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Grande fresque historique (de 1873 à 1896) narrant la colonisation de l'Afrique, notamment celle du Congo de Léopold II, et parallèlement, la difficile émancipation des Noirs Américains. Roman choral qui alterne les lieux et les combats de figures emblématiques telles que David Livingstone, Henry Morton Stanley, Pierre Savorgnan de Brazza, Georges Washington Williams, Booker Taliaferro Washington, Roger Casement et Joseph Conrad... Livingstone, Stanley et Savorgnan de Brazza, ces trois explorateurs, désireux d'abolir l'esclavage pratiqué par les Arabes, ouvrent la voie de l'Afrique aux Européens. Léopold II n'hésitera pas à se servir d'eux et à abuser de leur confiance. Car derrière ce simulacre de désir de justice, abolition de l'esclavage et apport de civilisation, c'est d'argent et de pouvoir dont il est question.
Rencontre entre Roger Casement et Joseph Conrad, le 6 septembre 1890
Vous semblez un homme intelligent, avait dit Casement en haussant le ton pour se faire entendre de son camarade. Alors prenez garde à vous, puisque vous allez remonter le fleuve. Soyez préparé à découvrir une part de vous-même que vous ne soupçonniez pas. Nous sommes nés blancs, c'est ainsi et on ne peut rien y faire. Nous ne saurons jamais ce que signifie être nègre, alors autant ne pas essayer. Mais en tant qu'être humain, je vous le dis, nous aurons à répondre de ce qu'il se passe ici. Vous vouliez de l'aventure, vous en aurez. Mais vous ne vous en apercevrez pas, trop occupé à surmonter les chocs que vous subirez. Vous allez voir des morts... Mais ça n'est rien comparé aux conséquences du pillage de l'ivoire et du caoutchouc. La civilisation ? La lutte contre l'esclavage ? Un tissu de mensonges. A l'intérieur, ce sont des centaines, des milliers de morts que vous allez voir. C'est ça le Congo... Quand vous rentrerez en Europe, souvenez-vous des morts. Quand vous jouerez au billard, ou aux échecs, quand vous utiliserez une canne pour vous déplacer. Souvenez-vous des morts que cet ivoire a coûtés, pour le seul plaisir des Européens.
Dans le même temps, en Amérique, malgré certaines lois passées, les Noirs sont toujours lynchés, tués, dans les Etats du Sud. Au fil des pages, Georges Washington Williams et Booker Taliaferro Washington, militants pour la cause des Noirs, livrent leur combat. Par ailleurs, George.W.Williams se rendra au Congo et critiquera ouvertement l'attitude des colonies belges.
A lire d'urgence, tant ces lignes résonnent encore furieusement aujourd'hui. Assurément, Jennifer Richard signe un grand roman.
Véronique
Paru en mai 2020. Existe au format numérique.
L'entrée en matière de ce livre passionnant et singulier mérite d'entrer dans le top 20 des incipit les plus surprenants : nous voici pris aux tripes, tout de suite. Et le livre de poursuivre, de nous guider sans ménagement ni brusquerie dans le Grand Nord avec Uqsuralik, toute jeune fille accompagnée de cinq chiens et d'une lance brisée.
Sans didactisme, Bérengère Cournut nous immerge aussi dans la culture des Inuit, où les chants et les jeux de scène régulent la vie sociale, où les âmes voyagent et où rester en vie est banalement précaire. Naissances et morts, conflits et chasses marquent le rythme des saisons, qui basculent de la lumière totale à la nuit permanente. Et dans cet univers de grande interdépendance avec la nature, une femme trace son chemin, viscéralement attachée à la vie et faisant naturellement face à la mort qui rôde, dans un livre qui scintille comme la glace.
Rien de trop dans ce livre magnifique !
Natacha
Paru en octobre 2020. Existe aussi au format numérique.
En regardant cette fillette dont on encourageait la vocation, dont on applaudissait le don singulier - qu'elle possédait assurément, comme chacun d'entre nous possède les siens -, je songeai à tout ce dont j'avais été privé, à tout ce dont étaient systématiquement privés les millions d'enfants noirs élevés sous le joug de l'Asservissement.
