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Elles sont huit femmes. Huit femmes mennonites illettrées et considérées à peine mieux que du bétail, qui se réunissent en secret pour discuter de leur avenir, en réaction à la vague de viols qu’elles ont subi de la part des hommes de leur communauté. Elles ont 24 heures pour décider : ne rien faire et rester, rester et lutter ou partir vers un monde qui leur est inconnu. Un seul homme est accepté lors de leurs discussions, l’instituteur, qui va retranscrire leurs débats en anglais. Miriam Toews nous livre un roman fort, inspiré de faits réels, et donne voix à ces femmes courageuses, résilientes et capables de traits d’humour, sur le chemin de leur émancipation. Puissant et inspirant!
Catherine D.
Paru en août 2019, traduit de l’anglais (Canada) par Lori Saint-Martin et Paul Gagné. Existe aussi au format numérique.
Girl est l’histoire d’une jeune adolescente nigériane, enlevée par Boko Haram et qui nous raconte, à la première personne, la nuit de l’enlèvement, ses années de captivité mais aussi sa fuite, son retour au village. Une histoire d’une grande force littéraire et narrative. Dès les premières pages, on est happé par le récit et le style de l’autrice qui vient d’ailleurs d’être récompensée par le jury du Prix Femina. C’est un livre assez dur mais qu’on n’a pourtant pas envie de lâcher. Après ce genre de lecture, on se dit que l’être humain est plein de ressources et que les rencontres peuvent mener au pire comme au meilleur. Une lecture essentielle.
Prix spécial Femina étranger 2019.
Catherine M.
Paru en août 2019. Traduit de l'anglais (Irlande) par Aude de Saint-Loup. Existe aussi au format numérique.
La suite tant attendue de La Servante Écarlate, publié en français en 1987 et adapté en série télévisée depuis 2017.
Nous sommes de retour à Galaad, quinze ans après les événements du premier livre. La théocratie est toujours bien en place, mais commence à montrer des signes de faiblesse, pourrissant de l'intérieur depuis des années... Tante Lydia, un personnage apparaissant dans le premier livre, raconte l'histoire de la République. De sa fondation, à laquelle elle a été contrainte de participer, à ce qui se trame dans les coulisses du pouvoir depuis le début.
La narration est également assurée en alternance par Agnès, la fille d'un Commandant de haut rang, sur le point d'être mariée à un des meilleurs partis de Galaad; et celui de Daisy, une adolescente ayant grandi de l'autre côté de la frontière, au Canada.
On retrouve avec plaisir (et effroi) l'univers dystopique construit avec talent par Margaret Atwood!
Hélène
Traduit de l'anglais (Canada) par Sylvaine Rue. Aussi disponible en version numérique.
Pete Fromm n’a pas son pareil pour décrire l’espoir et le désir de vivre, même quand tout semble éteint. Marnie et Taz vivent heureux, insouciants et bohèmes dans leur petite maison qu’ils rénovent au rythme lent de l’argent qui rentre au compte-goutte. Mais quand Marnie meurt en donnant naissance à leur fille, c’est tout l’univers de Taz qui s’effondre…
Pete Fromm nous entraine sur le douloureux chemin de la reconstruction, et fait de ce jeune homme un rescapé de l’amour, un père en devenir, un homme qui tremblera mais n’abandonnera pas la lourde responsabilité d’élever leur enfant, entouré de l’ami de toujours Rudy, de la baby-sitter Elmo et de la belle-mère Lauren. Magnifiquement écrit, on pleure et on rit tout le long de ces cinq cent neuf jours de retour à la vie.
Catherine D.
Paru en août 2019, traduit de l’anglais (USA) par Juliane Nivelt. Existe aussi au format numérique.
Gus Voorheest, médecin dans un Centre pour femmes, dans l'Ohio, est assassiné le 2 novembre 1999, par Luther Dunphy. Gus est un idéaliste et un travailleur acharné, père de trois enfants, Naomi, Darren et Mélissa, il s'éloigne souvent de sa famille pour accomplir ce qu'il considère comme son devoir. Dans l'Etat de l'Ohio, un mouvement antiavortement très organisé est financé par des Républicains conservateurs. Bien que Gus sauve des foetus, autant qu'il pratique l'avortement, pour ses ennemis, il est un "tueur d'enfants".
