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Nous l'avions découvert avec Paris Vs New York, paru en 2011. Cet artiste reconnu mondialement nous séduit une fois de plus avec sa nouvelle création Tick Tock, mémoires visuelles du temps qui passe où il nous livre sa géniale vision graphique du temps. C'est fin, surprenant, rythmé, très inventif et particulièrement beau. Ce livre a aussi le mérite de nous faire réfléchir sur la notion du temps dans nos sociétés contemporaines, entre nos souvenirs figés dans un passé impalpable, notre quotidien où tout doit aller très vite, et notre futur à construire. Une originale idée de cadeau ! Ouvrez grand les yeux et laissez vous porter par le travail de l'artiste...
Delphine
On avait adoré Imaqa et Maurice et Mahmoud, les romans joyeusement débridés de Flemming Jensen qui traitaient avec un humour tout nordique mais pas mal d'humanité du thème des différences culturelles et de l'intégration. On se délecte cette fois de ce petit traité pas comme les autres, à l'attention de tous les noctambules et autres philosophes de la nuit, qui mettent à profit ces "heures perdues" pour refaire le monde. Si ce petit livre est un exercice de style drôlement réussi, il nous donne surtout à réfléchir sur autant de sujets de fonds qu'on prend rarement le temps d'aborder, en plein jour. De l'existence de Dieu à la guerre en Irak, Flemming Jensen, romancier et humoriste danois, nous livre sa vision du monde, sans prétention, avec beaucoup de sincérité et de bonne humeur. Un petit livre tendre et drôle à offrir sans hésiter !
Delphine
Un roman attachant, très humain, dans l'Italie des années 50-60, à travers le regard d'Elena, petite fille puis adolescente, qui, poussée par sa famille, parviendra à faire des études. Elle raconte ce quartier populaire de Naples, où elle est née, et son amitié profonde avec Lila, l'enfant rebelle et surdouée. Un quartier toujours en ébullition, où la violence est courante, où les rancunes sont tenaces.
Elena Ferrante étudie finement l'évolution des deux gamines, Elena et Lila, en proie aux doutes, comme toutes les adolescentes, face à elles-mêmes et à tout ce qui les entoure. Ambiance, charme, tendresse.
Véronique B.
Rentrée littéraire - octobre 2014 - traduit de l'italien par Elsa Damien - disponible aussi en format numérique
Toi, tu prends des images comme un pêcheur rejette à l'eau le poisson qu'il a pris. Tu considères que tu as suffisamment préempté la nature quand elle t'a donné une photo. Après, tu refais ton sac et tu replies le camp. Tu n'auras pourtant rien capturé d'autre qu'un instant.
Ce sont les mots de Paul Hermant pour introduire et accompagner les photos de Michel d'Oultremont, le tout jeune photographe à l’œuvre dans ce livre d'une beauté confiante et lumineuse.
La nature en forêt, souvent à l'aube, est magnifiée par les images sensibles. Oiseaux qui s'envolent à fleur de brume, écureuils, cerfs, sangliers ou simplement les arbres, un étang, le sous-bois. A l'affût, tout semble en suspens.
Le prix Médicis essai 2014 attribué au troisième volume de cet objet littéraire, politique et artistique, c'est l'occasion de redécouvrir l'ensemble de la trilogie.
Ce qui frappe tout d'abord, c'est la beauté de ce livre semé de dessins à l'encre de Chine, qui répondent au texte avec une grande liberté, laissant au lecteur le soin et le choix de ce qui fait sens entre l'écrit et le dessin.
La forme à la fois libre et limpide du texte éclaire, par fenêtres entrouvertes, l'histoire du XXe siècle, et fait chambre d'échos entre notre présent et l'avant-guerre, ici la fin des années trente et le tout début de la seconde guerre. L'oeuvre livre en effet un portrait de Walter Benjamin, qui se suicidera en 1940, en alternance avec les remous d'un attentat qui eut lieu en 1980.