Ta-Nehisi Coates nous offre avec ce premier roman une véritable épopée au temps de l'esclavage, sur les pas de l'émancipation du jeune Hiram, fils illégitime d'un propriétaire terrien blanc et d'une esclave noire qui sera vendue alors qu'il n'a pas dix ans. La danse de l'eau nous raconte l'histoire de l'esclavage et de l'asservissement, des tentatives avortées d'évasion et de l'amour qui unit ceux qui n'ont rien, mais plus que tout, c'est l'histoire de la transmission et de la mémoire d'un peuple soumis qui trouve dans ses mythes et ses légendes la force de rester debout et de se battre. Auréolé de réalisme magique, voire de fantastique, ce très beau roman nous emporte loin, grâce à l'écriture sensible et engagée de son auteur, qui ne ménage pas ses efforts pour partager sa poésie et son enchantement à dire le monde.
Catherine D.
Paru en septembre 2021 en grand format et en août 2022, traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Pierre Demarty. existe aussi au format numérique.
Nous sommes au tout début des années 1990, dans la banlieue de Chicago. Brian Oswald a 17 ans, il est fan de musique punk, et il est en colère. Parce que ses parents font chambre à part et que leur couple n'a pas l'air de s'arranger, parce que les enseignants de son lycée catholique ont des idées trop arrêtées sur les tenues vestimentaires acceptables, parce qu'il découvre la politique et les injustices, mais surtout parce qu'il est amoureux de Gretchen, sa meilleure amie, qui ne rêve que de sortir avec un tocard de 26 ans. Ancien loser invisible, il tâche tant bien que mal de devenir cool (tout en restant authentique et punk) - même si sa moustache ne pousse pas, et qu'il est encore loin de pouvoir acheter un van pour draguer les filles.
On plonge avec grand plaisir dans la vie quotidienne de Brian: ses questionnements, sa découverte des filles, ses indignations... Le tout au rythme des groupes punks et hard rock américains et de la quête de la compil/playlist ultime qui lui permettra de déclarer sa flamme à Gretchen.
Une super découverte et un véritable régal de lecture!
Hélène
Traduit de l'américain par Estelle Flory. Paru en août 2020. Aussi disponible en version numérique.
Un récit, un essai, un conte… peu importe ! Voici une œuvre foisonnante, originale, écrite en vers libres, qui retrace l’épopée de la famille Lehman (Brothers), de son arrivée à New York en 1844 jusqu’ à la faillite de son empire financier en 2008. Avec énormément de talent, d’humour et de verve, Stefano Massini nous emporte dans l’histoire des Etats-Unis et du capitalisme. Il ne s’agit pas d’un cours d’histoire et encore moins d’économie mais plutôt d’une sorte de fable prophétique… de marchands de coton à marchands de chiffres et de vent, les Lehman Brothers se sont noyés dans le tourbillon incontrôlable de la finance. A qui le tour ? Enorme coup de cœur ! Prix Médicis essai 2018.
Grégory
Paru en août 2020, traduit de l'italien par Nathalie Bauer. Existe aussi au format numérique.
Ce récit autobiographique revient sur l’enfance et l’adolescence de l’auteure dans une petite ville de l’Idaho, aux États-Unis. Tara Westover est la cadette d’une fratrie élevée au sein d’une communauté de mormons fondamentalistes. Ses parents, une herboriste sage-femme et un ferrailleur, se préparent au Jugement Dernier en enterrant de l’or, de l’essence et des armes dans leur jardin. Leurs enfants ne sont pas inscrits à l’école, n’ont jamais vu un médecin ou mis le pied dans un hôpital, n’ont même pas d’acte de naissance, pour les deux derniers.
Vers l’âge de quinze ans, l’auteure exerce des petits boulots depuis quelques années pour mettre de l’argent de côté, poussée par un instinct d’indépendance. Elle commence également à lire de vieux manuels scolaires trouvés dans la cave de sa maison. Elle qui a appris à lire avec son grand frère, qui ne s’est jamais assise dans une salle de classe, dont le monde s’arrête presque aux frontières de sa ville et aux écrits religieux, sent alors grandir en elle une inextinguible soif d’apprendre. Pour s’éloigner d’un frère devenu extrêmement violent et d’un père en proie à des crises de paranoïa, pour se mettre en sécurité, Tara Westover passe et réussit les tests d’admission à l’Université et part étudier en Utah. De là, sa curiosité et son intelligence la mèneront à Oxford, puis à Harvard pour un doctorat en Histoire.