"Les gens qui venaient à la clinique devaient passer devant ces ardents chrétiens ...qui s'élançaient souvent en hurlant à l'arrivée d'une jeune fille ou d'une femme;"
"Fervents, exaspérants, semblant répéter infatigablement, à l'infini, ces mots... cessez de vous mentir, aucun bébé ne choisit de mourir..."Dieu aime votre bébé.."
Luther Dunphy est un excellent charpentier, un peu bourru, de 39 ans. Qu'est-ce qui a pu pousser ce père de famille à un tel crime ? Luther, blessé par différents événements qui ont jalonné sa vie, se sent investi d'une mission divine qui lui occulte la réalité. Meurtri, par un sentiment de culpabilité dans l'accident mortel qui a tué un de ses enfants et, par son échec à l'école pastorale, qui l'a empêché d'être le pasteur de l'église qu'il fréquente assidûment, l'église missionnaire de Jésus de Saint Paul. Sa rencontre avec le charismatique activiste antiavortement , le professeur Wohlman, sera décisive. "Nous déclarons notre allégeance à la Parole de Jésus et non à la Loi des hommes.
Ce meurtre et ses conséquences dramatiques laissent leurs familles respectives dans un désarroi extrême. Les deux filles aînées sont particulièrement ébranlées par la perte de leur père. Sept ans après l'enterrement de Gus, Naomi cherche à en dresser le portrait et retourne sur les lieux des faits. Dawn Dunphy se lance dans le monde de la boxe comme exutoire et cherche à dépasser ses limites.
Sept ans après la tragédie, trouveront-elles une forme de paix ?
J.C Oates construit ce roman sous forme de kaléidoscope et donne la parole à tous les protagonistes. Elle étudie chaque personnage, ses motivations, les justifications que chacun se donne. Elle met en cause la frontière ténue entre le bien et le mal, sans jugement. Brillant!
Véronique
Paru en septembre 2019, traduit de l'américain par Claude Seban. Disponible également au format numérique.
Comment un des magnats les plus en vue de New York voit-il la vie qu'il a bâtie se déliter petit à petit jusqu'à s'effondrer ?
Jay Gladstone, la cinquantaine fringante, est à la tête d'une considérable fortune immobilière. Il est également le propriétaire d'une équipe de basket, une passion qui date de sa jeunesse.
Une erreur fatidique l'entraînera dans une chute vertigineuse. Et ce renversement de situation est mené tambour battant, dans une Amérique à l'ambiance électrique.
Ne pas trop dire ...
Le bûcher des vanités de Tom Wolfe compte parmi les romans préférés de Seth Greenland. A la lecture de Mécanique de la chute, personne ne s'en étonnera.
Véronique
Paru en août 2019, traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Jean Esch. Existe aussi au format numérique.
Ils s'appellent Bern, Nicola et Tommaso. Ils sont adolescents et empreints d'idéaux, dans cette ferme isolée au coeur des Pouilles. Teresa les rencontre un été et toute sa vie en sera bouleversée, marquée de leur(s) empreinte(s). Fascinée par Bern, le plus jusqu'au-boutiste des trois "frères", elle épousera sa soif d'absolu, son amour de la nature, la vie en communauté et toujours leurs vies vont se croiser, se fondre les unes dans les autres, au plus près des corps et des pensées, malgré les absences, les non-dits, les secrets. Teresa va lutter pour garder cet amour intact, elle abandonnera quelques plumes dans cette quête éperdue d'amour et d'avenir dans ce monde en transition.
Paolo Giordano nous convie au coeur de l'adolescence, dans ses ruptures et ses désirs, dans ses extrêmes et son innocence. Les années 90 sont évoquées, les combats en faveur de l'écologie et la préservation de la nature sont le terreau de cette histoire où la vie et la mort se côtoient de près, où les tentations destructrices sont assumées, où la soif d'appartenance au clan se dispute à la réalisation de rêves plus concrets...
Très beau!
Catherine D.
Paru en août 2019, traduit de l'italien par Nathalie Bauer.