C'est l'occasion de faire connaissance avec Walter Benjamin à travers un objet très littéraire et artistique, étayé d'extraits de lettres et de citations. La liberté prise par l'auteur dans la forme rend la lecture captivante et en fait de ces livres qui nous font, entre deux temps de plongée dans le texte, relever la tête pour réfléchir, à nous-mêmes et à notre monde...une qualité incontestable.
Natacha
Par une approche philosophique, psychanalytique, historique et étymologique, Dany-Robert Dufour invite à une réflexion prodigieusement intéressante sur ce qu'on appelle communément "le progrès". Ce faux progrès qui tend à rendre l'homme superflu, qui entraîne la destruction des savoir-faire et des savoir-vivre : la déchéance physique et sociale des individus, la marchandisation progressive du monde, les accidents industriels et la pollution massive...
Pour se diriger vers un véritable progrès, Dufour donne ici quelques pistes de réflexion pour que le monde soit vivable et pérenne : "Il faut inventer un nouvel usage de la technique, un usage éclairé". Un livre à la portée de tous, car Dany-Robert Dufour est aussi un excellent pédagogue.
Véronique B.
Rentrée littéraire - octobre 2014 - disponible aussi en format numérique
Ce superbe roman d'ambiance dépeint l'Amérique des années 1940 à 1990. On côtoie la bourgeoisie, les amoureux de la littérature et les femmes. C'est magnifiquement écrit sans être pompeux. Les personnages sont attachants et pleins de finesse. Un régal !
Catherine
Rentrée littéraire - août 2014 - disponible aussi en format numérique
Deux lieux, deux époques, une double histoire : des Iles hybrides des années 1850 en Ecosse à l'Ile d'Entrée aujourd'hui, une île de pêcheurs de homards dans les Iles de la Madeleine, au Canada, où l'inspecteur Sime MacKenzie enquête sur le meurtre de James Cowel. Pendant ses nombreuses insomnies, Sime, d'origine écossaise, se rappelle les histoires que lui racontait sa grand-mère : la famine de la pomme de terre dans les Hybrides, et l'expulsion de nombreux Ecossais vers le Canada. Au fil du récit, les liens entre le passé et le présent se précisent. Dans ce roman noir, on retrouve Peter May, amoureux de sa terre natale avec ses mystères et sa nature sauvage.
Véronique B.
Rentrée littéraire - septembre 2014 - disponible aussi en format numérique
Sur l'île d'ICI, règne l'ordre et la discipline. Ses habitants mènent une vie on ne peut plus répétitive, entre leurs petites maisons, toute identiques, leurs petits jardins, tout bien taillés, leurs petits chemins, bien calculés, vers leur lieux de travail. Ils y accomplissent des tâches on ne peut plus rassurantes, et tout aussi dénuées de sens que leur vie. Tous y vivent dans un grand calme, le dos soigneusement tourné des rivages qui les entourent et de la mer qui les conduit vers le LA ! Dave, un homme comme les autres, va bien malgré lui semer la zizanie sur l'île... Ou plutôt sa barbe, qui va se mettre à pousser de manière effrénée, au point de sortir de sa maison et de causer dans la ville quantités d'incidents. Mais voici qu'une brèche est ouverte dans l'esprit des habitants impeccables d'ICI. Le désordre est désormais à portée de mains...
Un très fin roman graphique, au délicat dessin au crayon gris, qu'on lit comme une fable burlesque et fantastique. Stephen Collins nous parle avec un humour très flegmatique d'un monde peut-être pas si différent du nôtre et nous donne à réfléchir sur le sens de nos vies.
Delphine
En septembre, Marabout a réédité plusieurs de ces livres de recettes dans la collection "Mon cours de cuisine, les basiques. C'est l'occasion de redécouvrir cette excellente collection qui propose des recettes simples à réaliser. Chaque étape est illustrée par une photographie, cela permet de visualiser clairement ce qu'il faut faire pour arriver au résultat final...
