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Aujourd'hui, chacun d'entre nous connaît au moins une personne qui fait du skate, mais qui connaît encore l'origine de ce sport de glisse? Christophe Perez s'emploie à retracer l'histoire du skateboard, dérivé du surf et précurseur du snowboard, dans ce livre richement illustré et découpé en 12 chapitres chronologiques. Ces trois disciplines sont devenues des phénomènes sociaux importants du 20e siècle et des emblèmes de la contre-culture, tout comme de la jeunesse anti-conformiste des années 1960 à nos jours. Sport de rébellion, le skateboard a influencé aussi bien les arts plastiques que la musique, la mode ou la photographie, et a donné naissance à de nombreuses vocations d'adolescents. C'est avec un plaisir non dissimulé que nous retrouvons au fil des pages les figures légendaires de ces sports de glisse que sont Tony Hawk, Kelly Slater ou autre Shaun White, à travers des photographies qui sont les témoins de toute la beauté (mais aussi de la prise de risque) de ces sports. Un must pour tous les amateurs de sports de glisse et/ou de contre-cultures !
Catherine D.
Paru en octobre 2018 pour la nouvelle édition; initialement édité en 2014, il a reçu le prix Sportel 2014, décerné par le Comité olympique français.
La Société de Géographie, créée en 1821 à Paris, a récolté d’immenses collections de photographies, réalisées lors des premiers voyages d’explorateurs partis à la découverte du vaste monde, dans des contrées encore inconnues. L’ouvrage présente ici ces premières images, réalisées selon différents procédés comme les tirages albuminés, négatifs sur verre, positifs de projection, cyanotypes, et qui témoignent toutes du travail de documentation entrepris par le voyageur photographe. Ces photographies sont non seulement chargées d’histoire, mais également porteuses d’idéologies, comme le souligne très justement Olivier Loiseaux, conservateur en chef du département des Cartes et Plans de la BnF, où il est en charge des collections de la Société de Géographie. Ces photographies nous rappellent le temps lointain où les rues de Buenos Aires étaient désertes, où le Spinx n’était pas encore désensablé, où les esclaves étaient encore enchaînés et où, parfois, l’ethnologue se transformait en colon dominant. Ce superbe ouvrage essentiel pour tout amateur d’histoire de la photographie nous rappelle que la photographie est un “outil de déchiffrement et de mémoire du monde”.
Pour les passionnés, sachez que depuis 1997, la BnF numérise cet important fonds de plus de 145 000 photographies, disponibles sur les sites Gallica et Gallica intra muros. Et pour aller plus loin, n'hésitez pas à vous plonger dans le magnifique roman graphique Etunwan, qui met en scène une expédition scientifique chargée de faire le relevé cartographique de la région des Montagnes Rocheuses en 1867 et dont le photographe, Joseph Wallace, va revenir bouleversé...
Catherine D.
Paru en octobre 2018.
Dominique A se dévoile et nous révèle des instants de sa vie d’homme et d’artiste, dans cette biographie tout en intimité et en chansons... Un pur moment de bonheur, et l’on se surprend à chantonner Le courage des oiseaux, En surface (duo avec Etienne Daho) ou encore Eléor. Beau !
Catherine D.
Paru en octobre 2018. Existe aussi au format numérique.
Le Centre Pompidou-Metz nous convie à une balade nocturne au sein de l’exposition ouverte et généreuse, Peindre la nuit (exposition à voir jusqu’au 15 avril 2019). Le catalogue édité pour l’occasion offre une vision romantique de la nuit, grâce aux oeuvres d’artistes des 20e et 21e siècles, comme, pour n’en citer que quelques-uns, René Magritte, Edward Hopper, Van Gogh, Marcel Duchamp, Paul Klee, Eugène Bennett, Henri Michaux, Caspar David Friedrich, Anselm Kiefer, Francis Bacon... Superbe !
Catherine D.
