faire reconsidérer sa solitude, et nous faire découvrir son passé hors normes et pour le moins traumatique.
Ce roman se lit de façon limpide et pourtant chaque chapitre nous retourne un peu le cœur, particulièrement les passages sur la solitude et, finalement, l'importance du lien avec les autres. L'écriture n'est pas dénuée d'humour et l'on rit avec les personnages à plusieurs reprises. Une belle découverte, donc, à lire sans hésiter!
Hélène
Paru au format poche en septembre 2018. Existe aussi en version numérique.
Un roman étourdissant qui suit au plus près les pensées de Fiona Maye, juge respectée aux affaires familiales. L'intérêt de l'enfant est une notion qu'elle maîtrise parfaitement, délicatement, sereinement,
Face au cas d'Adam, dont la leucémie nécessite une transfusion interdite par la religion de ses parents, témoins de Jéhovah, elle va, bien sûr, faire son métier au mieux mais est-ce que ce sera suffisant, dans l'intérêt de l'enfant ?
Véronique G.
Paru chez Gallimard en octobre 2015, le livre est passé en poche en avril 2017 - également disponible en format numérique.
Au commencement de cette histoire : une famille américaine traditionnelle, une maison de banlieue, un gamin joueur de base-ball. Le père, Arthur Wise, est un avocat ambitieux.
La réussite de ce dernier va conduire la famille au Cape Cod dans une superbe maison où l'argent coule à flots, où la mère, de simple ménagère, devient une femme au consumérisme frénétique.
Hilly, le fils, fil rouge de ce roman en trois temps, raconte son adolescence à Bluepoint (Cape Cod), l'été où il tombe amoureux fou de Savannah, jeune noire et nièce du boy de la famille, Lem Dawson. Un amour interdit dans ce pays où la ségrégation persiste.
Hilly devient journaliste puis père de quatre filles. Toute sa vie, il sera hanté par cet amour de jeunesse et rongé de culpabilité par la mort de Lem, le boy de couleur. Il n'aura de cesse de retrouver Savannah. C'est un homme tourmenté par la fortune de son père, fortune qu'il n'acceptera que bien plus tard et qu'il gérera à sa manière.
Mais la culpabilité et les bonnes intentions peuvent-elles racheter le passé ?
Un premier roman américain ambitieux et réussi.
Véronique B
Paru en février 2015 chez Albin Michel, ce livre est passé en poche en avril 2017 - existe aussi en format numérique.
Virgil, Chancal, Assan, Iman fuient la guerre, la violence, la misère... Tantôt brutalement, parfois délicatement, on découvre leurs histoires sous la plume de Pascal Manoukian, ça retourne les tripes, ça secoue, ça perturbe nos univers douillets.
Au fil du livre, le quotidien dur et cruel des réfugiés et migrants en Europe est décrit. Une terrible scène nous amène sur un parking, à la fine pointe de l'aube, dans la banlieue parisienne. Les camionnettes passent chercher la main d’œuvre nécessaire pour la journée, on négocie (ou pas) les prix, les tâches, les conditions de travail. Si on est seul, non intégré dans une communauté, un réseau, c'est l'exploitation assurée...
Ce premier roman nous a particulièrement touchées. Le texte bien construit nous entraîne au cœur des vies de chacun de personnages. L'auteur dépeint une réalité amère et âpre mais il nous montre aussi que des petits gestes, des rencontres, peuvent changer la destinée. Une texte à découvrir sans hésiter, tant pour son contenu (malheureusement terriblement actuel) que pour la plume de l'auteur qui tient son lecteur en haleine tout au long du roman.
Catherine
Paru chez Don Quichotte en 2015, ce livre est passé en poche en janvier 2017. Existe aussi au format numérique.
Bill Bryson, l'érudit aventurier du quotidien, nous avait déjà régalés avec "Une histoire du monde sans sortir de chez moi" (aussi édité en poche dans la géniale Petite Bibliothèque Payot), où l'on faisait à la fois le tour de son presbytère anglais et de l'histoire des objets qui s'y trouvent.
Revenu en Amérique, Bryson décide de se lancer à l'assaut de l'Appalachian Trail, le plus long sentier de randonnée des États-Unis, qui relie le Maine à la Géorgie. Randonneur novice mais optimiste, il arpentera en compagnie d'un vieil ami (pas vraiment en meilleure forme physique) des centaines de kilomètres à travers monts et vallées, montagnes et forêts. Entre les considérations propres à la marche, au camping et à l'effort, Bryson nous instruit sur les politiques écologiques américaines, sur la création des sentiers de randonnées et des parcs nationaux.