Avec le recueil sur les légumes, on découvre une foule d'idée pour exploiter les légumes de la région et les éventuels fonds de paniers bio. Beignets de maïs, gratin d’échalotes, minestrone, ravioli à la butternut et même brownies à la betterave. Un tout bon livre de référence pour manger sain, sans se lasser.
Poétique, politique, émouvant, instructif, ce court texte de 160 pages est d'une force rare. L'auteur rend une sorte d'hommage au peuple vietnamien en s'adressant à une petite fille, Liên, qui vit dans le Nord du Vietnam. Lourdement handicapée car descendante d'un père contaminée par l'agent orange lors de la guerre du Vietnam, Liên mène une vie détruite. L'agent orange, c'est cet herbicide composé en grande partie de dioxine et déversé par l'armée américaine entre 1961 et 1971 par hectolitres au dessus de la forêt vietnamienne.
Le livre de Jean-Marc Turine nous amène à découvrir le quotidien de toute une série de familles dont les enfants sont touchés par les conséquences de cette guerre chimique menée parfois plusieurs dizaines d'années avant leur naissance. C'est aussi une manière d'apprendre ce qui s'est passé durant la guerre du Vietnam. L'auteur ne se cache pas pour dénoncer la malveillance des industries chimiques, toujours non-condamnées aujourd'hui.
Alternant prose poétique, photo, texte court, c'est une lecture vivifiante, poétique et originale qui nous est proposée. Voilà un livre qui sort de l'ordinaire, tout en étant accessible. Quelle belle découverte.
Le talent de Posy Simmonds (Gemma Bovary, Tamara Drewe, mais aussi Le chat du boulanger, album jeunesse) frappe ici les acteurs de la vie littéraire de son humour dévastateur : l'Auteur, l'Editeur, le Lecteur, le Libraire sont croqués sur le vif et sur le gril... Fin, fin, cela se mange sans fin...
Véronique G.
Été 1936. L'Espagne est déchirée par une guerre civile d'une violence sans nom : les nationalistes phalangistes de Franco, soutenus par le clergé, imposent la loi de la terreur pour contrer les assauts impétueux des républicains qui rêvent de construire une nouvelle Espagne.
Dans ce roman, deux voix émergent et s'entrelacent, pour évoquer cet été sanglant. Deux voix très différentes mais deux voix sincères qui ont à cœur de livrer leurs souvenirs, leurs émotions, de témoigner. La voix de George Bernanos d'abord, qui, tout ultra catholique et monarchiste qu'il est, crie son dégoût et dénonce avec force l'épuration systématique dont il a été témoin à Majorque, perpétrée par les nationalistes. Celle de Montse ensuite, jeune fille de seize ans et mère de la narratrice, qui se souvient et raconte dans une langue unique, à mi-chemin entre le français et l'espagnol, tout l'émerveillement que provoqua en elle l'insurrection libertaire de cet été où le monde s'ouvrit à elle et où elle découvrit l'amour.
Lydie Salvayre nous livre ici une œuvre romanesque portée par un vrai souffle, et arrive à nous faire revivre cette sombre période de l'histoire, dans un petit village catalan avec ses ombres, ses secrets, ses peurs, ses haines fratricides. Elle nous impressionne surtout par son écriture vivante et forte, créative, vraiment surprenante.
Ce roman à obtenu le prix Goncourt 2014.
Delphine
Rentrée littéraire - septembre 2014 - disponible aussi en format numérique
Zeruya Shalev tisse un magnifique roman autour du thème de l'amour à travers la quête de trois personnages : Hemda, la mère, Dina, la fille et Avner, le fils. Hemda, à la fin de sa vie, alitée, repense à la dureté de son enfance au kibboutz, à la figure de son père adoré mais exigeant, à son mariage sans amour et à sa maternité problématique. Dina, prof heureuse en couple, vit mal la fin de la douce fusion avec sa fille unique, devenue adolescente et rêve d'adopter un autre enfant mais est-ce la bonne solution ? Avner, le préféré de sa mère, avocat des Bédouins et des Palestiniens, ne peut plus supporter son mariage raté et se perd dans la fascination d'un couple aimant entrevu à l'hôpital : il a vu le vrai visage de l'amour...