Paru en octobre 2018.
Ce sont 40 années de créations originales qui sont retracées ici, sous la forme de plus de 300 dessins originaux, de lettres manuscrites, de témoignages de sa proche collaboratrice, de photographies, le tout puisé dans les archives personnelles de la maison Kenzo. Arrivé à Paris à l’aube de l’année 1965 et âgé de moins de 25 ans, le jeune japonais va très vite s’imprégner de l’ambiance parisienne et créer sa première boutique en mars 1970. Ce sera le premier défilé du couturier qui va à contre-courant des codes du milieu : le ton est joyeux, les mannequins rient, la place est aux couleurs et aux vêtements amples. Un style est né, le style Kenzo qui révolutionne la mode et casse les conventions en proposant une collection ethnique, colorée, nomade qui perdure encore aujourd’hui !
Catherine D.
Paru en novembre 2018
Voici un ouvrage magnifique qui ravira les créateurs de tous horizons, tant la diversité des palettes de couleurs proposées est riche et variée. Présentés selon un ordre chronologique qui nous emporte du 15e siècle aux années 2000, les 115 textiles et papiers peints présentés ont été sélectionnés davantage pour leur beauté (subjective, il est vrai) que pour la représentativité de leur époque. Nous voyageons de France en Turquie, en passant par l’Angleterre, le Pérou et le Japon, et découvrons les différentes modes de décoration d’intérieur, qui ne cessent d’inspirer les artistes encore aujourd’hui. Chaque détail de textile est accompagné d’une grille de couleurs et peut être visionné dans son entièreté sur le site du musée londonien Victoria & Albert Museum. Inspirant !
Catherine D.
Paru en octobre 2018.
Une histoire vagabonde des musiciens et de leurs oeuvres Ce petit opus plaira aussi bien aux amateurs de musique qu’à ceux de jeux de langage, tant il est plaisant de découvrir ces anagrammes et les histoires qui les accompagnent ! On y croise Debussy, Beethoven, Bach, Chopin, Satie, Maria Callas, le tango et la valse, mais aussi les Beatles, Portishead, La Compagnie Créole, Alice au pays des merveilles, Beaudelaire, Gainsbourg, René Magritte, Charles Trenet, Alice Cooper et bien d’autres. Un exemple pour la route ? The Beatles devient The best ale, et on vous explique même pourquoi !
Catherine D.
Paru en novembre 2018. Existe aussi au format numérique.
Parce que quoi d'autre après plus rien?
Sophie Calle dédie ce magnifique ouvrage au photographe Denis Roche, disparu en 2015, à l’origine de cette nouvelle proposition artistique. Déclic, c’est le bruit réalisé par l’appareil photo à l’instant de la prise de vue, c’est exactement le temps de ce déclic que les photographies de Denis Roche ont pu être vues par le public d’une exposition à Arles en 1985... Sophie Calle reprend l’idée et nous offre trente-deux instantanés de sa vie, accompagnés d’un texte bref, qui se dévoilent entre deux feuillets et que nous pouvons décider de regarder avant ou après avoir lu le texte dont le sens éclaire ou non l’image. Subtil, drôle et beau !
Catherine D.
Paru en octobre 2018.
On avait adoré Comment j’ai rencontré les poissons, on poursuit la découverte de l’oeuvre du journaliste, écrivain et multi-tâches Ota Pavel dans ce nouveau recueil d’articles intitulé A chacun sa part de gâteau. Composé de quinze récits contant les exploits et déconvenues d’athlètes de haut niveau, ce recueil nous touche par l’empathie qui se dégage de l’écriture sensible et émouvante de son auteur, lui-même sportif, qui a côtoyé chacun de ces sportifs de différentes disciplines (vol à voile, cyclisme, ping-pong, gymnastique, football, canoé, hockey) jusqu’à, pour certains, devenir leur ami proche. Il rend justice, sans larmes ni fanfare mais tout en finesse, à leur souffrance et à leur capacité d’abnégation. Un très bel hommage à de grands champions !
