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C'est effrayant et drôle à la fois. Vraiment drôle, et vraiment inquiétant.
Vernon est un ancien disquaire qui, de chute en chute, finit par se retrouver à la rue. Il avait son propre commerce, il côtoyait quelques stars. Il a dû fermer boutique et s'est progressivement isolé, quittant de moins en moins son appartement. Il perd coup sur coup trois vieux amis et finalement se fait expulser de son logement.
Mais ce n'est pas là ce que raconte le livre, c'est seulement là qu'il commence! Car Vernon commence alors une chasse à l'hébergement qui le conduit chez des anciennes connaissances et sont l'occasion pour Despentes de dresser toute une galerie de portraits de Parisiens d'aujourd'hui, côté rock, culture, sexe et drogues. Chaque personnage est crédible et bien charpenté, de la jeune femme hyperconnectée au scénariste aigri et manquant durement de lucidité, en passant par l'ancienne actrice de porno, par le trader fou et cocaïné (ça fait peur) et j'en passe.
Virginie Despentes peut être dure avec ses personnages, mais sans jamais passer la barre qui nous empêche totalement de nous attacher à eux, et c'est là ce qui fait la force de ce livre. Il nous parle bien du monde d'aujourd'hui et de nous, même s'il nous sort de notre univers. Cynique mais pas sur le même mode qu'un Houellebecq, le livre, bien que parfois désespéré, laisse la possibilité au lecteur de faire le choix de la révolte...même s'il laisse entendre qu'une révolte à la "Flower Power" ne serait plus suffisante ni suivie. A nous de voir...
Natacha
Janvier 2015
Fourmillante, trépidante, pétillante, Barcelone se révèle dans ce livre de Grégoire Polet, à travers une quinzaine de personnages très attachants dont les destins se croisent... ou pas. Un père qui cache ses soucis à sa famille, une journaliste aventurière, une femme en révolte qui occupe des places, s'installe dans un arbre, un squat, une gentille famille d’expatriés français,... Et puis, au centre, un personnage urbain : Barcelone. Comme dans un autre roman de Grégoire Polet où Paris jouait le premier rôle, c'est ici la bouillante capitale de la Catalogne qui est au centre du roman.
C'est rudement bien écrit, dans un style original qui ne manque pas d'humour. Et surtout, à travers ce roman choral, c'est l'Europe contemporaine en crise et en recherche d'une nouvel art de vivre ensemble qui se dessine, qu'on observe et qu'on rêve plus solidaire et apaisée à l'avenir.
Catherine
Janvier 2015 - existe aussi en format numérique.
La petite fille qui avait avalé un nuage grand comme la tour Eiffel, Romain Puertolas, Le Dilletante
Après le succès de son premier roman L'extraordinaire voyage du fakir qui était resté coincé dans une armoire Ikea, Romain Puértolas a la barre haute pour réussir son deuxième roman. Et le défi nous semble relevé.
L'auteur nous entraîne encore une fois dans une aventure enlevée, rythmée, pleine de fantaisie, dans les airs entre la France et le Maroc. C'est l'histoire déjantée mais touchante d'une jeune factrice qui est prête à tout pour sauver sa petite fille adoptive marocaine, atteinte de mucoviscidose. Prête à voler de ses propres ailes...
Dans ce livre, on s'évade et on s'amuse de la peinture gentiment caustique que nous dresse Puértolas de la société d'aujourd'hui. Un moment de lecture très agréable, sans prétention, pour avoir l'humeur légère ... comme un nuage.
Delphine
Janvier 2015 - aussi disponible en format numérique.
Ce nouveau roman de Laurent Gaudé se passe en Haïti. On découvre une série de personnages dans les semaines qui précèdent le séisme de janvier 2010, et on les suit dans les premiers jours qui suivent le tremblement de terre.
On est face à un roman court mais d'une envergure incroyable. Dès les premières pages, on est happé par l'île d'Haïti, on la découvre, on la sent, on la touche presque, tellement les mots nous transportent vers cet ailleurs.
Les personnages sont terriblement attachants. A nouveau, malgré que le roman ne soit pas long, on est face à une vaste galerie de personnes qu'on a l'impression de connaître et auxquels on s'attache. Et ce qui est incroyable dans ce roman, c'est qu'en parlant de l'horreur qui a déchiré la terre d'Haïti et qui a plongé des milliers de personnes dans le deuil, la perte, la misère, c'est un ode au bonheur, à l'envie de vivre, de survivre, aux moments heureux qui parsèment notre existence, aux rires, aux amis que Laurent Gaudé met en scène.
Comme dans "Pour seul cortège" qui nous avait déjà séduites à la librairie et pour lequel nous avions eu la chance de recevoir l'auteur à Namur, Gaudé fait parler les vivants autant que les morts. Surprenant en partie mais terriblement juste.
