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Toujours sur le thème des inégalités (ses deux premières BD publiées en français chez le même éditeur étaient résolument féministes), Liv Stromquist s'attaque cette fois à l'économie. Le capitalisme sans limite et l'hyper-richesse sont mis en question dans ses dessins pleins d'humour et très expressifs. Cet ouvrage permet également d'interroger notre façon de lutter contre les systèmes d'oppression, et de passer par la même occasion un excellent moment de lecture!
Hélène
Paru en octobre 2017
Razan Zaitouneh est une avocate syrienne militante des droits de l'homme. Elle a disparu depuis décembre 2013, enlevée avec trois autres militants. Justine Augier, qui vit à Beyrouth, fascinée par la figure de Razan, s'est lancée dans l'écriture d'une sorte de biographie basée sur des archives et de nombreux témoignages de ses proches. Et cela a donné naissance à ce magnifique récit, De l'ardeur, qui nous plonge dans la Syrie contemporaine.
Au delà de la portée politique et historique de cet ouvrage, c'est aussi un portrait de femme étonnant qui nous est livré. Razan Zaitouneh est (était?) une femme engagée, militante, dotée d'un caractère fort. Elle va s'intéresser tout particulièrement aux conditions de détention carcérale et se fera beaucoup d'ennemis en dénonçant les mauvais traitements subi par les prisonniers, les problèmes de procédure, d'injustice dans le système judiciaire syrien. Elle sera d'ailleurs suspendue du barreau à la demande d'un juge qu'elle avait mis sous pression dans un dossier.
Justine Augier s'est plongée dans la vie de Razan pendant deux ans, visionnant des archives, interrogeant ses proches, lisant des articles. Elle nous raconte aussi ce travail et le pourquoi de sa démarche. Elle parvient, au fil du récit, à nous entraîner dans son entreprise. On s'attache à ces deux femmes (Razan Zaitouneh et Justine Augier) qui vivent au coeur d'une région du monde secouée de toutes parts depuis de trop nombreuses décennies. Et on espère nous aussi, lecteurs, que Razan est toujours en vie.
Catherine M
Paru en août 2017, existe aussi en format numérique.
Ophélie Véron, chercheuse en sciences sociales et auteure du blog Antigone XXI, nous propose ici un ouvrage ultra-complet sur le véganisme et toutes les facettes de ce mode de vie. Les aspects philosophiques, politiques et historiques sont abordés en première partie de l'ouvrage, tandis que la seconde partie est consacrée aux aspects plus pratiques: l'alimentation, la consommation (habillement et autres), les loisirs... Véron répond avec beaucoup de sagesse aux "pourquoi?" et aux "comment?" du véganisme, ce qui donne un excellent guide pour les "débutants", mais aussi pour les simples curieux et curieuses.
Hélène
Paru en mai 2017. Aussi disponible au format numérique.
"Partout dans le monde, des hommes et des femmes refusent la logique capitaliste et combattent les injustices. Certains de ces combats mènent à des victoires… Non seulement les alternatives existent, mais elles sont innombrables. Beaucoup sont simples, cohérentes, et pourraient être mises en œuvre dès aujourd’hui avec un peu de volonté politique."
Olivier Bonfond fait partie de ces gens que l'état du monde, (de la société, de la planète), ne décourage pas. Parce que, écrit-il, les solutions existent : il en énumère deux cents, certaines d'entre elles étant déjà mises en œuvre un peu partout. Pourquoi tuer TINA, « There is no alternative », l'expression fameuse de Margaret Thatcher ? Parce que cette affirmation est parfaitement mensongère, même si la propagande de nombreux « experts » prétend le contraire.