Ils ne seront plus jamais champions du monde.
Mais est-ce que tout le monde peut et doit devenir champion du monde?
Catherine D.
Paru en octobre 2018, traduit du tchèque par Barbora Faure.
Alors qu’il vit sous protection policière, Roberto Saviano voit l’âge des caïds de son quartier baisser drastiquement. Il se lance alors dans la rédaction de ce roman choquant, de par son sujet qui colle trop à la réalité napolitaine et symptomatique d’autres grandes villes gangrénées par la mafia. En utilisant la comparaison avec les bancs de piranhas, Roberto Saviano nous plonge dans l’univers de ces baby-gangs, composés de jeunes adolescents armés (de 10 à 18 ans) qui ne rêvent que d’une vie criminelle, même si parfois écourtée, pleine de pouvoir, de fric et de gloire à diffuser à coups de publications chocs sur les réseaux sociaux, tellement préférable à une vie rangée et studieuse. Violent et glaçant.
Catherine D.
Paru en octobre 2018, traduit de l’italien par Vincent Raynaud. Existe aussi au format numérique.
Fable écologique, roman choral et initiatique, réflexion humaniste et plaidoyer environnemental en faveur du monde végétal, c’est tout ce qui nourrit, et bien plus encore, cet Arbre Monde du génial Richard Powers. On y découvre et on s’attache inexorablement aux destins des 9 personnages principaux, chacun relié à une essence végétale particulière, et qui vont se rencontrer, s’aimer parfois, s’entraider surtout, à l’image de ces arbres dont la botaniste fictive Patricia Westerford va s’attacher à comprendre le système de communication et d’interdépendance. Ici, ce sont les arbres les héros, l’humain doit se réinventer et reprendre sa place dans une vision holistique du monde... Coup de coeur absolu !
Catherine D.
Paru en septembre 2018, traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Serge Chauvin. Existe aussi au format numérique.
Pourquoi écrivons-nous ? Irruption du cœur.
Parce que nous ne pouvons pas simplement vivre.
La création, et le geste créatif, sont au coeur de ce texte qui nous livre les impressions de Patti Smith lors d’un voyage à Paris et alentours; impressions qu’elle intériorisera et transformera pour en écrire la nouvelle qui donne son titre à ce livre, Dévotion. Magnifique, tout simplement !
Catherine D.
Paru en novembre 2018. Existe aussi au format numérique.
James Baldwin nous propose une lecture personnelle des films qu’il a découverts étant encore un enfant, en compagnie d’une jeune enseignante blanche, et puis plus tard, tandis qu'il est invité à écrire le scénario du film de Alex Haley et Malcom X L’autobiographie de Malcom X, scénario qui n’a pas abouti... C’est surtout l’occasion de découvrir le gouffre qui sépare le monde représenté à et par Hollywood et son propre monde, et de mieux comprendre la naissance d’une identité et d’un écrivain noir vivant au sein d’une société profondément ancrée dans une vision manichéenne de la vie. James Baldwin revient sur des films comme Naissance d’une nation, Lawrence d’Arabie, L’Exorciste, ou encore J’irai cracher sur vos tombes, et développe un regard acéré sur les fantasmes, illusions et préjugés véhiculés dans ces oeuvres qui ont marqué sa vie. Brillant !
Catherine D.
Paru en septembre 2018, traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Pauline Soulat. Existe aussi au format numérique.
Nicéphore Niepce et Edouard-Léon Scott de Martinville sont les inventeurs respectivement de la photographie et du phonographe; mais qui se souvient encore d'eux? Christophe Donner excelle à leur redonner vie, dans le tourbillon d'une France et d'un 19e siècle plein de promesses et d'innovations technologiques, de liberté, de passion(s) et de savoirs. Touchant, drôle et instructif, à lire !