Dans ce livre profond, à l'écriture puissante, l'espoir arrivera comme une superbe éclaircie qui baignera ces trois personnages blessés.
Ce livre vient d'obtenir le prix Femina en novembre 2014 et on s'en réjouit, c'est bien mérité.
Véronique G.
Rentrée littéraire - septembre 2014 - disponible aussi en format numérique
Dans un jeu subtil, l'écrivain irlandais John Banville met en scène l'un de ses doubles, Alex Cleave, comédien vieillissant de nouveau engagé sur un grand projet, qui est hanté par le souvenir de deux étoiles mortes : Mme Gray, mère de son meilleur ami mais surtout son premier (et unique ?) amour à 15 ans, et sa fille Cass, qui s'est suicidée il y a 10 ans. Pour Alex, la douleur de la perte s'adoucit grâce à ses souvenirs, qu'il ressasse, et à son nouveau rôle au cinéma où il joue un imposteur (encore un double !) face à une jeune actrice célèbre dont l'extrême fragilité lui rappelle celle de sa fille. Bouleversé, il avance doucement dans la compréhension des autres mais surtout de lui-même...
Mêlant sensualité et poésie, l'écriture de Banville sert ce bel hommage à la mémoire des êtres aimés.
Véronique G
Rentrée littéraire - octobre 2014 - disponible aussi en format numérique
Le ravissement des innocents, c'est le sourire éclatant des enfants africains face à leur pauvreté, pour se sentir plus forts qu'elle, libres et dignes...
Ce premier roman magnifique nous parle des racines, entre Ghana et Nigeria, d'un couple et de ses trois enfants, partis vivre le rêve de la vie occidentale aux Etats- Unis. Il est chirurgien, elle, fleuriste. Ils portent tous les deux le poids de leur passé africain même s'ils ont espéré tout réinventer. Ils n'y ont pas totalement réussi, leurs enfants symbolisant, chacun à leur manière, leurs failles et leurs aspirations secrètes.
Véronique G
Rentrée littéraire - Septembre 2014 - disponible aussi en format numérique
A travers un travail journalistique, Lieve Joris porte un regard empathique sur les Chinois et les Africains avec lesquels elle a réussi à instaurer une relation de confiance. Les rapports entre les hommes, les liens entre la Chine et l'Afrique sont complexes et à des années lumières des clichés habituels de ce que veut bien en percevoir l'Europe.
Voici un texte pour mieux appréhender ce qu'il en est aujourd'hui de l'Afrique, de ses rapports au monde et à l'Asie en particulier. Un texte qui se lit avec plaisir et facilité car on suit l'auteur dans ses pérégrinations, ses échanges, son quotidien de journaliste.
Catherine M.
Quand l'humour sert à mettre en lumière les stéréotypes et les préjugés, il trouve une pertinence toute particulière. Voici un livre intelligent, drôle et graphiquement très réussi, qui se présente sous formes de cartes de préjugés.
A travers l'histoire, l'auteur nous présente les clichés qui ont circulé ou circulent encore entre les pays et les cultures. Pour donner un exemple, la carte de l'Europe vue par les USA ressemble à ceci: la France, c'est Hollande et ses femmes et l'Italie, le pays des parrains. La France vue par la Russie se réduit à Dior, Channel et Hermès...
Mais Tsvetkov ne se contente pas des préjugés d'aujourd'hui. Si on remonte aux origines de l'Humanité, on trouve ce schéma fait de cercles concentriques: Moi, ensuite Les animaux qui veulent me manger, plus loin Les animaux que j'aimerais vraiment manger, et au-delà: le grand mystère du je-ne-sais-quoi.
Il nous projette aussi dans le futur avec une carte de l'Europe en 2022.
C'est amusant et ça se feuillette au salon, mais c'est aussi un regard décapant et malin, notamment quand il montre de façon très imagée comment la perception du monde s'est élargie, affinée au fil des siècles tout en restant partiale et incomplète, surtout quand il s'agit des autres!