Il existe au moins trois bonnes raisons de lire ce livre : D'abord, on peut l'ouvrir à n'importe quelle page, (faites l'expérience!), on y trouve au moins une bonne idée et deux précieuses informations ; ou l'inverse. Ensuite, il (ré)concilie les amoureux du film « Demain » et les partisans du « Grand Soir », (un exercice un peu acrobatique) : le lien entre les deux démarches étant la mobilisation citoyenne. Enfin, et bien que l'auteur s'en défende, ses deux cents propositions pourraient être le programme d'un gouvernement d'unité populaire : un Podemos à la française ou à la belge, l'alternative plutôt que l'alternance. (1)
Mais Il faut tuer TINA n'est pas un énième livre d'imprécations : il ne s'attaque pas à des personnes (à l'exception de Barroso. On admettra qu'il y a de quoi…), mais à des structures, à des mécanismes d'exploitation ou d'oppression. En outre, il alterne – et c'est presque une méthode – les dénonciations (de situations inacceptables) et les motifs de se réjouir (de petites ou de grandes victoires). Quelques exemples : La multinationale Monsanto obtient l'interdiction légale, pour les paysans, d'utiliser, selon une pratique millénaire, leurs propres semences. En revanche, la Bolivie expulse du pays, après leurs multiples abus, les géants Coca-Cola et MacDo. Ou bien : la bataille de l'eau. L'accès à l'eau pour tous est de plus en plus compromis par les privatisations du secteur. Pourtant, en 2011, suite à une mobilisation citoyenne exceptionnelle et à un vrai débat démocratique, l'Italie, par referendum, vote à 95 % contre la marchandisation de l'eau. Ou encore : partout, la publicité envahit l'espace public, les médias – ces armes de distraction massive, comme dit joliment l'auteur – vendent à leurs annonceurs du temps de cerveau disponible. On estime à 500 milliards de dollars l'ensemble du budget de la publicité dans le monde ! Mais la Ville de Grenoble décide, en 2014, de bannir la publicité de ses rues, en décidant de ne pas renouveler le contrat qui la liait au groupe Decaux, qui y avait placé plus de 300 panneaux.
Certaines informations susciteront l'indignation, comme cet argument cynique du lobby du tabac qui souligne , auprès des pouvoirs publics, l'impact positif sur les finances publics de la mortalité due au tabac. (Un mort ne perçoit plus de pension!) D'autres passages provoqueront l'hilarité. En novembre 2009, la Banque mondiale décide de financer un projet au Pérou pour retarder la fonte des glaces : il s'agit de repeindre en blanc les parties brunes du glacier andin, qui absorbent plus de chaleur. Capitalisme vert … ou blanc , sauvons le climat à coups de pinceau !
Un mot, encore, sur le chapitre consacré au problème de la dette. On se rappellera qu'Olivier Bonfond s'était déjà fait connaître, en 2012 , par un livre qui examinait la légitimité de la dette publique (2). Il a également participé, à Athènes, au travail de la Commission pour la Vérité sur la dette grecque, (travail hélas enterré par Alexis Tsipras). C'est donc en connaissance de cause qu'il étudie ici les dettes publiques du Mexique comme de la Russie, de l'Argentine comme de l’Équateur, ou de ... l'Allemagne, avec les solutions différentes, souvent surprenantes, qui y ont été apportées.
Refuser de payer la dette, souligne-t-il, c'est obliger les créanciers à « sortir du bois ». Les identifier permet de les traiter différemment : un petit épargnant, une banque, une multinationale de l'assurance, ce n'est pas pareil.
Il faudrait encore mentionner les chapitres consacrés aux médias, au féminisme, aux institutions internationales, à l'agroécologie, mais puisqu'il est impossible de résumer en quelques lignes un livre aussi dense, concluons par deux réflexions.
Ce livre ne se fixe pas naïvement comme objectif d'établir le paradis sur terre. Mais, en même temps, il propose d'éviter de se limiter à des changements à la marge, qui laisseraient le système intact. Il ne s'agit pas d'être des activistes marginaux qui, de temps en temps, « font le buzz », mais de transformer un bloc social en force politique.
D'autre part, nous ne sommes pas dans un catalogue de lamentations. Au contraire, l'auteur parvient à nous convaincre que s'engager pour changer le monde ne rend ni triste, ni malheureux. La lutte est, au contraire, un facteur de joie et d'émancipation personnelles.
C'est sans doute la raison pour laquelle le site qu'Olivier Bonfond anime s'appelle « Bonnes nouvelles ».
Michel Brouyaux, ancien libraire, toujours passionné.