Catherine D.
Paru en août 2018. Existe aussi au format numérique.
Il s'agit de la biographie romancée et poétique de la première femme peintre grecque, Eléni Altamura-Boukoura (1821-1900). Nous partons sur les traces de cette artiste sauvage, libre et fascinante, qui n'hésitait pas à voler les restes de bougies du pensionnat pour enfreindre l'interdit et peindre durant la nuit, ou encore à se travestir en homme pour intégrer les académies des Beaux-Arts de Rome, Naples et Florence, alors réservées aux seuls hommes. Elle pourra ainsi y assouvir sa passion pour la peinture, tout apprendre de cet art qui la prend tout entière et tomber éperdument amoureuse de celui qui la convertira au catholicisme pour pouvoir l'épouser, qui lui donnera trois enfants et l'abandonnera dix ans plus tard... De retour dans sa maison natale, elle sombre dans la mélancolie, brûle ses tableaux, entreprend de se raconter et tombe dans l'oubli collectif. C'est aussi, à travers le destin méconnu de cette artiste brillante, tout un pan de la culture grecque et de ses mythes qui nous est dévoilé, tout le long de ce 19e siècle européen jalonné de bouleversements politiques majeurs. On remercie chaleureusement les éditions Cambourakis de traduire en français ce roman important de l'auteure grecque Rhéa Galinaki !
Catherine D.
Paru en août 2018, traduit du grec par René Bouchet.
Un voyage méconnu réalisé par Frida Khalo à Paris, en 1939. Frida Khalo n'a pas encore acquis la notoriété qu'on lui connaît aujourd'hui, mais elle est invitée à montrer quelques oeuvres dans le cadre d'une exposition initiée par les surréalistes français, dont André Breton évidemment, mais aussi Pablo Picasso, Dora Maar et quelques autres. Elle rencontre Michel Petitjean, le père du narrateur, avec lequel elle va vivre une brève mais intense et passionnée relation amoureuse, au point de lui offrir en guise de cadeau d'adieu "Le Coeur", tableau sublime, intime et énigmatique. Marc Petitjean cherche à comprendre la force de cette relation et évoque tout en doucuer le quotidien parisien de cette artiste engagée, à la veille d'une guerre dévastatrice. Lumineux!
Catherine D.
Paru en août 2018.
Encore une pépite publiée par les géniales éditions Allia !
Herman Van Breda, prêtre franciscain et philosophe, est doctorant dans les années 1930 et s'intéresse à la phénoménologie d'Husserl, philosophe allemand d'origine juive qui décède en 1938. A ce moment-là, Van Breda prend conscience que les travaux d'Husserl (ses nombreuses notes et archives, et sa bibliothèque) sont en danger, vu la montée du nazisme et l'hostilité du régime vis-à-vis de tous les penseurs et scientifiques juifs. Herman Van Breda va alors se rendre chez l'épouse d'Husserl, à Fribourg, là où la majorité des ses archives sont conservées, et mettre sur pied le sauvetage de ses documents, et leur conservation jusqu'à la fin de la guerre.
C'est le récit de ce sauvetage que Van Breda rédige en 1958 et que les éditions Allia rééditent aujourd'hui dans leur très belle petite collection à 6,20€. Cela peut sembler anecdotique et peut-être pas très passionnant comme sujet... Détrompez-vous! Cela se lit d'une traite, comme un récit d'espionnage. C'est aussi un excellent portrait de l'année 1938 en Allemagne et de la montée en puissance du régime nazi. Et c'est un bel éclairage sur le danger que courent les philosophes et les penseurs dans un régime totalitaire.
Ce sauvetage a permis non seulement de créer à Louvain le Fond des Archives Husserl qui est encore aujourd'hui reconnu internationalement, mais aussi et surtout de rendre accessibles, dans l'après-guerre, les idées du philosophe Husserl, père de la phénoménologie.