On savait que l'écriture de Laurent Gaudé était de grande qualité et, à nouveau, on retrouve le lyrisme, la musicalité des mots, la sensualité du texte qui s'écoute autant qu'il se lit. Un roman à ne pas rater dans cette rentrée littéraire hivernale.
Catherine
Hiver 2015
Poétique, politique, émouvant, instructif, ce court texte de 160 pages est d'une force rare. L'auteur rend une sorte d'hommage au peuple vietnamien en s'adressant à une petite fille, Liên, qui vit dans le Nord du Vietnam. Lourdement handicapée car descendante d'un père contaminée par l'agent orange lors de la guerre du Vietnam, Liên mène une vie détruite. L'agent orange, c'est cet herbicide composé en grande partie de dioxine et déversé par l'armée américaine entre 1961 et 1971 par hectolitres au dessus de la forêt vietnamienne.
Le livre de Jean-Marc Turine nous amène à découvrir le quotidien de toute une série de familles dont les enfants sont touchés par les conséquences de cette guerre chimique menée parfois plusieurs dizaines d'années avant leur naissance. C'est aussi une manière d'apprendre ce qui s'est passé durant la guerre du Vietnam. L'auteur ne se cache pas pour dénoncer la malveillance des industries chimiques, toujours non-condamnées aujourd'hui.
Alternant prose poétique, photo, texte court, c'est une lecture vivifiante, poétique et originale qui nous est proposée. Voilà un livre qui sort de l'ordinaire, tout en étant accessible. Quelle belle découverte.
Été 1936. L'Espagne est déchirée par une guerre civile d'une violence sans nom : les nationalistes phalangistes de Franco, soutenus par le clergé, imposent la loi de la terreur pour contrer les assauts impétueux des républicains qui rêvent de construire une nouvelle Espagne.
Dans ce roman, deux voix émergent et s'entrelacent, pour évoquer cet été sanglant. Deux voix très différentes mais deux voix sincères qui ont à cœur de livrer leurs souvenirs, leurs émotions, de témoigner. La voix de George Bernanos d'abord, qui, tout ultra catholique et monarchiste qu'il est, crie son dégoût et dénonce avec force l'épuration systématique dont il a été témoin à Majorque, perpétrée par les nationalistes. Celle de Montse ensuite, jeune fille de seize ans et mère de la narratrice, qui se souvient et raconte dans une langue unique, à mi-chemin entre le français et l'espagnol, tout l'émerveillement que provoqua en elle l'insurrection libertaire de cet été où le monde s'ouvrit à elle et où elle découvrit l'amour.
Lydie Salvayre nous livre ici une œuvre romanesque portée par un vrai souffle, et arrive à nous faire revivre cette sombre période de l'histoire, dans un petit village catalan avec ses ombres, ses secrets, ses peurs, ses haines fratricides. Elle nous impressionne surtout par son écriture vivante et forte, créative, vraiment surprenante.
Ce roman à obtenu le prix Goncourt 2014.
Delphine
Rentrée littéraire - septembre 2014 - disponible aussi en format numérique
Il faut accepter de se perdre un peu dans le nouveau livre de Patrick Modiano, entre le quotidien du narrateur et les bouffées de souvenirs qui lui reviennent en mémoire. Nostalgique et mélancolique mais assurément un beau livre.
Partick Modiano vient de recevoir le prix Nobel de littérature qui couronne l'ensemble de son oeuvre.
Véronique B.
Nouveauté - octobre 2014
Voici un roman épistolaire très attachant qui nous décrit avec beaucoup de vie l'époque où des artistes avant-gardistes comme Paul Gauguin ou Vincent Van Gogh ont révolutionné le monde artistique.
1888, Hugo Boch, héritier d'une riche famille belge, décide d'aller passer quelques mois à Pont-Aven en Bretagne, dans une pension de famille, avec une bande d'artistes précurseurs à la créativité débordante, afin de se spécialiser dans un art tout nouveau : la photographie. Commence une période foisonnante pour le jeune homme, qu'il décrira dans ses nombreuses lettres à sa cousine, Hazel, qui étudie la peinture à Paris, et à son meilleur ami, Tobias, inscrit aux Beaux-Arts à Bruxelles.
Anne Percin nous plonge littéralement dans cette époque d'effervescence artistique, entre la Bretagne, Montmartre et Bruxelles, et nous donne à réfléchir sur les codes dans l'Art et sur l'art de les bouleverser... Elle parvient à lier avec beaucoup d'habileté la réalité historique et la fiction, en mêlant intimement les destins de grands peintres et de personnages de fiction.