Comme d'habitude, on rit beaucoup, et en plus on apprend plein des choses!
Hélène
Paru chez Payot en 2012, ce livre est passé en poche en mai 2013. Existe aussi au format numérique.
"Le temps est un cheval de course qui avale les kilomètres en galopant vers la ligne d'arrivée" : telle est la vie d'Amory Clay. Femme amoureuse, aventurière, passionnée, qui capte le 20ème siècle à travers son viseur.
"J'aime photographier les gens en pleine action...cette capacité de l'appareil à saisir à l'improviste de l'animé en suspens...seule la photographie peut réussir ce tour de magie". Tout au long de sa carrière, elle reste la plus fidèle possible à "un art de la photographie sans tabou".
Son parcours professionnel est atypique et l'amène à faire de nombreux aller-retour entre Londres et New York, en passant par Berlin, Paris, et enfin le Vietnam. Initiée très jeune par son oncle Greville, elle débute comme photographe, en 1927, pour "Beau monde", un magazine mondain pour lequel elle tire les portraits de la bourgeoisie londonienne. Très vite lassée de cet univers étriqué et capricieux, elle part à Berlin et revient à la capitale avec suffisamment de photos pour mettre sur pied sa première exposition "Berlin bei Nacht", qui scandalise Londres mais lui donne un nom. Sur les conseils de son ami et protecteur, Cleve Finzi, elle travaille de nombreuses années d'abord à New York, puis à Londres pour le magazine américain "Global-Photo-Watch" ou "le monde dans notre viseur".
Elle devient correspondante de guerre, photojournaliste, pendant la deuxième guerre mondiale et plus tard, au Vietnam, en 1967. Elle ressent le besoin d'être confrontée à la guerre, qui l'a déjà meurtrie à sa façon, à travers son frère Xan, son père et son mari Sholto. Le premier décédé, les deux autres, revenus du front, marqués à tout jamais.
Les vies multiples d'Amory Clay sont aussi le récit de sa vie intime : un mariage, deux filles, des amants car "les désirs du cœur sont aussi tordus qu'un tire-bouchon".
Grâce aux clichés photographiques qui enrichissent le récit, William Boyd rend ce beau portrait de femme encore plus tangible.
Et nous de rêver devant les "pouvoirs" d'un "Ensignette, d'un Zeiss Contax, Rolleiflex, Leica, ou d'un Voigtlander".
Véronique B
Paru au Seuil en octobre 2015, ce roman est paru en poche en octobre 2016 - existe aussi en format numérique.
Quand Maurice, chef d'une petite société comptable, se retrouve hébergé quelques jours pas son jeune employé Mahmoud, cela donne lieu à une situation de départ plutôt originale. C'est que ces deux hommes n'ont pas grand chose en commun : ni l'âge, ni la mentalité, ni la culture, ni la religion. Car Maurice est un quinquagénaire danois d'un certain âge plutôt désabusé par la vie, et Mahmoud, un jeune musulman naïf encore sous l'emprise de sa mère envahissante. Au fil des pages, le lecteur se laissera porter par un récit enlevé, rythmé, où les personnages se trouveront embarqués malgré eux dans un tourbillon d'événements qu'ils ne maîtrisent pas et qui donneront lieu aux scènes les plus cocasses.
Flemming Jensen n'a plus à faire ses preuves dans l'art de nous divertir, ses textes sont toujours acérés, drôlissimes (certaines scènes sont à pleurer de rire) et intelligents. Entre vaudeville et réflexion aiguisée sur le besoin d'ouverture dans notre société multiculturelle, on ne peut que savourer cette lecture !
Delphine
Paru aux éditions Gaïa en 2013, ce roman est paru en poche chez Babel en octobre 2016. Existe aussi en format numérique.
