Quel style ! Quel texte ! Catherine Poulain nous éblouit tant son écriture est belle, à la fois aérienne, et terreuse ; travaillée, sans être ampoulée.
Dans ce deuxième roman, deux personnages féminins sont à l'avant de la scène : Rosalinde et Mounia. Deux personnalités hors du commun, deux destins tragiques, deux âmes solitaires, deux femmes libres. Nous sommes dans le sud de la France, dans des villages agricoles où les saisonniers débarquent en fonction des récoltes et selon la main d’œuvre recherchée par les propriétaires (vendange, récolte des abricots, des olives...). Ces deux femmes font toutes les deux parties de cette horde de saisonniers qui sillonnent la campagne à la recherche d'un boulot pour quelques jours, d'un toit, et d'un bar où passer quelques heures après les longues journées de travail.
De nombreux personnages secondaires émaillent aussi ce roman, des bras cassés en grande partie, des errants. On sent que tous ces individus portent des histoires dures en eux, des secrets. Ils plongent dans le travail et l'alcool pour fuir une autre vie, une famille, un passé... et malgré la dureté de leur vie, de leurs actions, on s'attache à certains d'entre eux, on palpite avec eux, on fuit dans leurs pas, on rêve avec eux d'une vie plus douce.
Catherine Poulain nous emmène avec brio dans cet univers des ouvriers agricoles, un sujet particulièrement intéressant, et plutôt méconnu par les habitants du Nord que nous sommes (enfin moi en tout cas). On ne sort pas tout à fait indemne de cette lecture car la violence et la dureté sont bien au rendez-vous, il n'en reste pas moins que c'est un rendez-vous littéraire incontournable de cette année 2018.
Catherine M.
Paru en octobre 2018. Existe également en format numérique.