C’est un récit qui se lit comme un roman, qu’on prendrait presque pour de la fiction tellement la réalité des Westover est éloignée de la nôtre. L’auteure décrit des passages particulièrement poignants sans pour autant s’apitoyer sur ce qu’elle a enduré, et elle nous fait sentir la loyauté et l’amour qui la lient, malgré tout, à sa famille. Une lecture marquante, assurément.
Hélène
Paru en octobre 2020. Traduit par Johan Frédérik Hel Guedj. Disponible également en version numérique.
A l’approche de la quarantaine, Josie, une mère dépassée par son quotidien décide de tout laisser derrière elle. Son ex-mari lâche, son métier pénible et ingrat, ses mauvais choix passés. Elle loue un camping car et prend la route vers l’Alaska, avec ses deux jeunes enfants. Dans l’espoir d’un nouveau départ. Entre les incendies, les péripéties, les rencontres en tous genres, la boisson et les frasques des deux adorables gamins, Dave Eggers écrit un récit initiatique et une ode au changement et à l’aventure.
À la fois légère et tranchante, drôle et amère, la plume de l’auteur nous offre un regard limpide sur les doutes intimes de notre société.
Olivier
Paru en octobre 2020, traduit de l'anglais (USA) par Juliette Bourdin. Existe aussi au format numérique.
Le roman commence par l'histoire d'Ilaria, la quarantaine, à Rome, en 2010, qui, en rentrant d'une journée de travail, trouve sur son palier, un jeune Africain, Shimeta Ietmgeta, qui prétend être le petit-fils du père d'Ilaria, soit son neveu. A partir de cette rencontre, Ilaria va fouiller dans le passé de son père, Attilio Profeti, à ce jour, 93 ans. "Tous sauf moi" a clamé ce dernier tout au long de sa vie, fils chéri de sa mère, beau comme un dieu, Attilio a mené sa vie d'un pied léger, enfouissant le plus souvent sa conscience sous une bonne dose d'opportunisme. Dans son envie de comprendre, Ilaria se met à étudier l'histoire coloniale de l'Italie, les envies de conquête de Mussolini, son projet de colonisation de l'Ethiopie, pour profiter, notamment, de la richesse du sol du pays. Et nous, lecteurs, de suivre, en alternance, les années de jeunesse d'Attilio, l'enfer que vivent les Ethiopiens dans leur parcours migratoire, et l'Italie des années de Berlusconi. Attilio, dans les années 30, épouse les théories fascistes, s'engage dans "les chemises noires", part en Ethiopie, y tombe amoureux, union ignorée de sa famille italienne. Shimeta raconte son parcours, son passage cauchemardesque par la Libye.
A travers les découvertes d'Ilaria, c'est toute l'histoire contemporaine de l'Ethiopie qui nous est dévoilée. Francesca Melandri montre comment le passé et le présent se rejoignent. Un demi-millénaire d'histoire coloniale et le présent des grandes migrations ne sont pas deux histoires différentes, mais seulement deux chapitres de la même histoire, de la même longue époque...
Roman foisonnant, bien documenté, passionnant, Francesca Melandri, auteure déjà remarquée des livres Eva dort et Plus haut que la mer, est ici au sommet de son talent.
Véronique
Publié en septembre 2020, traduit de l'italien par Daniele Valin. Existe aussi en numérique.
On retrouve avec grand plaisir toute la délicatesse de cette autrice islandaise dans ce cinquième roman traduit en français. Olafsdottir n’a pas son pareil pour illuminer la noirceur de son propos, puisqu’il s’agit ici du dernier voyage d’un homme de 49 ans qui a décidé d’en finir avec la vie, n'ayant plus aucune femme dans sa vie (son ex-femme l'a quitté 8 ans auparavant, sa fille vole de ses propres ailes et sa mère est à l'hospice; toutes trois prénommées Gudrun). On suivra donc, d’abord avec inquiétude, puis très vite avec empathie, le voyage entrepris par Jonas Ebeneser dans un pays ravagé et traumatisé, emportant avec lui quelques outils dont sa fidèle perceuse et devenant le locataire inhabituel de l’Hôtel Silence, dirigé par un couple frère/soeur, rescapé d’une guerre jamais nommée.
De même que dans Rosa Candida, Audur Ava Olafsdottir parvient à aborder ici des sujets difficiles - le suicide, la solitude, les cicatrices accumulées au fil du temps - avec légèreté et poésie et c’est bien là que réside toute la force et l’humanité de son écriture. Une histoire lumineuse, simple et tendre, qui (re)donne foi en l’humanité !!