Avez-vous déjà eu envie de mettre votre vie sur pause, rien que quelques semaines, le temps de souffler un peu?
C'est ce que va faire la narratrice de ce roman. À l'aide de divers somnifères et opiacés prescrits par une psychiatre un peu laxiste, elle décide d'hiberner pendant un an, dans son appartement new-yorkais. La jeune femme est plutôt riche (ayant hérité de parents décédés dans un accident), plutôt belle (selon Reva, sa meilleure amie par défaut). Elle est diplômée de Princeton et travaille vaguement dans une galerie d'art contemporain à Manhattan. Mais elle décide de tout mettre entre parenthèses pour plonger dans un profond sommeil, entrecoupé de courtes périodes de réveil somnolent pour se nourrir et regarder la télé.
Le ton est léger, le propos est ironique et dérangeant. On rit (jaune) en suivant les aventures de cette Belle au bois dormant shootée mais la fin du livre est une claque qui fait qu'il reste longtemps avec nous après sa lecture... À découvrir!
Hélène
Traduit de l'américain par Clément Baude. Paru en août 2019, disponible aussi au format numérique.
C'est une vraie délectation de retrouver Benjamin Trotter et les personnages de Bienvenue au club et du Cercle fermé, et de renouer avec un Jonathan Coe portraitiste d'époque dans une satire sociale et politique qui excelle à croquer l'air du temps, sur fond de pré-Brexit.
Les quinquagénaires confiants qui ne croient pas une seconde que le référendum puisse donner lieu à un "non" à l'Europe, le journaliste éberlué par la légèreté politicienne, l'adolescente pourfendeuse d'oppression, la protection des minorités sexuelles, les subtils avatars du racisme ordinaire, la précarité qui déborde de ses frontières habituelles : Jonathan Coe est bel et bien resté branché aux phénomènes de société de son temps et du nôtre, il a gardé sa délicieuse ironie et dans le même temps, ils nous tient en haleine avec des personnages attachants, humains-trop-humains et un scénario savamment construit.
Plaisir et réflexion garantis !
Natacha
Paru en août 2019. Traduit de l'anglais par Josée Kamoun.
L’auteur, Nigérian exilé aux Etats-Unis, se met en scène dans son retour dans sa ville natale. Il y dépeint de manière objective et minimaliste les interactions qui parsèment son itinéraire. Entre corruption, violence, vétusté, il dresse un portrait critique d’un pays magnifique, aujourd’hui en perdition. Par un style épuré et des clichés pris par lui-même, Teju Cole raconte un récit plus universel qu’il n’y paraît.
Olivier
Paru en octobre 2018. Traduit de l'anglais par Serge Chauvain. Existe aussi au format numérique.
Eddie Brown prépare le combat d’une vie. S’il gagne dans quelques semaines, il sera le nouveau champion de boxe. Un journaliste le suit dans la préparation minutieuse de ce combat essentiel, ces jours déterminants qui précèdent le combat. C’est aussi l’occasion pour Doc, son mentor, son père spirituel, d’accomplir sa carrière en point d’orgue. Au-delà du sport, ce superbe roman aux dialogues succulents et au style sec et musclé met en jeu les plus belles valeurs de l’espèce humaine. L’intrigue nous tient en haleine, le suspense quant au dénouement va crescendo. Encore un bijou de cet éditeur.
Olivier
Traduit de l'anglais pas Emmanuelle Aroson. Paru en février 2019.
Saga familiale, écriture incisive, personnages aussi attachants que cruels, plongée dans l’Amérique. Voici un livre dense où les époques s’entremêlent, où petite et grande histoires se croisent, une lecture qui marque, qui nous emporte dans un tourbillon. Extrêmement touchant, prenant. Un roman de 600 pages où on ne s’ennuie pas une minute.
Catherine M.
Paru en janvier 2019. Traduit de l'anglais (États-Unis) par Mathilde Bach. Existe aussi au format numérique.
Un diptyque à l'atmosphère onirique envoûtante signé par un des maîtres de la littérature japonaise contemporaine : Haruki Murakami himself ! L'auteur promène le lecteur sur le fil narratif tendu entre le réel et l'imaginaire... Un "polar" fantastique qui nous tient en haleine et nous transporte par la beauté de son écriture !