Premier roman de Steve Tesich, auteur du génialissime "Karoo", "Price" a été écrit en 1982, mais traduit pour la première fois en français en 2014... Et c'est une excellente chose car ce roman est d'une force immense ! Steve Tesich nous y raconte comment Daniel Price, jeune américain des années soixante, fraîchement sorti de terminale, s'égare le temps d'un été dans son monde intérieur et se complait à errer dans cette zone floue coincée entre le monde facile de l'adolescence et la réalité brutale d'un monde adulte qu'il n'ose encore affronter. Mais cet été est d'une violence rare pour Daniel, entre l'agonie de son père en phase terminale d'un cancer, et la découverte d'un amour tempétueux avec la troublante Rachel. "Price" est une oeuvre fondatrice, fougueuse, vibrante, lumineuse et obscure à la fois qui nous donne à réfléchir sur la liberté de tout un chacun de vivre sa vie dans un monde où les destins semblent tout tracés. « Aujourd'hui, j'ai quitté l'endroit où j'ai grandi, convaincu que le destin n'est qu'un mirage. Pour autant que je sache, il n'y a que la vie, et je me réjouis à l'idée de la vivre. » Un roman à lire sans hésiter.
Delphine
Paru en 2014 aux éditions Monsieur Toussaint L'Ouverture, ce roman est passé en édition poche chez Points en septembre 2016. Existe aussi en format numérique.
Pietro est un enfant de la ville, un Milanais. Ses parents, amoureux des montagnes, ont migré vers Milan pour le travail. Cependant, dès que possible, lors de congés et de vacances, ils retournent à Grana, au cœur du Val d'Aoste. C'est là que Pietro va rencontrer Bruno, fils de berger, destiné à suivre la voie de son père. Entre les deux enfants, une amitié très forte se noue. Ensemble, ils parcourent les alpages, les glaciers, les forêts. Lors de ses séjours, le père de Pietro l'emmène (ou les emmènent) régulièrement marcher. Peu de mots lors de ces escapades, mais le partage de tout ce que la montagne offre au randonneur : la beauté, le calme, la sérénité, le défi...
Pietro et Bruno restent en contact tout au long de leur vie mais suivent des parcours bien distincts. Pietro trimbale sa solitude à travers le monde et semble rester toujours sans attache, sans repères. Bruno, de son côté, reste dans la vallée de Grana, conduit son troupeau, construit sa maison, construit une famille.
A la mort du père de Pietro, un étrange héritage l'amène à revenir à Grana où il vivra un vrai "retour" à la montagne. C'est alors une relation nouvelle à cet univers qui se construit, ce n'est plus la montagne de l'enfance qu'il parcourait à côté d'un père taiseux, c'est la montagne de l'âge adulte qui l'apaise et qui le rend heureux.
Ce livre est une ode magnifique à la montagne, il est à conseiller à tous les amoureux de ces espaces qui se reconnaîtront dans les personnages de ce roman (à conseiller aux autres aussi). C'est aussi un livre sur une amitié, sur la filiation, sur l'identité... C'est un livre juste incroyablement beau, qui a bien mérité le prix Strega reçu en Italie.
Catherine M
Paru en août 2017 aux Editions Grasset et en août 2018 au Livre de poche .Traduit de l'italien par Anita Rochedy. Existe aussi en format numérique.
Emmanuel Carrère nous raconte avec humour et honnêteté un pan d'histoire a priori pas « sexy » : celle des hommes qui ont contribué à installer le christianisme, au premier siècle. Ce faisant, il nous captive et nous questionne. Son livre est érudit, intelligent, ouvertement partial (on l'est toujours). Il se met lui-même en scène sans complaisance. C'est bien Emmanuel Carrère... A lire, une fois de plus.
Natacha
Paru en août 2014 aux Editions P.O.L., ce roman est paru en août 2016 en édition poche chez Folio.
Dans ce roman de Peter Ackroyd, nous plongeons dans le Londres populaire d'après-guerre, en suivant le destin de trois frères dans un quartier ouvrier du nord de la ville.
Si Harry, Daniel et Sam sont très soudés enfants, la famille va se dissoudre suite au départ brutal mais définitif de leur maman quand les trois garçons n'ont pas encore dix ans. Ils vont rapidement prendre leur indépendance et suivre des routes très différentes en fonction de leurs affinités et de leurs caractères : l'aîné, ambitieux et opportuniste, va gravir de manière fulgurante les échelons du quotidien Le Chronicle pour en prendre la direction très jeune, le second, intellectuel plus introverti, obtiendra une bourse pour la prestigieuse université de Cambridge ou il sera nommé professeur de Lettres et le cadet, solitaire marginal, finira homme à tout faire d'un puissant et sombre homme d'affaire dans l'immobilier.
À travers les destins croisés de ces trois jeunes hommes, Peter Ackroyd dépeint une réaliste, assez noire et foisonnante fresque de la ville de Londres, et nous décrit avec un flegmatisme tout british ses intrigues, ses jeux de pouvoir, son cynisme, dans le monde du journalisme, de la politique, de la littérature et des affaires.