Catherine D.
Paru en octobre 2020 (Zulma Poche), traduit de l'islandais par Catherine Eyjolfsson.
Girl est l’histoire d’une jeune adolescente nigériane, enlevée par Boko Haram et qui nous raconte, à la première personne, la nuit de l’enlèvement, ses années de captivité mais aussi sa fuite, son retour au village. Une histoire d’une grande force littéraire et narrative. Dès les premières pages, on est happé par le récit et le style de l’autrice qui vient d’ailleurs d’être récompensée par le jury du Prix Femina. C’est un livre assez dur mais qu’on n’a pourtant pas envie de lâcher. Après ce genre de lecture, on se dit que l’être humain est plein de ressources et que les rencontres peuvent mener au pire comme au meilleur. Une lecture essentielle.
Prix spécial Femina étranger 2019.
Catherine M.
Paru en août 2020. Traduit de l'anglais (Irlande) par Aude de Saint-Loup.
Gus Voorheest, médecin dans un Centre pour femmes, dans l'Ohio, est assassiné le 2 novembre 1999, par Luther Dunphy. Gus est un idéaliste et un travailleur acharné, père de trois enfants, Naomi, Darren et Mélissa, il s'éloigne souvent de sa famille pour accomplir ce qu'il considère comme son devoir. Dans l'Etat de l'Ohio, un mouvement antiavortement très organisé est financé par des Républicains conservateurs. Bien que Gus sauve des foetus, autant qu'il pratique l'avortement, pour ses ennemis, il est un "tueur d'enfants".
"Les gens qui venaient à la clinique devaient passer devant ces ardents chrétiens ...qui s'élançaient souvent en hurlant à l'arrivée d'une jeune fille ou d'une femme;"
"Fervents, exaspérants, semblant répéter infatigablement, à l'infini, ces mots... cessez de vous mentir, aucun bébé ne choisit de mourir..."Dieu aime votre bébé.."
Luther Dunphy est un excellent charpentier, un peu bourru, de 39 ans. Qu'est-ce qui a pu pousser ce père de famille à un tel crime ? Luther, blessé par différents événements qui ont jalonné sa vie, se sent investi d'une mission divine qui lui occulte la réalité. Meurtri, par un sentiment de culpabilité dans l'accident mortel qui a tué un de ses enfants et, par son échec à l'école pastorale, qui l'a empêché d'être le pasteur de l'église qu'il fréquente assidûment, l'église missionnaire de Jésus de Saint Paul. Sa rencontre avec le charismatique activiste antiavortement , le professeur Wohlman, sera décisive. "Nous déclarons notre allégeance à la Parole de Jésus et non à la Loi des hommes.
Ce meurtre et ses conséquences dramatiques laissent leurs familles respectives dans un désarroi extrême. Les deux filles aînées sont particulièrement ébranlées par la perte de leur père. Sept ans après l'enterrement de Gus, Naomi cherche à en dresser le portrait et retourne sur les lieux des faits. Dawn Dunphy se lance dans le monde de la boxe comme exutoire et cherche à dépasser ses limites.
Sept ans après la tragédie, trouveront-elles une forme de paix ?
J.C Oates construit ce roman sous forme de kaléidoscope et donne la parole à tous les protagonistes. Elle étudie chaque personnage, ses motivations, les justifications que chacun se donne. Elle met en cause la frontière ténue entre le bien et le mal, sans jugement. Brillant!
Véronique
Paru en septembre 2019, traduit de l'américain par Claude Seban. Existe aussi au format numérique.
Il en souvent des êtres comme des simples, moins le sol leur donne, plus robustes ils sont.
Les simples, ce sont ces plantes médicinales utilisées telles qu’elles sont fournies par la nature ; ce sont ces plantes que sœur Clémence, doyenne et herboriste de la communauté de bénédictines de l’abbaye de Notre-Dame du Loup, utilise pour soulager et guérir parfois les maux des habitants de ce village de Provence. Cette vie ordonnée va être bouleversée par l’arrogance et la cupidité du nouvel évêque de Vence, Jean de Solines, qui ne peut tolérer l’indépendance et l’autonomie dont bénéficient ces religieuses. Le scandale va alors secouer la communauté et les accusations de sorcellerie se succéder… Roman qui dénonce les exactions des hommes de pouvoir, Les simples nous conte une histoire de rivalités, ponctuée de recettes de plantes en vers et de dictons médiévaux inventés (Sainte Vérane du ciel ouvre les vannes ou encore S’il pleut sur la chandelle, il pleure sur la javelle).