Delphine
Paru en octobre 2018 en 2 tomes. Existe aussi au format numérique.
Quel plaisir de retrouver l’écriture fluide et le style de William Boyd! Cette fois, il nous emmène à la suite du jeune Brodie Moncur, fils d’un pasteur intraitable et accordeur surdoué à l’oreille absolue, employé d’un fabricant de pianos à Edimbourg en cette fin de 19e siècle. Sa vie est romanesque en diable, entre voyages à Paris, Saint-Pétersbourg ou Vienne et un duel à l’ancienne qui l’enverra s’exiler sur les îles de la côte indienne, le tout sur fond d’amour passionné et absolu, de musique évidemment et de bouleversements du monde. Emotions et aventures sont au rendez-vous pour un roman enthousiasmant !
Catherine D.
Paru en mai 2019, traduit de l'anglais par Isabelle Perrin. Existe aussi au format numérique.
Après Sans lendemain et L'enfer de Church Street, Jake Hinkson revient avec un roman noir plutôt glaçant. Il met en scène Richard Weatherford, pasteur respecté d'une petite ville de l'Arkansas, père de cinq enfants, pilier de sa communauté. En ce week-end de Pâques, son esprit devrait être accaparé par les préparatifs de son sermon et des festivités de l'église. Mais Frère Weatherford a fauté. Et Gary, 19 ans, le menace de révéler son pire secret à la communauté s'il ne s'acquitte pas d'un paiement de $30,000. Commence alors un week-end infernal pour le pasteur, embourbé dans un mensonge dont il ne peut maîtriser tous les aspects, puisque d'autres habitants de la ville vont se trouver mêlés à l'affaire.
Jake Hinkson a le chic pour dévoiler la noirceur des âmes, et ce roman haletant (l'action se déroule sur quelques heures seulement) en fait une nouvelle fois la démonstration. Les lecteurs francophones ont par ailleurs le privilège de l'exclusivité de ce texte, qui ne sortira en langue originale qu'à l'automne.
Hélène
Paru en mai 2019. Traduit de l'anglais (États-Unis) par Sophie Aslanides. Aussi disponible en version numérique.
Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, Nathaniel et sa sœur Rachel sont laissés à Londres par leurs parents, partis travailler en Asie. Ils sont confiés au "Papillon de nuit", l'énigmatique locataire du premier étage. Les deux adolescents, marqués par le départ de leurs parents, cherchent alors de nouveaux repères dans le monde plus ou moins souterrain où évolue leur nouveau tuteur, fait de courses de lévriers importés du continent et de promenades nocturnes sur la Tamise. Nathaniel, une fois adulte, revient sur cette époque de formation et tâche de faire la lumière sur ce qui se déroulait alors, au-delà de sa propre expérience.
Michael Ondaatje redonne vie à un Londres durement touché par le Blitz, et nous livre un roman brumeux où nous avançons à tâtons, tout comme le narrateur, à la recherche d'une vérité partiellement occultée par l'Histoire. Une très bonne lecture dont on ressort plein d'interrogations sur la façon dont sont construits la mémoire et les récits.
Hélène
Paru en avril 2019, traduit de l'anglais (Canada) par Lori Saint-Martin et Paul Gagné. Aussi disponible en version numérique.
Steve et Gretchen ont deux jeunes enfants et viennent de se séparer. Nous les rencontrons chez la conseillère conjugale où, de séance en séance, de bref chapitre en bref chapitre, ils vont tenter de communiquer, de se comprendre, de se parler.
Nous plongeons dans les méandres de l'esprit de leur thérapeute Sandy, tout en intuitions, audace et improvisations inspirées, et nous voyons petit à petit le couple bouger...
Cette lecture intelligente et pourtant légère est savoureuse, émouvante, drôle. Elle fait passer une excellente soirée, et laisse ensuite son subtil parfum voyager dans la maison.
Natacha
Paru en janvier 2019. Traduit de l'anglais (États-Unis) par Marc Amfreville.