Avec son écriture précise, Ackroyd parvient à rendre vivante la ville, à faire sentir les ambiances, les odeurs, les couleurs de chaque quartier. Il nous happe aussi dans une intrigue extrêmement bien ficelée où les voies de ses trois personnages centraux vont habilement se séparer avant de se recroiser plus loin.
Belle ambiance, roman passionnant !
Delphine
Paru aux Editions Philippe Rey en janvier 2015, le livre est paru en édition poche 10/18 en juillet 2016.
En 2011, l'ouragan Irene a laissé des traces de son passage dans le Vermont. Bonnie, la cinquantaine, a disparu ce jour-là, littéralement avalée par la tempête. Sa fille Vale, qui n'a plus vu sa mère depuis des années, revient au pays natal, dans la ferme intention de retrouver Bonnie. Ce sera l'occasion pour elle de renouer avec ses racines et sa famille, installée depuis des générations sur la Heart Spring Mountain, en pleine nature. Et d'essayer de comprendre l'histoire des femmes qui en ont fait partie, souvent marginales mais téméraires, fortes et fragiles à la fois. Des portraits très émouvants que nous découvrons au gré des découvertes de Vale, des secrets peu à peu révélés.
Robin MacArthur nous prend par la main pour nous conter l'histoire de cette famille au coeur de l'Amérique du Nord, terre sauvage et ancestrale où les hommes vivent en symbiose avec la nature, où l'histoire des amérindiens se mêle à celle des colons. En un récit mosaïque, la jeune romancière nous promène d'une époque à l'autre sur une centaine d'années, d'un destin à l'autre, dans des chapitres courts sublimés par sa langue si envoûtante. Un roman à l'émotion palpable. Coup de coeur !
Delphine
Paru en janvier 2019 et en édition poche en 2022. Existe aussi en version numérique.
Ce roman de Laurent Gaudé se passe en Haïti. On découvre une série de personnages dans les semaines qui précèdent le séisme de janvier 2010, et on les suit dans les premiers jours qui suivent le tremblement de terre.
On est face à un roman court mais d'une envergure incroyable. Dès les premières pages, on est happé par l'île d'Haïti, on la découvre, on la sent, on la touche presque, tellement les mots nous transportent vers cet ailleurs.
Les personnages sont terriblement attachants. A nouveau, malgré que le roman ne soit pas long, on est face à une vaste galerie de personnes qu'on a l'impression de connaître et auxquels on s'attache. Et ce qui est incroyable dans ce roman, c'est qu'en parlant de l'horreur qui a déchiré la terre d'Haïti et qui a plongé des milliers de personnes dans le deuil, la perte, la misère, c'est un ode au bonheur, à l'envie de vivre, de survivre, aux moments heureux qui parsèment notre existence, aux rires, aux amis que Laurent Gaudé met en scène.
Comme dans "Pour seul cortège" qui nous avait déjà séduites à la librairie et pour lequel nous avions eu la chance de recevoir l'auteur à Namur, Gaudé fait parler les vivants autant que les morts. Surprenant en partie mais terriblement juste.
On savait que l'écriture de Laurent Gaudé était de grande qualité et, à nouveau, on retrouve le lyrisme, la musicalité des mots, la sensualité du texte qui s'écoute autant qu'il se lit. Un roman à ne pas rater dans cette rentrée littéraire hivernale.
Catherine
Paru en hiver 2015, le roman vient d'être édité en édition poche chez Babel.
Sorj Chalandon signe un grand roman qui s'enracine dans les charbonnages du Nord de la France, autour d'un événement historique tragique : la catastrophe de la mine de Liévin qui fit 42 victimes le 27 décembre 1974.
Dans ce roman, nous allons revivre les événements historiques à travers les souvenirs d'un personnage de fiction, Michel Flavent, adolescent au moment des faits et hanté par la perte de son grand frère, Joseph, "tué par la mine". Obsédé par ce souvenir douloureux, ce dernier poursuit son existence avec une idée fixe en tête : venger son frère. Mais au fil des pages, nous découvrirons que l'histoire de cette famille au coeur de la catastrophe est peut-être plus complexe qu'on ne l'imagine au premier abord, que les responsabilités sont confuses, qu'il y est question de vengeance mais aussi de culpabilité. Et cette complexité est intéressante.