Un roman à la lecture très agréable, fluide. Passionnant !
Delphine
Rentrée littéraire - août 2014
Il nous raconte avec humour et honnêteté un pan d'histoire a priori pas « sexy » : celle des hommes qui ont contribué à installer le christianisme, au premier siècle. Ce faisant, il nous captive et nous questionne. Son livre est érudit, intelligent, ouvertement partial (on l'est toujours). Il se met lui-même en scène sans complaisance. C'est bien Emmanuel Carrère... A lire, une fois de plus.
Natacha
Rentrée littéraire - août 2014
Oriane Jeancourt Galignani part d'un fait divers qui a marqué le Texas il y a quelques années. Une femme américaine a été poursuivie pour avoir entretenu des relations sexuelles avec quatre de ses élèves, tous majeurs... Mais au Texas, une loi de 2003 interdit les relations enseignants-élèves. Elle sera dès lors jugée pour son méfait et lourdement condamnée. A travers ce roman, l'auteur dresse le portrait d'une Amérique ultra-puritaine, qui va juger une femme sur ses préférences sexuelles. On découvre cette femme libérée, étonnante, et dotée d'un certain appétit pour la gent masculine... Mais est-elle pour autant une criminelle ?
Au fil du livre, on est plongé dans une sorte de huis-clos qui a pour cadre le tribunal et la salle d'audience. En parallèle, ce sont les faits qui sont dévoilés au jury, et au lecteur par la même occasion, qui se retrouve en position de voyeur pour juger des gestes de cette mère de famille presque sans histoires.
Une livre qui se lit facilement, d'un seul tenant.
Catherine
Rentrée littéraire - août 2014
Catherine
Rentrée littéraire - août 2014
« Votre fille, c'est une catastrophe. »
Il n'en faut pas plus à n'importe quel parent pour se tourmenter l'esprit, et c'est ce que fait la narratrice quand l'institutrice de sa fille lui lance cette phrase dont on saura plus tard qu'elle a été prononcée avec une certaine désinvolture.
La narratrice évoque son quotidien avec sa fille et se souvient de sa propre scolarité, marquée par un épisode humiliant et culpabilisant, le tout entrecoupé des modes d'emploi d'appareils électroménagers (parfois délirants!) qu'elle rédige pour son travail. La folie affleure mais ne vainc pas, l'écriture nerveuse et vivante en rend bien compte...
Un livre très prenant qui parle d'école et de stigmatisation, d'injustice aussi, et de ce que tout ça peut produire dans l'équilibre et les pensées d'une mère, d'un enfant. Révoltant parfois, drôle souvent, ce livre nous parle d'un monde qui reste cruel, à l'école et en général.
A lire, vraiment.
Natacha
Rentrée littéraire - août 2014
Fascinant roman au coeur du Texas. Une page de l'histoire des Etats-Unis, à travers les voix entremêlées de trois personnes d'une même famille de 1830 à nos jours.
Eli, le patriarche, fils de pionniers, est enlevé par les Comanches. Il vivra trois ans parmi eux puis reviendra parmi les blancs.
Peter, son fils, plus timoré que son père, a du mal à trouver sa place dans cette époque violente. Et enfin Jeannie, la petite fille de Peter, reprendra la direction du ranch et s'enrichira grâce au pétrole.
De la lutte des Indiens pour sauvegarder leurs terres aux opérations menées par les Rangers, en passant par la Guerre de Sécession...un livre d'une grande densité.
Philipp Meyer est un merveilleux conteur.
Véronique B.
Rentrée littéraire - août 2014
Olivier Adam est un homme en colère, mais avec un grand coeur et une sensibilité à fleur de peau. Il éprouve une empathie évidente pour les personnages qui traversent ce roman, sur fond de nature déchaînée.
Un texte noir, social, lucide et une très belle écriture.
Véronique B.
Rentrée littéraire - août 2014
Premier roman de Steve Tesich, auteur du génialissime "Karoo", "Price" a été écrit en 1982, mais traduit pour la première fois en français en 2014... Et c'est une excellente chose car ce roman est d'une force immense ! Steve Tesich nous y raconte comment Daniel Price, jeune américain des années soixante, fraîchement sorti de terminale, s'égare le temps d'un été dans son monde intérieur et se complait à errer dans cette zone floue coincée entre le monde facile de l'adolescence et la réalité brutale d'un monde adulte qu'il n'ose encore affronter. Mais cet été est d'une violence rare pour Daniel, entre l'agonie de son père en phase terminale d'un cancer, et la découverte d'un amour tempétueux avec la troublante Rachel. "Price" est une oeuvre fondatrice, fougueuse, vibrante, lumineuse et obscure à la fois qui nous donne à réfléchir sur la liberté de tout un chacun de vivre sa vie dans un monde où les destins semblent tout tracés. « Aujourd'hui, j'ai quitté l'endroit où j'ai grandi, convaincu que le destin n'est qu'un mirage. Pour autant que je sache, il n'y a que la vie, et je me réjouis à l'idée de la vivre. » Un roman à lire sans hésiter.