Catherine
Paru en octobre 2018.
1948, Atlanta. Huit policiers "de couleur" sont, pour la première fois dans l'histoire de la ville, engagés pour intégrer le corps de police de la ville d'Atlanta. Cependant, des lois ségrégationnistes sont toujours d'application, les policiers noirs ne peuvent en effet pas rentrer dans le commissariat de police, ni travailler dans les mêmes bureaux que leurs confrères, ni avoir accès aux mêmes dossiers et aux mêmes sources d'information.
Un soir, une patrouille de policiers noirs intercepte une voiture conduite par un blanc qui vient de percuter un réverbère. A son bord, une jeune fille noire l'accompagne et il semble être violent avec elle. Une autre patrouille (de policiers blancs cette fois) arrive rapidement sur les lieux et chasse les policiers noirs pour s'occuper elle-même de cette affaire. Quelques jours plus tard, le corps sans vie d'une jeune fille est retrouvée, celle-ci est noire et personne au commissariat ne semble vouloir s'intéresser à ce qui s'apparente pourtant à un homicide. Enfin, presque personne... Car dans l'ombre, plusieurs individus vont se pencher sur cette affaire.
Ce polar très bien écrit et très bien traduit nous entraîne donc aux Etats-Unis et dresse un portrait de cette époque pas si lointaine où le racisme était décomplexé, et où des lois absurdes restreignaient fortement la liberté de certains êtres humains. C'est donc à la fois un très bon roman historique mais également un excellent polar, car l'intrigue est intéressante et bien ficelée. Un livre qui se dévore en quelques jours.
Catherine
Paru en septembre 2018, traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Anne-Marie Carrière. Existe aussi en format numérique.
David Graeber, anthropologue et économiste anglais, s'intéresse depuis de longues années au monde du travail. Il avait publié il y a quelques années un grand ouvrage sur la dette qui était déjà passionnant, ainsi qu'un livre sur la bureaucratie. Ici, Graeber nous présente un travail de plusieurs années autour de la notion de "bullshit jobs", qu'on pourrait traduire en français par "jobs à la con", "jobs vides de sens". Il ne s'agit donc pas de métiers pénibles physiquement, mais bien des activités professionnelles dont on ne perçoit pas le sens, l'utilité.
Tout est parti d'un article que Graeber avait écrit sur cette question, article paru dans de nombreux journaux de par le monde et qui a suscité de multiples réactions. L'auteur a reçu suite à cette publication beaucoup de témoignages de personnes qui se retrouvaient tout à fait dans ce qui était présenté dans l'article (avocats d'affaire, agents en télémarketing, consultants, huissiers, managers, fonctionnaires,...).
Il s'est alors décidé à approfondir cette question et pendant plusieurs années, il a collecté les témoignages, a analysé les études réalisées dans plusieurs pays sur cette question, celle de l'utilité perçue de son emploi par le travailleur lui-même. Les chiffres proposés sont impressionnants, voire inquiétants, car il estime qu'en Grande-Bretagne, par exemple, 30 à 40 % des travailleurs souffrent de ce sentiment d'inutilité sociale. Dans le livre, plusieurs pistes sont proposées pour comprendre ce phénomène. En effet, comment se fait-il que nous ne travaillions pas moins qu'il y a 50 ans (l'économiste Keynes avait en effet prédit dans les années 1930 qu'à la fin du vingtième siècle, les avancées technologiques permettrait de réduire la journée de travail à 3 ou 4 heures) ? Notre monde est-il en train de produire des boulots inutiles pour nous occuper ?
Intéressant aussi de découvrir que ces boulots vides de sens ne se cantonnent pas à une certaine catégorie d'emplois, mais sont disséminés dans tous les secteurs d'activité, et à tous les niveaux de pouvoirs des entreprises et des administrations.
Voici donc un ouvrage bien actuel, tout à fait pertinent et percutant, et pour couronner le tout, écrit avec humour. Une lecture instructive et agréable.