Le roman commence par l'histoire d'Ilaria, la quarantaine, à Rome, en 2010, qui, en rentrant d'une journée de travail, trouve sur son palier, un jeune Africain, Shimeta Ietmgeta, qui prétend être le petit-fils du père d'Ilaria, soit son neveu. A partir de cette rencontre, Ilaria va fouiller dans le passé de son père, Attilio Profeti, à ce jour, 93 ans. "Tous sauf moi" a clamé ce dernier tout au long de sa vie, fils chéri de sa mère, beau comme un dieu, Attilio a mené sa vie d'un pied léger, enfouissant le plus souvent sa conscience sous une bonne dose d'opportunisme. Dans son envie de comprendre, Ilaria se met à étudier l'histoire coloniale de l'Italie, les envies de conquête de Mussolini, son projet de colonisation de l'Ethiopie, pour profiter, notamment, de la richesse du sol du pays. Et nous, lecteurs, de suivre, en alternance, les années de jeunesse d'Attilio, l'enfer que vivent les Ethiopiens dans leur parcours migratoire, et l'Italie des années de Berlusconi. Attilio, dans les années 30, épouse les théories fascistes, s'engage dans "les chemises noires", part en Ethiopie, y tombe amoureux, union ignorée de sa famille italienne. Shimeta raconte son parcours, son passage cauchemardesque par la Libye. A travers les découvertes d'Ilaria, c'est toute l'histoire contemporaine de l'Ethiopie qui nous est dévoilée. Francesca Melandri montre comment le passé et le présent se rejoignent. Un demi-millénaire d'histoire coloniale et le présent des grandes migrations ne sont pas deux histoires différentes, mais seulement deux chapitres de la même histoire, de la même longue époque...
Roman foisonnant, bien documenté, passionnant, Francesca Melandri, auteure déjà remarquée des livres Eva dort et Plus haut que la mer, est ici au sommet de son talent.
Véronique
Publié en mars 2019, traduit de l'italien par Daniele Valin. Existe aussi en numérique.
L'anniversaire est un excellent roman qui mêle suspense et délitement du couple, névroses et jeux d'enfants, le tout au milieu des bois catalans. Un mari et sa femme enfermés dans une voiture pour fêter un anniversaire (mais lequel?) avec un cadeau plutôt surprenant pour leur tenir compagnie et, en parallèle, un duo de gamins d'une douzaine d'années qui revit grandeur nature les formidables aventures de Moby Dick. Mariés depuis plus de 25 ans, parents de jumeaux qui font leur vie de leur côté, elle et lui ne se parlent plus depuis trois semaines, dans une vaine tentative de sauver leur couple de la monotonie, du ronron quotidien, et d'éviter la rupture définitive. Il lui a préparé une surprise, il l'emmène en voiture et lui offre son cadeau; c'est réussi, elle est surprise, mais énervée à la fois, elle ne parvient pas à cacher son anxiété et se récite des vers traduits dans plusieurs langues dans sa tête pour y faire face... Guillem et Mateu quant à eux se retrouvent durant les vacances et, à l'initiative de Guillem, rejouent, revivent, "vivent" concrètement les aventures qu'ils apprennent par coeur dans les livres, jusqu'à ce que...
Habilement construit, ce roman noir d'Imma Monsó nous emporte dans un huis clos redoutable, digne d'un Hitchcock!
Catherine D.
Paru en mars 2019, traduit du catalan par Marie Vila Casas. Existe aussi en numérique.
Ce récit autobiographique revient sur l’enfance et l’adolescence de l’auteure dans une petite ville de l’Idaho, aux États-Unis. Tara Westover est la cadette d’une fratrie élevée au sein d’une communauté de mormons fondamentalistes. Ses parents, une herboriste sage-femme et un ferrailleur, se préparent au Jugement Dernier en enterrant de l’or, de l’essence et des armes dans leur jardin. Leurs enfants ne sont pas inscrits à l’école, n’ont jamais vu un médecin ou mis le pied dans un hôpital, n’ont même pas d’acte de naissance, pour les deux derniers.