Catherine D.
Paru en septembre 2020. Existe aussi au format numérique.
Quel plaisir de retrouver l’écriture fluide et le style de William Boyd! Cette fois, il nous emmène à la suite du jeune Brodie Moncur, fils d’un pasteur intraitable et accordeur surdoué à l’oreille absolue, employé d’un fabricant de pianos à Edimbourg en cette fin de 19e siècle. Sa vie est romanesque en diable, entre voyages à Paris, Saint-Pétersbourg ou Vienne et un duel à l’ancienne qui l’enverra s’exiler sur les îles de la côte indienne, le tout sur fond d’amour passionné et absolu, de musique évidemment et de bouleversements du monde. Emotions et aventures sont au rendez-vous pour un roman enthousiasmant !
Catherine D.
Paru en juin 2020 (Points), traduit de l'anglais par Isabelle Perrin. Existe aussi au format numérique.
Voyage au cœur de La Havane, colorée, odorante. Mario Condé, ex-flic, 60 ans, désenchanté, reconverti en bouquiniste de livres anciens, se voit projeté dans une enquête à la demande de son vieil ami Bobby. Ce dernier s’est fait léser d’une belle fortune, dont une vierge noire aux pouvoirs magiques. Sur les traces de cette vierge, Condé est ballotté entre les quartiers miséreux et les nouveaux riches, qui ont fait fortune grâce au trafic d’œuvres d’art. Confondue avec une Vierge de Regla (cubaine), la vierge de Bobby a une autre histoire. En 1936, un certain Antoni se rend à Cuba, fuyant la guerre civile espagnole. Pour tout bagage, il emmène la vierge qui ornait la chapelle de son village, icône adorée, entourée d’une belle légende moyenâgeuse.
Roman foisonnant, empreint d’humour noir et de mélancolie, par un grand auteur cubain.
Véronique
Paru en juin 2020. Traduit de l'espagnol (Cuba) par Elena Zayas. Existe aussi en version numérique.
1948, Atlanta. Huit policiers “de couleur“ sont, pour la première fois dans l’histoire, engagés pour intégrer le corps de police de la ville alors que des lois ségrégationnistes sont toujours d’application. Ce polar nous entraîne donc auxÉtats-Unis et dresse le portrait de cette époque où des lois restreignaient fortement la liberté de certains êtres humains. Àla fois un très bon roman historique mais également un excellent polar, car l’intrigue est bien ficelée. Un livre qui se dévore.
Catherine M.
Par en mars 2020. Traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Anne-Marie Carrière. Existe aussi en version numérique.
Arcadie est un roman fou, déjanté, virtuose. Mené tambour battant, il nous invite dans une communauté libertaire et végétarienne, sorte de cour des miracles en marge de notre société. Gorgée de liberté, la narratrice Farah se cherche dans cet univers qui gravite autour de la figure d’Arcady, quinquagénaire irradiant d’un pouvoir d’attraction sublime aux yeux de la fillette, qui devient adolescente. Dotée d’un physique hors normes, elle doit s’émanciper, se forger une identité, tracer sa propre voie. Il est question de sexe, de frontières, de migrants, d’utopie, de contradictions, de pastèques, d’électrosensibilité. Et d’amour !
On retrouve avec plaisir l’humour d’Emmanuelle Bayamack-Tam, son enthousiasme verbal, celui d’une auteure qui n’a peur de rien. Le livre est prenant, atypique, touchant et drôle. Plaisir et même jubilation au rendez-vous.
Natacha
Paru en mai 2020. Existe aussi en version numérique.
Laissez-vous emporter par la nature sauvage d’Alaska dans ce roman captivant, légèrement étrange et brillamment écrit. Tracy est une jeune femme de 17 ans, connectée de manière très singulière à la faune qui l’entoure ; un don hérité de sa mère décédée un peu plus tôt. Contre l’avis de son père, ancien champion, elle prépare une grande course avec ses chiens de traîneaux. Attaquée par un inconnu dans la forêt lors d’une promenade, Tracy se réveille couverte de sang et persuadée d’avoir tué son agresseur… Une histoire hypnotique, qui met en scène des personnages mystérieux et qui sort des sentiers battus.
Hélène
Paru en juin 2020. Traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Jacques Mailhos. Existe aussi en version numérique.