(1) On peut aussi, bien entendu, utiliser le livre en allant directement au sujet qui nous motive le plus : rôle de la finance ? Démocratie ? Féminisme ? Migrations ? (se reporter à la table des matières)
(2) Et si on arrêtait de payer ? Olivier Bonfond. Editions Aden, 2012.
Alors que notre pays connaît des épisodes de plus en plus fréquents de pollution de l'air, Alexis Zimmer revient sur les brouillards toxiques qui ont sévi début 1930 dans le bassin liégeois ainsi que tout ce qui en a été dit, écrit et débattu (par les pouvoirs publics, industries, scientifiques, riverains,..). Un ouvrage historique complet et passionnant, notamment sur les conditions qui ont participé à la création et au développement de ce bassin, mais qui nous montre plus largement que malgré toutes les connaissances acquises nous ne parvenons toujours pas aujourd'hui à "appréhender les phénomène de pollutions de l'air de manière à pouvoir annihiler à long terme les dégâts sanitaires qu'ils causent". Lecture hautement recommandée et plus que jamais d'actualité!
Gregory R.
Paru en novembre 2016
Dans une librairie, tous les sujets des sciences humaines se côtoient et quand tout vous intéresse, cela peut donner le tournis ! Pour faire une chose à la fois, cette semaine, petite plongée dans la rayon psychologie, avec pour angle d'attaque la psychiatrie.
Quatre titres récemment parus sont chroniqués ci-dessous. Mais par ailleurs, un livre en évoquant un autre, je n'ai pu m'empêcher de repenser au merveilleux La femme qui tremble de la romancière Siri Hustvedt, paru chez Actes Sud en 2010 (en format poche Babel depuis 2013). Siri Hustvedt, à partir d'un épisode personnel troublant du point de vue de la santé mentale, s'y plongeait dans une recherche passionnante et passionnée sur la santé mentale et la psychiatrie qui la définit et la soigne (ou tente, dans les meilleurs cas, de le faire). A épingler aussi, La santé mentale, de Mathieu Bellahsen aux éditions la Fabrique, qui invite à la vigilance face aux dérives productivistes, gestionnaires, normalisatrices en pscyhiatrie (paru en 2014).
La folle histoire des idées folles en psychiatrie, sous la direction de Boris Cyrulnik et Jacques Lemoine, Odile Jacob
Ce livre soutenu mais très clair, didactique et surtout passionnant, retrace l'histoire des idées bizarres qui ont marqué la psychiatrie, y compris pendant les nombreux siècles où elle ne portait pas encore ce nom.
Boris Cyrulnik commence par brosser, dans une introduction brillante par sa lisibilité, un panorama de l'histoire de la discipline - tour de force en quelques pages. Il y rappelle à quel point la définition mouvante et culturelle de la normalité marque fortement, voire définit, la pratique du psychiatre, de même que sa propre vie psychique qui va déterminer sa façon d'aborder le patient et d'interpréter ses comportements, ses paroles, son trouble.
A épingler dans cette introduction : le danger des dogmes et des catégories trop fermées, auxquels Cyrulnik préfère une pratique à la fois scientifique et artisanale, toujours prudente et en recherche.
Suivent des articles de différents contributeurs et une contributrice psychiatres avec différents focus : les supplices imposés aux soldats revenus traumatisés de la Grande guerre pour les renvoyer au combat ; l'évolution des diagnostics d'alcoolisme et des représentations dominantes en matière de consommation d'alcool ; etc.
Passionnant d'un point de vue historique, sociologique et tout simplement humain.
A chaque jour son patient. Journal d'un neuropsychiatre, Roger Vigouroux, Odile Jacob
Toujours chez Odile Jacob mais dans un autre registre, voici un livre qui tente, sur le mode du récit romancé, de nous faire découvrir le métier de neuropsychiatre qui, comme l'auteur aime à le rappeler, cumule la neurologie et la psychiatrie. Le récit accroche et rend bien digeste la découverte du métier et d'une des façons de le pratiquer.