Vers l’âge de quinze ans, l’auteure exerce des petits boulots depuis quelques années pour mettre de l’argent de côté, poussée par un instinct d’indépendance. Elle commence également à lire de vieux manuels scolaires trouvés dans la cave de sa maison. Elle qui a appris à lire avec son grand frère, qui ne s’est jamais assise dans une salle de classe, dont le monde s’arrête presque aux frontières de sa ville et aux écrits religieux, sent alors grandir en elle une inextinguible soif d’apprendre. Pour s’éloigner d’un frère devenu extrêmement violent et d’un père en proie à des crises de paranoïa, pour se mettre en sécurité, Tara Westover passe et réussit les tests d’admission à l’Université et part étudier en Utah. De là, sa curiosité et son intelligence la mèneront à Oxford, puis à Harvard pour un doctorat en Histoire.
C’est un récit qui se lit comme un roman, qu’on prendrait presque pour de la fiction tellement la réalité des Westover est éloignée de la nôtre. L’auteure décrit des passages particulièrement poignants sans pour autant s’apitoyer sur ce qu’elle a enduré, et elle nous fait sentir la loyauté et l’amour qui la lient, malgré tout, à sa famille. Une lecture marquante, assurément.
Hélène
Paru en janvier 2019. Traduit par Johan Frédérik Hel Guedj. Disponible également en version numérique.
Maggie O’Farrell se livre dans un récit autobiographique, découpé en dix-sept chapitres, chacun nommé d’après une partie du corps : le cou, le système sanguin, le ventre, le cervelet, les poumons… L’auteure irlandaise raconte dix-sept rencontres manquées avec la mort (brushes with death, en version originale). Il y a cette fois où son chemin a croisé celui d’un homme qui allait assassiner une jeune femme, au même endroit, deux semaines plus tard. Celle où ses poumons ont cessé de fonctionner, brièvement, après un saut dans l’eau sombre. Celle où elle a failli se vider de son sang, lors de son premier accouchement.
Le récit est percutant, haletant. Bien que la mort guette à chaque page, il est lumineux, plein d’espoir, farouchement du côté de la vie. Maggie O’Farrell passe de son adolescence à son enfance, revient à son expérience de mère, sans que ce « non-respect » de la chronologie ne soit dérangeant puisqu’à chaque chapitre elle nous livre un petit bout de son histoire qui vient éclairer le reste.
Une belle réussite.
Hélène
Publié en mars 2019, traduit de l’anglais par Sarah Tardy. Disponible aussi en version numérique.
Un pavé de 656 pages, un très bon roman d'investigation.
Qu'est-il arrivé, au début des années 2000, à Camilo Escobedo, neurologue barcelonais ?
Ce dernier fut, un moment, interné, dans un hôpital psychiatrique, avec un bilan neurologique, pour le moins incertain. Le lecteur navigue entre l'avant, le pendant, et l'après de la maladie.
Escobedo est un chercheur passionné par l'univers du cerveau. "Je pourrais vivre beaucoup d'autres vies à venir afin de poursuivre l'exploration infinie qui donne son sens à mon existence".
Son énergie et sa patience seront mises à rude épreuve dans l'hôpital où il exerce, problèmes d'ego, courses aux postes à hautes responsabilités...Martinez égratigne, au passage, l'industrie pharmaceutique et le milieu hospitalier, bien que le roman rende hommage à la recherche et à ses acteurs enthousiastes.
Escobedo est marié, père de trois filles. Sa vie professionnelle laisse peu de place à sa vie privée. Cette dernière, bousculée par la maladie, et ses engagements à l'hôpital, sera mouvementée. Mais il pourra toujours compter sur les femmes qui l'ont entouré, Sol, sa première femme, la mère de ses trois filles, Carmen, sa soeur et Diana, sa fidèle collègue, pour ne citer qu'elles.
Initié par Diana, qui affirme : "la littérature m'a aidée à éclaircir des choses. Dont l'union entre la raison et l'émotion. Je suppose que les écrivains ont travaillé la tête bien avant les neurologues, raison pour laquelle on trouve parfois des pistes dans leurs histoires.", Escobedo est devenu un inconditionnel des romans de Philip Roth, la littérature prendra de l'importance dans sa vie et l'aidera dans les moments les plus difficiles.
Ce roman repose sur des faits réels, avec en toile de fond le débat sur l'autonomie de la Catalogne.