Roman qui se dévore, La vraie vie brosse le portrait d’une famille dans laquelle la fille aînée refuse dès l’enfance d’être fataliste face à l’ambiance de terreur installée par leur père. Enfants, la narratrice et son petit frère assistent à un accident choquant qui les traumatise, surtout le petit Gilles, dont les yeux cessent alors de sourire. Mais le pire est peut-être à l’intérieur de leur propre maison... Est-ce dans les yeux de la hyène empaillée ramenée par leur père d’une de ses expéditions de chasse ? Avec une détermination à couper le souffle, la jeune fille déploie toute son énergie pour rendre à son jeune frère le rire qu’il a perdu.
Adeline Dieudonné nous tient en haleine de bout en bout et déploie un très beau sens de la formule enfantine puis adolescente, nous tirant des larmes et des sourires et nous poussant à lire ce roman d’une traite !
Natacha
Paru en mai 2020. Existe aussi en version numérique.
Saga familiale, écriture incisive, personnages aussi attachants que cruels, plongée dans l’Amérique. Voici un livre dense où les époques s’entremêlent, où petite et grande histoire se croisent, une lecture qui marque, qui nous emporte dans un tourbillon. Extrêmement touchant, prenant.
Un roman de 600 pages où on ne s’ennuie pas une minute.
Catherine M.
Paru en janvier 2020. Traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Mathilde Bach. Existe aussi en version numérique.
Los Angeles, années 1970 : l’histoire de l’ascension du plus grand groupe de rock de tous les temps, racontée par ses membres, quarante ans après leur séparation brutale et jamais encore racontée. Le soleil de Californie, un lieu et un moment mythiques de l’histoire de la musique, des personnages fascinants et charismatiques…
Un vrai coup de cœur, parfait pour l’été.
Hélène
Paru en juin 2020. Traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Thyphaine Ducellier. Existe aussi en version numérique.
Premier roman noir de Valentine Imhof, Par les rafales nous emmène pour un long et violent voyage à la suite d’Alex, jeune femme perpétuellement en fuite dont les excès sont nombreux : alcools, drogue, sexe et meurtres. Parsemée de nombreuses références musicales (rock pour la plupart), littéraires (Montaigne, Kafka…) et mythologiques (Loki, le Dieu destructeur), cette course effrénée va nous mener de Metz à la Nouvelle Orléans, des Îles Shetland à Gand, de Nancy à Terre Neuve, tandis que son corps meurtri à jamais se noircit de textes tatoués… Roman où les sens sont sans cesse en éveil, on brave les éléments comme on peut, les nuits glauques comme les tempêtes, les caresses comme les multiples coups, l’épuisement comme la fougue amoureuse. Sombre et envoûtant !
Catherine D.
Paru en octobre 2019. Existe aussi au format numérique.
Fable écologique, roman choral et initiatique, réflexion humaniste et plaidoyer environnemental en faveur du monde végétal, c’est tout ce qui nourrit, et bien plus encore, cet Arbre Monde du génial Richard Powers. On y découvre et on s’attache inexorablement aux destins des 9 personnages principaux, chacun relié à une essence végétale particulière, et qui vont se rencontrer, s’aimer parfois, s’entraider surtout, à l’image de ces arbres dont la botaniste fictive Patricia Westerford va s’attacher à comprendre le système de communication et d’interdépendance. Ici, ce sont les arbres les héros, l’humain doit se réinventer et reprendre sa place dans une vision holistique du monde... Coup de coeur absolu !
Catherine D.
Paru en septembre 2018 au Cherche-Midi et en septembre 2019 aux éditions 10/18, traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Serge Chauvin. Existe aussi au format numérique.
Jérusalem, c’est non seulement l’histoire, sur plusieurs générations d’hommes et de femmes, de la famille Vernall-Warren, dont on découvre Michaël et sa soeur Alma à notre époque, c’est également l’histoire du quartier populaire des Boroughs, Southampton, petite ville située à une centaine de kilomètres au nord de Londres, du Moyen Age jusqu’aux années 2000.