Delphine
Rentrée littéraire - août 2014
Geneviève Brisac a bâti là des personnages profondément bouleversants et humains. Deux soeurs qui convoquent leur jeunesse engagée, combattante, passionnée, conflictuelle. Des idéaux et de l'amertume, mais aussi des moments très actuels et vivants, comme ce portrait d'une maison parisienne occupée par des clandestins ou ce quotidien d'une maison médicale avec son cortège de détresse. Ce roman vient nous chercher.
Natacha
Rentrée littéraire - août 2014
Voici peut-être une des oeuvres les plus personnelles de David Foenkinos. Il y raconte sa fascination pour Charlotte Salomon, cette artiste peintre expressionniste juive allemande, à la sensibilité écorchée, au destin marqué par la tragédie, fauchée à vingt-six ans par la terrible machine nazie. Si ce livre est d'abord le portrait bouleversant de Charlotte, depuis son enfance jusqu'à sa disparition dans les camps de la mort en 1943, il est aussi l'expression touchante de l'émotion de David Foenkinos pour cette artiste. Une émotion telle qu'il nous raconte avoir mis des années avant de trouver la forme pour écrire ce livre, une forme toute singulière puisqu'elle s'apparente davantage à de la poésie, faite de phrases courtes, de silences et de retours à la ligne, pour laisser respirer son texte, comme un hommage solennel. Un roman émouvant, tendre, à découvrir.
Charlotte a reçu le prix Renaudot 2014 et le prix Goncourt des lycéens.
Delphine
Rentrée littéraire - août 2014
Ce roman superbement écrit (on n'en attendait pas moins d'Alice Ferney) est un très bel hymne à la beauté sous-marine. Mais c'est aussi le portrait d'un activiste écologiste et un bel éclairage sur la question de la violence dans la militance. Le personnage de Magnus Wallace y est brillamment construit, vivant, charismatique, entier. Alice Ferney brille par sa plume et son sujet, et le détour en vaut la peine. Le livre nous questionne, peut même nous heurter parfois, le tout dans une langue qui se déguste comme un long dîner raffiné, savoureux, jamais lourd.
Natacha
Rentrée littéraire - août 2014
Une faiseuse d'anges en 1908, un internat de garçons en 1974 et la famille du directeur qui disparaît le samedi de Pâques. La seule survivante, Ebba, revient sur les lieux trente ans plus tard et c'est encore une fois le passé de Fjällbacka qui va donner les clés des drames d'aujourd'hui, grâce aux recherches de l'attachante Erica Falck et à l'enquête de son compagnon, l'inspecteur Patrick Hedström. Passionnant !
Véronique G.
Récemment, j'ai découvert la maison d'édition Tusitala via le roman "La révolte des cafards". Un roman qui m'a passionnée et entraînée dans l'histoire des Chicanos, ces Mexicains-Américains qui se sont battus contre les discriminations faites à leur égard dans les années 70 dans le sud des États-Unis.
L'auteur qui nous livre en réalité une autobiographie, fut un avocat chicano. Il nous raconte les émeutes, les procès collectifs, les soirs de fêtes, les moments de fatigue et de doute. Au cours de sa carrière, Acosta va aller jusqu'à mettre en cause la justice américaine en dénonçant la constitution des jurys lors des procès. Un excellent roman-récit qui nous permet de découvrir un pan (pas très rose) de l'histoire américaine. Une maison d'édition à suivre car elle a réussi a dégoter ici une petite pépite encore jamais traduite en français. Une vraie belle découverte de cette année 2014.
Catherine
Maud, quadragénaire aussi attachante qu'exaspérante, est atteinte de la maladie d'Alzheimer. Deux disparitions mystérieuses l'entourent, celle de sa sœur plus de 60 ans en arrière et celle de sa proche amie, Élisabeth, disparue tout récemment. Ces deux événements seraient-ils liés ? Maud parviendra-t-elle à faire surgir suffisamment de souvenirs du fond de sa mémoire trouée pour percer le mystère de ces disparitions ?
Roman plus que véritable thriller, ce fut un bon moment de lecture. Pour ma part, un des grands intérêts du livre a résidé dans l'approche faite de la maladie d’Alzheimer via le personnage de Maud. Certains passages manquent un peu de rythme mais pour un premier roman, c'est une très agréable surprise. Une auteur à suivre donc...
Catherine