Wildlife. Nom de code d'une opération menée à Gibraltar en 2008. Objectif : débusquer et enlever un acheteur d'armes djihadiste. Un partenariat public-privé (commandos anglais et mercenaires américains) peu reluisant, construit dans la plus grande opacité, et qui ne va pas se passer comme prévu. Trois ans plus tard, l'opération et ses dommages collatéraux ont été soigneusement enfouis dans les poubelles des services secrets de sa Majesté. Mais les voilà qui resurgissent, exhumés par deux protagonistes rongés par les remords.
Ils sont là, les lanceurs d'alerte de Le Carré, le genre Snowden, pas des héros mais des sans-grade ou presque, des gens qui ont avalé mille couleuvres au nom du patriotisme et qui en sont dégoûtés, des citoyens s'armant de courage pour dénoncer les magouilles épouvantables d'un État ordinaire. C'est clairement le choix de l'auteur, refuser de se battre "pour des putains de multinationales avec des comptes offshore", avec des "psychopathes attirés par le fric et l’adrénaline". Et le résultat est puissant, brillant, bluffant.
En colère, John Le Carré ? Définitivement, oui. Et bien décidé à nous le faire savoir.
Véronique G.
Nouveauté poche - septembre 2014