Rédigé en dix ans par Alan Moore, le scénariste de BD “The Watchmen” ou encore “V pour Vendetta” pour n'en citer que quelques-unes, Jérusalem est bien plus qu’une histoire impossible à résumer. C’est un chef d’oeuvre littéraire qui brasse tous les genres et toutes les époques en un récit foisonnant, profond, métaphysique où le fantastique saupoudre le tout, tandis que la dimension temporelle devient elle-même extensible et physique. On y rencontre des toxicomanes, des artistes et des Maîtres Bâtisseurs; on y côtoie Cromwell, Lucia Joyce ou encore Becket; on y perçoit la folie comme une malédiction héréditaire; on y déambule aussi bien dans la “réalité” entendue communément avec son lot de faits sordides, que dans l’En-Haut, le royaume des morts et des enfantômes; et on y lit une langue virtuose, magnifiquement traduite par Claro, qui donne une tonalité différente à chacun des chapitres, l’un sera entièrement écrit en vers, un autre sans ponctuation ou presque, ou encore un chapitre entier écrit dans une langue totalement inventée et malgré tout compréhensible... Alan Moore offre une magnifique déclaration d'amour à sa ville de Northampton dont il se sent le gardien et qu'il considère comme étant le centre du monde.
Il serait vain de vouloir résumer ce pavé de près de 1300 pages à des généralités, mais voici un roman gigantesque, où l’on ne s’ennuie pas une seule seconde et qui remet en perspective notre propre appréhension du monde. Brillant !!
Catherine D.
Paru en août 2017 chez Inculte et en poche chez Babel en septembre 2019. Traduit de l'anglais par Claro. Existe aussi en format numérique.
Un diptyque à l'atmosphère onirique envoûtante signé par un des maîtres de la littérature japonaise contemporaine : Haruki Murakami himself ! L'auteur promène le lecteur sur le fil narratif tendu entre le réel et l'imaginaire... Un "polar" fantastique qui nous tient en haleine et nous transporte par la beauté de son écriture !
Delphine
Paru en octobre 2018 chez Belfond et en poche en octobre 2019 aux éditions 10/18. Traduit du japonais par Hélène Morita. Existe aussi au format numérique.
Comme s'entrelacent et même s'enlacent merveilleusement la vie et la mort dans ce nouveau roman de l'auteur de Chaos calme et de Terres rares !
Jamais linéaire, dans une construction enlevée, tout en mouvement et en surprises, un texte qui, littéralement, danse, Veronesi nous fait voyager dans la vie sans cesse secouée de cet homme qui lutte pour réparer, pour maintenir la vie en place, qui plusieurs fois sert de socle d'amarrage à ses proches.
Dans la vie riche de cet homme qui est frère, fils, père et grand-père, les chocs et les drames, les joies aussi, sont nombreux et c'est chaque fois une explosion de vie et d'émotion pour le lecteur, secoué comme par les vagues d'une tempête et fasciné par le talent de l'auteur à dépeindre l'existence, à nous balader dans le temps, à transpercer notre coeur et à le secouer ensuite comme pour vérifier qu'il est bien vivant.
A lire, vraiment.
Natacha
Traduit de l'italien par Dominique Vittoz. Existe aussi en numérique.
Polar haletant, cynique, au ton vif et au rythme soutenu. Un des cadres supérieurs d’une entreprise française de pointe dans la fabrication de chaudières et de turbines vient d’être arrêté à New-York. Dans le même temps, le meurtre à Paris du directeur d’une société écran active dans le blanchiment d’argent pour la filiale d’une grosse banque nord-américaine met la puce à l’oreille d’une cellule des Renseignements Généraux. Il va s’avérer que Power Energy, géant américain du secteur énergétique, prépare un coup fumant avec l’appui de tout l’appareil d’Etat américain. À l’exception de la commandante Ghozali, qui vient de débarquer dans la cellule, et de ses deux flics, rien ne semble pouvoir arrêter la machine...
Plongée inquiétante dans le monde du racket version grand format. Tous les coups sont permis : influence, chantage, corruption, délit d’initiés et meurtre si nécessaire…
Grégory
Paru aux Arènes en mars 2018 et en poche chez Folio en septembre 2019 . Existe aussi au format numérique.
Avec ce roman, Jon Kalman Stefansson nous emporte dans son univers à la fois âpre et poétique, sauvage et beau, à l’image de son pays, l’Islande. Comme dans ses précédents romans, l’histoire d’une famille nous est racontée dans un récit construit comme un puzzle, voyageant entre plusieurs lieux et époques, depuis les années 1950 jusqu’au début du XXIe siècle.