Être soignant en psychiatrie. Un papillon sur un roseau, Christophe Malinowski, Chronique sociale
Ce livre fait partie, comme le suivant, d'une collection dédiée aux pratiques, au terrain et à la prise de recul sur ces pratiques : il intéressera donc les intervenants en psychiatrie mais aussi tout un chacun, notamment grâce à toute sa première partie, composée d'un long récit fictif inspiré de faits réels, qui nous met dans la peau du patient. Édifiant. La seconde partie décode et extrait des recommandations.
Écrire pour dire, écrire pour se dire. Ateliers d'écriture en milieu psychiatrique, Dominique Mégnier et Anne Hamot, Chronique sociale
Chez le même éditeur, ce titre témoigne et trace le chemin pour les animateurs d'ateliers d'écriture en psychiatrie. Balises et démarches concrètes alternent et se complètent pour une lecture très pratique, où on puisera et reviendra.
Natacha
En sept questions et tout autant de chapitres, voici d'intéressantes pistes de réflexion autour de cette idée originale, mais pas si récente, qu'est le revenu de base ou allocation universelle. Autant défendu par les libéraux que par les socialistes ou autres écologistes et altermondialistes, ce concept difficile à appréhender (utopie? pistes de financement?...) n'est pas dénué d'ambiguïté et les auteurs permettent justement d'affiner notre propre réflexion sur le sujet à travers leur état des lieux. Une nouvelle civilisation serait-elle en marche, qui ne serait plus basée sur la valeur travail et la rémunération? Une lecture pertinente et chaudement recommandée!
Catherine D.
Paru en janvier 2017. Existe aussi en format numérique.
Le ton est donné dès le titre : l'Euro est une catastrophe. Joseph Stiglitz est titulaire du « Prix Nobel » d'économie, il a été conseiller économique du président Clinton, puis économiste en chef et vice-président de la Banque mondiale. Pas précisément le profil d'un europhobe . Son diagnostic impitoyable n'en est que plus intéressant. Parmi ses nombreux constats : les performances économiques de la plupart des pays de la zone euro sont moins bonnes qu'avant l'adoption de la monnaie unique. D'autre part, l'Union européenne a perdu tous ses référendums. Deux phénomènes qui fragilisent le projet européen.
Création de l'Euro : la malfaçon
Si l'Euro ne fonctionne pas, c'est dû, dit-il, à la décision fatale de créer une monnaie unique sans les institutions pour la faire fonctionner. Elle s'est construite dans un mélange de mauvaise science économique et d'idéologie perverse, ce qui a abouti à un échec économique et politique. Il est absurde d'avoir imposé la même politique économique à des pays très différents. Des économies faibles seraient forcément plus sensibles aux chocs , mais cela ne semble pas avoir été anticipé...
Si un tel système peut fonctionner aux Etats-Unis, c'est qu'on y trouve trois mécanismes d'ajustement : la facilité de migration entre états (langue commune, sentiment d'appartenance national), le soutien financier automatique de l'état fédéral, le système bancaire largement fédéral. Si le Dakota traverse une période difficile, ces trois mécanismes viendront l'aider. Rien de comparable en Europe : un émigrant le reste très longtemps ; le budget européen est minuscule ; et chaque pays est responsable de ses banques. L'Euro portait donc en germe son autodestruction. Et en effet, loin de créer la convergence, il a renforcé la divergence. Il a creusé le fossé des inégalités entre les pays qui y participent, mais aussi à l'intérieur de chacun de ces pays .
Des politiques inappropriées
En effet, à ces vices structurels se sont surajoutées des politiques qui ont aggravé le désastre. Une économie confrontée à une récession dispose de trois mécanismes principaux (...) : baisser les taux d'intérêt pour stimuler la consommation et l'investissement ; baisser les taux de change pour stimuler les exportations ; ou utiliser la politique budgétaire – augmenter les dépenses ou réduire les impôts. La monnaie unique a éliminé les deux premiers mécanismes, mais ensuite les critères de convergence ont éliminé le troisième. Dans de nombreux pays, ils ont même obligé les états à agir dans le sens diamétralement opposé.