Véronique
Paru en mars 2019, traduit de l'espagnol par André Gabastou. Aussi disponible au format numérique.
Anvers 1940, les Allemands prennent leurs quartiers dans la ville. Chacun continue pourtant à vivre… le jeune Wilfried Wils aussi. Tous les jours il arpente les rues d’Anvers pour y exercer son nouveau métier de policier et visite les cafés pour y nourrir son âme de poète. En ces temps troubles, survivre sera sa seule ligne de conduite, quitte à fréquenter des collaborateurs notoires.
Le roman est construit comme un récit que Wilfried Wils fait à son arrière-petit-fils, récit de ce qu’a été sa vie pendant la seconde guerre mondiale. Parce qu’il paie aujourd’hui le prix de ce qu’il a commis à cette époque, le narrateur entreprend de raconter à une autre génération la façon dont il a traversé cette guerre. On y trouve un homme ambigu, qui laisse cette impression de n'avoir jamais pris en main sa vie, mais aussi un homme un peu perdu face à des actes qu'il ne semble jamais avoir endossés … « Mais ça tout le monde le fait tous les jours (…), tout le monde le fait, en général sans conséquences ». Pas pour lui cependant... ses actes auront des conséquences, sans lesquelles il n'aurait sans doute pas jugé bon de revisiter son passé. Toutefois, souligne t-il fermement -et inévitablement, auriez-vous fait mieux à ma place?
Avec une plume pleine de verve, lyrique et truculente à la fois, dans ce style typique du Nord du pays (qui nous plait beaucoup !), Jeroen Olyslaegers livre un roman très fort, qui tombe à propos en ces jours où nos sociétés sont à nouveau flattées par de dangereux extrémismes (et ne paraissent pas totalement affranchies de leur passé... l'auteur ne se prive par ailleurs pas de relater le rôle peu reluisant de la ville d'Anvers, de son administration et de sa police ces années-là).
Gregory R.
Paru en janvier 2019, traduit du néerlandais par Françoise Antoine.
Le texte sera lu en grande lecture à l'Intime festival le samedi 24 août 2019 à 12h45, par Johan Leysen. Lecture suivie d'un entretien avec l'auteur.
On remercie les éditions Tusitala pour la réédition de ces deux textes d'un auteur serbe encore méconnu chez nous, Branimir Šćepanović. Fables philosophiques où l'absurde côtoie la mort, où la haine déploie ses mécanismes, où la violence se fait poésie, ces deux nouvelles nous emportent dans une apparente légèreté et nous laissent pantois, une fois ce recueil refermé. Fort!
Catherine D.
Paru en janvier 2019, traduit du serbe par Jean Descat (traduction révisée).
Olga naît à la fin du dix-neuvième siècle, dans une petite ville de l'Est de l'Empire allemand. Rapidement orpheline, elle est élevée par sa grand-mère qui semble ne pas trop l'aimer. Elle va donc devoir compter surtout sur elle-même pour avancer dans la vie, à une époque où la place des femmes est encore bien malmenée, surtout lorsqu'on doit trouver du travail et vivre seule.
Très jeune, elle se lie d'amitié avec Herbert. Lui vient d'une famille plutôt fortunée qui ne voit pas d'un bon oeil la relation d'Olga et Herbert, surtout lorsqu'en grandissant, ils deviennent amants.
Herbert, c'est un personnage haut en couleur, qui part d'abord dans les colonies allemandes en Afrique avant de se lancer ensuite dans des expéditions en Arctique. A travers l'histoire d'Olga et d'Herbert, c'est aussi l'histoire de l'Allemagne qui nous est racontée. L'auteur met en scène le rôle particulièrement écœurant que les Allemands ont joué en Afrique. Un élément qui a d'ailleurs contribué à la forte médiatisation que le livre a suscité lors de sa sortie en allemand.
Le personnage d'Olga est à la fois discret et incroyablement fort. C'est aussi le portrait d'une femme amoureuse, une femme qui a traversé l'histoire en rencontrant de nombreuses embûches et qui malgré tout ne s'est pas laissé abattre. Un très beau livre donc.
Catherine M
Paru en janvier 2019, traduit de l'allemand par Bernard Lortholary. Existe aussi en format numérique.