Une chouette idée de cadeau.
Natacha
Il faut accepter de se perdre un peu dans le nouveau livre de Patrick Modiano, entre le quotidien du narrateur et les bouffées de souvenirs qui lui reviennent en mémoire. Nostalgique et mélancolique mais assurément un beau livre.
Partick Modiano vient de recevoir le prix Nobel de littérature qui couronne l'ensemble de son oeuvre.
Véronique B.
Nouveauté - octobre 2014
Après le printemps et l'été, voici le livre de land art d'automne de Marc Pouyet. Un livre inclassable pour les amoureux de la nature, de la couleur, d'oeuvre éphémère.
Avec les éléments naturels offerts par l'automne, une série d'installations artistiques sont réalisées et photographiées. Le livre vaut le détour. Même si vous ne désirez pas l'acheter, n'hésitez pas à le feuilleter lors d'un de vos passage chez Papyrus.On est admiratif devant ces réalisations éphémères.
Champignons, écorces, feuilles orangées, pelures, noix, châtaignes,.... il est surprenant de voir tout ce qui peut être imaginé à l'aide de ces matériaux. Et cela peut donner des idées pour agrémenter les balades en forêts.
Catherine
Octobre 2014
Dans ce magnifique roman fleuve, Tim Gautreaux nous invite à embarquer sur un bateau à aube, l'Ambassador, qui parcourt le Mississippi dans les années 1920. C'est l'époque de l’émergence du jazz qui tente d'adoucir les mœurs dans un monde violent et parfois fort miséreux.
L'Ambassador est un bateau dancing qui va de ville en ville, proposer des excursions pour quelques heures, une après-midi ou une soirée. Sur ce bateau, un orchestre composé soit de musiciens de couleurs, soit de musiciens blancs (s'alternant selon le lieu de l'escale) fait danser les passagers, souvent rustres et peu habitués à ce genre de festivités. On s'enfonce petit à petit dans des coins reculés, terriblement isolés, appartenant à un monde en voie de disparition, proche de celui de la conquête de l'Ouest.
Sam Simoneaux, héros de "Nos disparus", est rongé par la culpabilité. Il est persuadé d'être responsable de l'enlèvement d'une fillette de deux ans. Il se fait engager sur l'Ambassador dans l'espoir de la retrouver en parcourant le fleuve. Sur le bateau, il veille à l'embarquement, confisque les armes, tente de mettre un terme aux bagarres lorsque l'alcool a échauffé les esprits, joue aussi un peu du piano, et prend sous son aile la famille de la fillette disparue.
A travers l'intrigue sur cette disparition, c'est aussi la question du besoin de vengeance et de la nature de l'homme qui est questionnée. Ce roman nous plonge dans un ambiance incroyable, il vaut le détour.
Catherine
Rentrée littéraire, septembre 2014
Wally Lamb est un conteur d'envergure, un fin disséqueur de l'âme humaine, un bâtisseur de récit hors-pair. Il le montre à nouveau dans cette mosaïque familiale où chaque protagoniste sollicite notre empathie et suscite notre attachement, chacun dans sa complexité, son humanité, son histoire, au travers de plusieurs décennies.
Annie et Orion ont eu trois enfants, devenus adultes tous les trois. Ce sont principalement ces cinq personnages que nous écoutons et découvrons tour à tour avec leur itinéraire marqué par l'histoire de leur famille, mais aussi par celle de leur univers, l'Amérique de la seconde moitié du XXème siècle, dans laquelle la ségrégation raciale et les inégalités hommes-femmes marquent le paysage.
Ce sont des trajectoires de libération que nous livre Lamb, trajectoires ponctuées par les drames et dans lesquelles la création et l'art jouent notamment leur rôle de puissant levier.
Ceci est un livre magnifique.