Les politiques d'austérité ont provoqué la fuite des capitaux et de la main d'oeuvre des pays pauvres, deux phénomènes qui accentuent la divergence entre pays et qui augmentent le poids de la dette. Une politique industrielle aurait dû viser à combler l'écart technologique entre états européens, mais l'idéologie néolibérale s'y opposait. C'est également l'idéologie du laisser-faire qui a favorisé le laxisme bancaire, avec ses conséquences pour les dettes publiques. Pour les banques, on a préféré croire au conte de fée de l'autorégulation : autrement dit, on a fait semblant de croire que les banques se surveilleraient elles-mêmes. Finalement, les politiques de la zone Euro n'auront été un succès que pour les banques allemandes et françaises.
Un cas emblématique : la Grèce
Si Joseph Stiglitz n'y consacre pas un chapitre spécifique, c'est parce que la crise grecque traverse tout le livre. On a accusé le peuple grec de tous les défauts du monde, et la réfutation est ici rigoureuse. Par exemple : Il est utile de noter qu'en 2014, les Grecs, qu'on dit paresseux, ont effectué un nombre d'heures de travail supérieur de près de 50 % à celui des Allemands. En fait, la crise grecque a démontré que l'Union économique et monétaire n'est pas une association d'égaux, mais une agence de recouvrement de créances au bénéfice, notamment, de l'Allemagne. L'épisode a accentué la scission entre pays créanciers et pays débiteurs, le pouvoir politique étant aux mains des créanciers. Et la Grèce paie cher le sauvetage des banques prédatrices, par la spoliation des pauvres, qui n'y sont pour rien.
L'auteur ajoute que, normalement, les conditions dictées par les créanciers à des débiteurs en difficulté sont conçues pour accroître leurs chances d'être remboursés. La Troïka a fait le contraire, en conduisant le pays à la ruine. Cette aberration a de multiples explications : l'idéologie, l'incapacité à se dédire et à reconnaître qu'on s'est trompé, le refus de la réalité, mais aussi l'occasion saisie d'imposer à la Grèce un cadre économique impossible à obtenir par les urnes. On a réécrit les règles de l'économie de marché au bénéfice de quelques-uns. La Banque centrale européenne, par exemple, a obligé les états à assumer les dettes de leurs banques, ce qui est contraire aux lois ordinaires du capitalisme : l’État n'intervient pas tant que les actionnaires n'ont pas donné tout ce qu'ils pouvaient.
Le diable gît dans les détails. Et quels détails ! Les Grecs adorent leur lait frais, produit localement et livré aussitôt. Mais en 2014, la Troïka a imposé la suppression du mot frais sur les étiquettes, avec pour effet d'ouvrir le marché grec au lait hollandais. L'augmentation de la tva sur l'activité touristique visait à alimenter les caisses de l’État grec ; en dissuadant les touristes, il aura l'effet inverse. Mais la palme de l'aberration revient sans doute à la mesure imposée aux PME, qui constituent plus de 80 % de l'économie grecque, de payer leurs impôts un an à l'avance, ce qui est une puissante barrière à l'entrée en activité.
Résumons : si la Grèce est en dépression, ce n'est pas parce qu'elle n'a pas fait ce que l'Eurogroupe lui demandait de faire, mais parce qu'elle l'a fait. Toujours et partout, l'austérité a échoué. On se demande bien pourquoi la Troïka a pensé que, cette fois, ce serait différent...
Y a-t-il des solutions ?
Quatre chapitres du livre sont consacrés aux issues possibles à cette crise de l'Euro. L'Euro peut très bien fonctionner, nous dit Stiglitz, et il énumère les réformes nécessaires. Mais il ajoute que la position de l'Allemagne est un obstacle majeur : pour elle, la zone Euro n'est pas une union de transferts.Si cela ne change pas, un divorce (monétaire) à l'amiable ne serait pas la fin du monde. Car le projet européen est trop important pour qu'on laisse l'Euro le détruire. Une seule chose est néanmoins certaine : le statu quo n'est plus possible.
Même s'il est d'une lecture aisée, il est difficile de rendre, en quelques lignes, la richesse de ce livre de 400 pages. Un conseil : lisez-le.
Michel Brouyaux (ancien libraire et lecteur passionné et passionnant)
Paru en septembre 2016 - existe aussi en format numérique.