Catherine
Paru en septembre 20187. Existe aussi en format numérique.
De l'histoire d'amour et du mariage de Sylvia Plath et Ted Hughes, on ne connaît généralement que la version de la première, abondamment détaillée dans ses lettres et ses journaux. Son époux, quant à lui, refusait de s'exprimer à son sujet après son tragique suicide, souhaitant avant tout protéger leurs deux enfants. Ce n'est qu'en 1998, quelques mois avant son propre décès, qu'il publiera Birthday Letters, un recueil de poèmes dédié à Plath. Souvent accusé d'avoir causé la mort de celle-ci, dépeint comme un époux cruel et coureur de jupons, il a stoïquement encaissé les attaques et les ragots durant trente-cinq ans.
Connie Palmen lui donne une voix dans ce roman qui se lit comme un récit, basé sur les œuvres des deux poètes et sur les nombreuses biographies qui leur ont été consacrées, et apporte une nuance bienvenue au mythe de ce couple iconique. Sous sa plume, on découvre un Ted fou amoureux de "[sa] jeune épouse", plein de compassion pour elle, sa maladie mentale et ses démons intérieurs, l'encourageant à trouver sa voix poétique. Le texte évoque leur rencontre, leur vie commune, leur complicité et leur complémentarité, sans pour autant romantiser les drames vécus par l'un et l'autre.
Une très bonne lecture à propos de deux poètes ayant marqué le XXème siècle par leur œuvre et leur vie.
Hélène
Paru en octobre 2018, traduit du néerlandais par Arlette Ounanian. Disponible aussi en version numérique.
Mary Beard, brillante spécialiste britannique du monde gréco-romain et Professeure à Cambridge (elle est notamment l'auteure de SPQR), examine dans ce manifeste les racines antiques de la misogynie et de la violence à l'égard des femmes qui s'expriment fort, qui dénoncent; qui briguent ou occupent des positions de pouvoir.
Ses exemples sont tirés de l'Histoire, de la politique contemporaine et de son propre vécu, et le texte est émaillé de références visuelles, photos ou dessins.
Comme souvent à la lecture d'un essai féministe, on est consterné.e par ce que l'on apprend et encouragé.e à ouvrir grand les yeux. Un petit livre édifiant.
Hélène
Paru en septembre 2018. Traduit par Simon Duran. Existe aussi au format numérique.
La chroniqueuse judiciaire Elise Costa rassemble un un ouvrage une cinquantaine d'histoires intrigantes liées à la littérature et aux écrivains.
Découvrez qui se cache derrière Des Cornichons au chocolat; pourquoi la jeune Anne Perry a passé cinq ans derrière les barreaux en Nouvelle-Zélande; ou encore le drôle de rituel qui rassemble annuellement, au cimetière, les admirateurs d'Edgar Allan Poe...
Ça se picore par petits bouts ou ça se dévore au coin du feu. Une lecture automnale, mystérieuse, pour les amateurs de trivia et de livres.
Hélène
Paru en octobre 2018. Existe aussi au format numérique.
Quel style ! Quel texte ! Catherine Poulain nous éblouit tant son écriture est belle, à la fois aérienne, et terreuse ; travaillée, sans être ampoulée.
Dans ce deuxième roman, deux personnages féminins sont à l'avant de la scène : Rosalinde et Mounia. Deux personnalités hors du commun, deux destins tragiques, deux âmes solitaires, deux femmes libres. Nous sommes dans le sud de la France, dans des villages agricoles où les saisonniers débarquent en fonction des récoltes et selon la main d’œuvre recherchée par les propriétaires (vendange, récolte des abricots, des olives...). Ces deux femmes font toutes les deux parties de cette horde de saisonniers qui sillonnent la campagne à la recherche d'un boulot pour quelques jours, d'un toit, et d'un bar où passer quelques heures après les longues journées de travail.