A mi-chemin entre une reconstitution historique fidèle et un roman de fiction (la famille Flavent a été imaginée par l'auteur), ce roman est avant-tout l'histoire d'un homme, Michel, dont le passé conditionne toute l'existence. Ce texte, écrit à la première personne, nous emporte dans les pensées de cet homme des Corons et se révèle d'une grande finesse psychologique.
Ce roman est aussi l'occasion pour Sorj Chalandon de rendre hommage à tous les mineurs de France et d'ailleurs qui y ont laissé leur vie, ou du moins, leur santé. L'auteur décrit avec beaucoup de respect la vie de ses hommes, leur engagement, dans l'ombre des mines. Une réalité qui nous touche aussi en Belgique, puisque cet événement tragique fait évidemment écho à d'autres catastrophes, comme celle du Bois du Cazier en 1956.
Comme toujours avec les romans de Chalandon, on est happés par son écriture et marqués par la force du propos.
Un roman passionnant !
Delphine
Paru en août 2017 aux Editions Grasset, le roman est paru en août 2018 au Livre de poche. Existe aussi au format numérique.
Isabelle Monin est romancière et journaliste.
Après avoir acheté à un brocanteur une enveloppe contenant 250 photos d’une famille française qui lui est totalement inconnue, elle est touchée par la banalité familière de ces Gens. Elle décide d’en tirer deux livres : un roman où elle inventerait leur vie et un récit de son enquête pour les retrouver et confronter la réalité à la fiction.
La démarche d’Isabelle Monin est bouleversante d’humanité et de générosité.
D’abord dans son roman où l’on ressent dans chaque phrase la tendresse qu’elle éprouve pour les personnages qu’elle a inventés, ses protégés : Serge, Michelle, Mamie Poulet, Mimi et surtout la petite Laurence.
Ensuite et surtout dans son enquête où elle nous livre ses enthousiasmes, ses peurs, sa timidité et son humilité face à ces Gens qu’elle retrouvera et qu’elle parviendra à convaincre de participer à son projet.
Isabelle Monin semble douée d’un 6e sens, celui de lire à travers le papier jauni des Polaroids les émotions, les sentiments, les relations, autant de coïncidences troublantes entre la vraie vie des Gens et celle imaginée.
Au-delà de ces personnages de chair et de papier auxquels elle parvient à nous attacher terribement (on tremble vraiment pour eux en lisant ce livre), c’est le thème de la mémoire qu’Isabelle Monin questionne : « Chaque vie mérite d’être racontée, chaque vie est un témoignage de toutes les autres. On racontera une époque, une terre, un petit monde. On racontera la vie des gens dont on ne parle jamais. Elle vaut autant que celle dont on parle – autant et si peu. Chaque vie est intéressante. Elle est universelle et singulière, elle est par essence bouleversante. »
Ce livre particulièrement original est aussi agrémenté d’un album de chansons d’Alex Beaupain inspirées de la vie des Gens dans l’enveloppe, et interprétées par certains d’entre eux. Il existe deux versions du Livre de poche, l'une avec les chansons à télécharger, l'autre accompagnée d'un CD.
Delphine
Paru en septembre 2015, ce livre a été édité en Livre de poche en octobre 2016.
"Oscar Lowe dirait plus tard à la police qu'il ne se rappelait pas la date exacte où il avait vu les Bellwether pour la première fois, quoi qu'il fut absolument certain qu'il s'agissait d'un mercredi."
Publié en français en 2014 chez le très chouette éditeur Zulma, ce roman se déroule en partie sur le prestigieux campus universitaire de Cambridge. Le protagoniste, Oscar (jeune infirmier en maison de repos) y rencontre un soir, attiré dans une chapelle par une musique magnifique, la belle Iris Bellwether. Celle-ci l'introduit dans son groupe d'amis. Parmi eux, son frère Eden, un organiste prodige un brin mégalomane, convaincu des vertus hypnotiques de sa musique.
Le Complexe d'Eden Bellwether nous captive tout du long et nous entraîne dans l'esprit sombre de ce mystérieux musicien, entre manipulation de son entourage et jeux pervers.
Une histoire comme on n'en lit qu'une!
Hélène
Paru en août 2014, format poche en août 2016. Traduit de l'anglais (Royaume-Uni) par Renaud Morin. Existe en format numérique.
Voici un roman épistolaire très attachant qui nous décrit avec beaucoup de vie l'époque où des artistes avant-gardistes comme Paul Gauguin ou Vincent Van Gogh ont révolutionné le monde artistique.