Natacha
Tsukuru Tazaki est un ingénieur de trente-six ans qui semble détaché de la réalité. Il vit à Tokyo, construit des gares, n’a pas d’amis proches et n’entretient des relations amoureuses que de courte durée. Il mène une vie sans heurts et sans passions, sans couleurs, et ce, depuis seize ans, depuis le jour de ses vingt ans où ses quatre amis inséparables lui ont fait comprendre qu’ils ne voulaient plus jamais avoir affaire à lui, sans explications. Mais le jour où il rencontre Sara, dont il tombe amoureux, il accepte de revenir en arrière et de partir en quelque sorte en pèlerinage, pour retrouver ses amis perdus et essayer de comprendre les raisons de cette rupture brutale d’autrefois.
Haruki Murakami décrit avec réalisme mais beaucoup de subtilité et de finesse psychologique, les relations entre son héros principal et les personnages qui l’entourent et avec lesquels il essaie tant bien que mal de rentrer en résonance. Un roman juste, grave et emprunt de mélancolie qui nous plonge dans le Japon contemporain. Une très belle écriture aussi, fluide et sensible.
Delphine
Rentrée littéraire - septembre 2014
Tom Lanoye est un auteur venu de Flandre que l’on apprécie tout particulièrement chez Papyrus. Dans son dernier roman, « Troisièmes noces », il nous séduit une fois encore par sa verve, sa langue unique, à la fois truculente et brute, qu’on entend chanter au rythme d’un phrasé enlevé, son ton direct qui touche les cœurs.
Tom Lanoye est incontestablement le roi du tragi-comique, celui qui sait parler avec un humour décapant et beaucoup de justesse de sujets qui dérangent comme l’immigration, la solitude, le chômage, la maladie ou l’homosexualité.
Maarten Seebergs, quinquagénaire homosexuel veuf depuis quelques années d’un compagnon mort trop jeune, accepte de faire un mariage blanc avec Tamara, une jeune et belle Africaine. Il reçoit de l’inconnu qui lui propose le marché une coquette somme en échange du service rendu, mais les conditions sont claires : « Tu te maries avec elle, tu vis avec elle. Mais si tu la touches, je te massacre. » Commence alors une cohabitation étrange entre le quinquagénaire altruiste et la jeune Africaine désinvolte. Entre les désagréables visites des inspecteurs du service de l’immigration, les sautes d’humeur de Tamara, les insomnies de Maarten, une complicité se noue contre toute attente entre les deux cohabitants, qui aboutit à une relation vraie faite de respect et d’affection.
« Troisièmes noces » est un roman qui marque. Truffé de passages hilarants, de réflexions noires sur notre société, mais aussi de scènes particulièrement crues, ce livre ne laissera personne indifférent. Tom Lanoye frappe fort et dit bien haut certaines choses qui dérangent, et c’est ça aussi qui fait son charme.
Delphine
Rentrée littéraire - août 2014
Voici un roman épistolaire très attachant qui nous décrit avec beaucoup de vie l'époque où des artistes avant-gardistes comme Paul Gauguin ou Vincent Van Gogh ont révolutionné le monde artistique.
1888, Hugo Boch, héritier d'une riche famille belge, décide d'aller passer quelques mois à Pont-Aven en Bretagne, dans une pension de famille, avec une bande d'artistes précurseurs à la créativité débordante, afin de se spécialiser dans un art tout nouveau : la photographie. Commence une période foisonnante pour le jeune homme, qu'il décrira dans ses nombreuses lettres à sa cousine, Hazel, qui étudie la peinture à Paris, et à son meilleur ami, Tobias, inscrit aux Beaux-Arts à Bruxelles.
Anne Percin nous plonge littéralement dans cette époque d'effervescence artistique, entre la Bretagne, Montmartre et Bruxelles, et nous donne à réfléchir sur les codes dans l'Art et sur l'art de les bouleverser... Elle parvient à lier avec beaucoup d'habileté la réalité historique et la fiction, en mêlant intimement les destins de grands peintres et de personnages de fiction.
Un roman à la lecture très agréable, fluide. Passionnant !
Delphine
Rentrée littéraire - août 2014