De nombreux personnages secondaires émaillent aussi ce roman, des bras cassés en grande partie, des errants. On sent que tous ces individus portent des histoires dures en eux, des secrets. Ils plongent dans le travail et l'alcool pour fuir une autre vie, une famille, un passé... et malgré la dureté de leur vie, de leurs actions, on s'attache à certains d'entre eux, on palpite avec eux, on fuit dans leurs pas, on rêve avec eux d'une vie plus douce.
Catherine Poulain nous emmène avec brio dans cet univers des ouvriers agricoles, un sujet particulièrement intéressant, et plutôt méconnu par les habitants du Nord que nous sommes (enfin moi en tout cas). On ne sort pas tout à fait indemne de cette lecture car la violence et la dureté sont bien au rendez-vous, il n'en reste pas moins que c'est un rendez-vous littéraire incontournable de cette année 2018.
Catherine M.
Paru en octobre 2018. Existe également en format numérique.
Dans ce nouveau roman, Pascal Manoukian nous montre que la lutte des classes est loin d’être terminée.
Dans une petite ville de l'Oise, dans une petite banlieue pavillonnaire, on découvre Léa, fille de Aline et Christophe, tous deux ouvriers dans des usines de la région. La famille arrive à joindre les deux bouts, est propriétaire d'une petite maison et Léa est en train de passer son bac. Or, dans la même année, les deux usines vont se restructurer et délocaliser une partie de leurs activités. Une partie des travailleurs va donc être mise à la porte. Ce genre de situation est relayé chaque semaine dans nos journaux, et ce que réussit admirablement Pascal Manoukian, c’est de nous faire vivre cette réalité depuis l’intérieur d’une famille ; une famille qui voit ses revenus diminuer fortement tout en ayant une forte conscience de ce qu’elle vit. Les parents tentent alors tant bien que mal de masquer la réalité aux enfants ; et les enfants tentent tant bien que mal de briller dans leurs études pour donner l’illusion à leurs parents qu’ils changeront de classe sociale, qu’ils gagneront mieux leur vie qu’eux, qu’ils quitteront ce ghetto...
Voici un vrai roman social qui parle de déclassement, de fracture sociale. Un livre fort qui se lit d'une traite, un livre un peu dérangeant car il nous parle d'une réalité toute proche de nous, un livre essentiel et qu'il faudrait que tous les dirigeants d'entreprise et les dirigeants européens lisent...
Nous recevons l'auteur le mardi 6 novembre à 19h30 à la librairie.
Catherine M.
Paru en août 2018. Existe aussi en format numérique.
Mona Chollet, journaliste au Monde Diplomatique et auteure de Beauté Fatale et Chez soi (que nous avions déjà beaucoup aimés), revient avec une analyse passionnante des conséquences des chasses aux sorcières européennes des 16ème et 17ème siècles sur la société contemporaine. Chollet revient sur la persécution quasiment systématique de ces femmes souvent indépendantes ou vieillissantes et sur la façon parfois déformée ou folklorique dont nous nous souvenons de ces événements. Elle souligne à quel point cette époque a marqué les représentations, dont nous sommes encore imprégné.e.s aujourd'hui, de "ce que sont les femmes".
Indépendance des femmes, institution de la maternité, peur du vieillissement des corps et mépris des formes de rationalité prenant l'intuition et l'émotivité en compte : en quatre chapitres nets, étayés, rédhibitoires, Mona Chollet "met ce monde cul par dessus tête", pour reprendre une expression qu'elle cite fort à propos et, comme lectrice, on peut avoir diablement l'impression qu'elle le remet à l'endroit ! Où du moins, qu'elle ouvre à chacun et chacune la possibilité d'y trouver sa juste place.
Cet essai se lit comme un roman et remalaxe les évidences avec maestria. Passionnant, revigorant, jubilatoire.
Hélène et Natacha