Sigvaldi et Helga se rencontrent dans les années 1950 à Reykjavik, vivent une passion brûlante et de leur union, naîtront deux filles, dont Asta, la cadette. Mais Helga est instable, attirée par la nuit et l’alcool, et abandonne sa famille. Sigvaldi ne peut assumer seul la charge des jeunes enfants et les confie : Asta sera recueillie par Steïnvor, une nourrice, qui lui donnera tout son amour. Malgré la tendresse de sa vieille nourrice, Asta se perd à l’adolescence et sera envoyée le temps d’un été, dans une ferme isolée dans les landes islandaises, en compagnie d’un autre adolescent, Josef. Une rencontre qui marquera la suite de son existence.
Voici les grandes lignes de ce récit qui parle d’amour, de la recherche du bonheur, de la mort, de la vie. (Rien que ça...) Stefansson nous livre aussi une description de son pays, son évolution sociale et économique sur plus d’un demi-siècle, la rudesse de son climat, la beauté de ses paysages. Asta est une saga à l’islandaise narrée par la voix si singulière de Stefansson, dans une prose poétique à la grande puissance évocatrice. Un texte magnifique à découvrir.
Delphine
Paru en août 2018 chez Grasset et en poche chez Folio en septembre 2019, traduit de l'islandais par Eric Boury. Existe aussi au format numérique.
De l'enfance de Maroussia à l'âge mûr de Nora, il y a un siècle. Grand-mère et petite-fille vivent l'une et l'autre comme elles l'entendent à chaque extrémité de ce siècle au cours duquel l'Histoire russe rudoie les familles, sépare les amoureux, entrave parfois les artistes.
A la mort de sa grand-mère Maroussia, Nora hérite d'une malle d'osier pleine d'archives et de lettres. A travers elles, nous découvrons la jeunesse de Maroussia et de Jacob, amoureux de culture et épris l'un de l'autre. Une Maroussia qui affirme d'emblée son indépendance et son souhait de ne pas s'enfermer dans la seule vie de famille. Qui découvre une créatrice de renom dans le monde du spectacle et suit sa voie avec détermination.
En alternance avec la vie de Nora, nous suivons cette Maroussia passionnante et passionnée, et Jacob aussi, au fil des multiples éloignements infligés à leur couple, du service militaire à l'exil en Sibérie.
A l'autre bout du siècle, Nora conduit aussi sa vie hors des sentiers battus. En bons termes avec un mari de façade qui ne partage pas sa vie, elle éduque seule leur fils Yourik. Scénographe, elle réinvente avec son amant metteur en scène les grandes oeuvres du répertoire russe et international.
Dans ce roman inspiré de l'histoire de sa propre grand-mère et à travers ces deux destins de femme, Ludmila Oulitskaïa nous livre aussi son regard placide et ironique sur le XXème siècle russe et c'est ample, ambitieux, captivant.
Natacha
Paru en mars 2018 chez Gallimard et en poche chez Folio en août 2019. Traduit du russe par Sophie Benech. Existe aussi en format numérique.
Dernier enfant d’une fratrie de surdoués, Isidore a la tête hors des bouquins et les pieds sur terre. À bientôt 12 ans, il découvre les filles et les problèmes des adultes, planifie des fugues et navigue comme il peut dans un monde qui n’a pas toujours de sens...
Ce livre est une fresque familiale touchante et souvent drôle, d’abord écrite en anglais puis traduite par l’autrice pour cette édition française.
Hélène
Paru en poche en octobre 2019. Existe au format numérique.
Serge Horowitz incarne l’image du quadragénaire à qui rien n’a jamais réussi, toujours en recherche d’un sens à sa vie : adepte du moindre effort, hypocondriaque et atteint de troubles d’aphasie chronique, il est pourtant employé par un cabinet de consulting grâce au concours de son frère, François, Ministre des Finances. Mais Serge a l’audace de choisir la voie de la vérité et des idéaux, et non de la réussite sociale et professionnelle... au désespoir de son ambitieux frère qui craint que son cadet ne vienne révéler des secrets qui mettraient en péril sa carrière politique. Satire sociale de notre société occidentale, cette comédie rythmée nous fait rire par ses dialogues acérés, le burlesque de certaines situations, la modernité de son ton et nous fait aimer Serge, personnage très attachant et finalement courageux.
Un moment de lecture jubilatoire !
Delphine
Paru aux éditions Gallimard en août 2017 et en version poche chez Folio en mars 2019. Existe aussi en livre numérique.