1888, Hugo Boch, héritier d'une riche famille belge, décide d'aller passer quelques mois à Pont-Aven en Bretagne, dans une pension de famille, avec une bande d'artistes précurseurs à la créativité débordante, afin de se spécialiser dans un art tout nouveau : la photographie. Commence une période foisonnante pour le jeune homme, qu'il décrira dans ses nombreuses lettres à sa cousine, Hazel, qui étudie la peinture à Paris, et à son meilleur ami, Tobias, inscrit aux Beaux-Arts à Bruxelles.
Anne Percin nous plonge littéralement dans cette époque d'effervescence artistique, entre la Bretagne, Montmartre et Bruxelles, et nous donne à réfléchir sur les codes dans l'Art et sur l'art de les bouleverser... Elle parvient à lier avec beaucoup d'habileté la réalité historique et la fiction, en mêlant intimement les destins de grands peintres et de personnages de fiction.
Un roman à la lecture très agréable, fluide. Passionnant !
Delphine
Rentrée littéraire - août 2016
Zeruya Shalev tisse un magnifique roman autour du thème de l'amour à travers la quête de trois personnages : Hemda, la mère, Dina, la fille et Avner, le fils. Hemda, à la fin de sa vie, alitée, repense à la dureté de son enfance au kibboutz, à la figure de son père adoré mais exigeant, à son mariage sans amour et à sa maternité problématique. Dina, prof heureuse en couple, vit mal la fin de la douce fusion avec sa fille unique, devenue adolescente et rêve d'adopter un autre enfant mais est-ce la bonne solution ? Avner, le préféré de sa mère, avocat des Bédouins et des Palestiniens, ne peut plus supporter son mariage raté et se perd dans la fascination d'un couple aimant entrevu à l'hôpital : il a vu le vrai visage de l'amour...
Dans ce livre profond, à l'écriture puissante, l'espoir arrivera comme une superbe éclaircie qui baignera ces trois personnages blessés.
Ce livre a obtenu le prix Femina en novembre 2014 et on s'en réjouit, c'est bien mérité.
Disponible aussi en format numérique
Ce roman d'un souffle inouï et d'une grande densité nous transporte, nous secoue et nous bouleverse.
C'est l'histoire d'un homme, celle d'un violon, celle d'un amour, d'une amitié, des hommes qui commettent le pire au nom d'un idéal, qui aiment et qui trahissent, des humains qui se perdent et se retrouvent.
Adriá, érudit et âgé, se remémore son enfance et sa vie d'adulte. Il s'adresse à Sara, la femme qu'il a aimée tout sa vie.
C'est aussi l'histoire de son violon, un objet d'une immense valeur, qui a traversé les siècles et connu l'Inquisition et Auschwitz, ce qui permet à Cabré de nous offrir une magnifique mise en perspective percée de questions, d'horreur mêlée de profonde humanité.
Un livre incontournable.
Paru en septembre 2013, format poche en mai 2016. Traduit du catalan par Edmond Raillard.
Ce grand roman, étalé sur trois siècles (du XVIIIème au XXème), suit la destinée de deux sœurs ainsi que de leur descendance, de la Côte-de-l'or (Ghana) aux États-Unis.
Effia la Beauté est mariée de force à un colon anglais. On l'emmène dans le fort des blancs à Cape Coast, et dans le cachot sous la chambre conjugale est enfermée, sans qu'elle le sache, sa demi-sœur inconnue. Esi y a été emprisonnée, avec des centaines d'autres hommes et femmes, en attendant d'être expédiée aux États-Unis où elle sera vendue comme esclave.
Chaque chapitre invite ensuite le lecteur dans la vie d'un fils, d'une arrière-petite-fille, d'un arrière-arrière-arrière-petit enfant d'une de ces deux femmes aux destinées contrariées. De Quey, fils métisse d'Effia, impliqué à la suite de son père dans le commerce d'esclaves; à Marcus qui, à la fin du XXème siècle, entame une thèse de doctorat à l'université en Amérique; cette multitude de récits aborde les sujets universels de la famille, de l'héritage et de la filiation, mais aussi les thèmes plus graves de l'esclavage, du racisme et de la violence sociale.
Cette très belle mosaïque, où chaque chapitre est un roman en soi, est un livre comme on les aime: de ceux qui nous font découvrir de nouveaux horizons et de nouvelles perspectives sur le monde.
Hélène
Paru en janvier 2017, et en au format poche en janvier 2018, traduit de l'anglais (États-Unis) par Anne Damour. Existe aussi en format numérique.