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Une voiture est retrouvée dans la rivière, mais son conducteur, Peter Elphinstone, s'est évaporé et est présumé mort... Qui l'a fait disparaître? Son épouse, Diana Jager, chirurgienne respectée autant que haïe, autrice anonyme d'un blog "Sexisme en chirurgie" qui dénonçait les actes de misogynie dans le milieu médical et qui lui a valu le surnom de "Bladebitch"? C'est ce que semble croire la soeur du présumé mort, Lucy, qui charge alors le sulfureux journaliste-enquêteur Jack Parlabane de mener l'enquête... Une enquête aux multiples rebondissements, à la construction narrative riche en fausses pistes et tromperies, pour laquelle Chris Brookmyre utilise différents points de vue qui nous font remonter aux sources de ce drame et font de cette histoire un redoutable thriller psychologique un brin féministe !
Catherine D.
Paru en avril 2019, traduit de l'anglais (Ecosse) par Céline Schwaller. Existe aussi au format numérique.
Un diptyque à l'atmosphère onirique envoûtante signé par un des maîtres de la littérature japonaise contemporaine : Haruki Murakami himself ! L'auteur promène le lecteur sur le fil narratif tendu entre le réel et l'imaginaire... Un "polar" fantastique qui nous tient en haleine et nous transporte par la beauté de son écriture !
Delphine
Paru en octobre 2018 en 2 tomes. Existe aussi au format numérique.
De son écriture délicate et attachante, Gaëlle Josse nous livre le portrait sensible et troublant d’une femme artiste, comme elle, d’une femme photographe passionnée par les visages, comme elle, d’une vie parsemée de silences, d’absences, d’une femme si discrète à l’enfance tragique qui fut une nurse aimante et lointaine à la fois, d’une artiste insaisissable dont l’oeuvre fut découverte par hasard et qui fait d’elle, à titre posthume, l’une des plus grandes photographes de rue au monde. Avec une sensibilité à fleur de mots, Gaëlle Josse nous conte l’histoire de la mystérieuse Vivian Maier, entre zones d’ombre et révélations, comme un négatif se révélant délicatement à la lumière du monde, avec tous ses possibles et les espoirs qu’il porte en son grain...
Catherine D.
Paru en avril 2019. Existe aussi au format numérique.
L’Empreinte oscille entre thriller psychologique, récit autobiographique et journalisme d’investigation. Alexandria Marzano-Lesnevich nous emporte au coeur de dix années de réflexions, avec comme point de départ son stage auprès d’un bureau d’avocats qui lui confie la défense de Rickey Langley, détenu dans le couloir de la mort en Louisiane, pédophile accusé d’avoir tué un enfant de 6 ans, Jeremy Guillory, en 1992. Farouchement opposée à la pein de mort, ses certitudes vacillent lors de sa rencontre avec Rickey Langley, et c’est tout un pan de son enfance et adolescence qui resurgit viollemment tout au long de son enquête et qui fait écho à son propre vécu, celui d’une enfant abusée sexuellement par son grand-père. D’une écriture bienveillante mais puissante, ce récit cathartique se lit d’une traite, le souffle coupé, nos certitudes égarées, le pardon à portée de main et la résilience au bout du chemin.
Catherine D.
Paru en janvier 2019, traduit de l’anglais (USA) par Héloïse Esquié. Existe aussi en format numérique.
La vie est un jeu où la chance se présente parfois sous l’artifice de la distraction... Un mari distrait, qui perd son agenda Hermès et en achète un “nouveau” en tout point semblable sur internet, dans lequel son propriétaire a lui-même oublié le petit répertoire téléphonique resté caché dans la pochette arrière dudit carnet, datant de 1951. Et puis, la curiosité : Brigitte Benkemoun n’attend pas le retour de son mari pour ouvrir le carnet, découvrir le répertoire et commencer à le parcourir, allant de surprise en surprise : Breton, Brassaï, Chagall, Cocteau, Eluard, Laca, Staël, Picasso... Trois mois seront nécessaires pour découvrir que ce répertoire appartient à Dora Maar, grande photographe proche des surréalistes et surtout “la femme qui pleure” de Pablo Picasso!
L'autrice nous propose un jeu de piste original et édifiant, dans lequel la personnalité de la muse de Picasso se dévoile, de l’élégance mâtinée de folie de ses jeunes années au fracas de sa bigoterie saupoudrée d’idéologie antisémite, en passant par les consultations psychiatriques, le désamour, la solitude. Un récit hors norme pour raconter un destin flamboyant !
Catherine D.
Paru en mai 2019. Existe aussi au format numérique.
Quel plaisir de retrouver l’écriture fluide et le style de William Boyd! Cette fois, il nous emmène à la suite du jeune Brodie Moncur, fils d’un pasteur intraitable et accordeur surdoué à l’oreille absolue, employé d’un fabricant de pianos à Edimbourg en cette fin de 19e siècle. Sa vie est romanesque en diable, entre voyages à Paris, Saint-Pétersbourg ou Vienne et un duel à l’ancienne qui l’enverra s’exiler sur les îles de la côte indienne, le tout sur fond d’amour passionné et absolu, de musique évidemment et de bouleversements du monde. Emotions et aventures sont au rendez-vous pour un roman enthousiasmant !
Catherine D.
Paru en mai 2019, traduit de l'anglais par Isabelle Perrin. Existe aussi au format numérique.
Après Sans lendemain et L'enfer de Church Street, Jake Hinkson revient avec un roman noir plutôt glaçant. Il met en scène Richard Weatherford, pasteur respecté d'une petite ville de l'Arkansas, père de cinq enfants, pilier de sa communauté. En ce week-end de Pâques, son esprit devrait être accaparé par les préparatifs de son sermon et des festivités de l'église. Mais Frère Weatherford a fauté. Et Gary, 19 ans, le menace de révéler son pire secret à la communauté s'il ne s'acquitte pas d'un paiement de $30,000. Commence alors un week-end infernal pour le pasteur, embourbé dans un mensonge dont il ne peut maîtriser tous les aspects, puisque d'autres habitants de la ville vont se trouver mêlés à l'affaire.
Jake Hinkson a le chic pour dévoiler la noirceur des âmes, et ce roman haletant (l'action se déroule sur quelques heures seulement) en fait une nouvelle fois la démonstration. Les lecteurs francophones ont par ailleurs le privilège de l'exclusivité de ce texte, qui ne sortira en langue originale qu'à l'automne.
Hélène
Paru en mai 2019. Traduit de l'anglais (États-Unis) par Sophie Aslanides. Aussi disponible en version numérique.
Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, Nathaniel et sa sœur Rachel sont laissés à Londres par leurs parents, partis travailler en Asie. Ils sont confiés au "Papillon de nuit", l'énigmatique locataire du premier étage. Les deux adolescents, marqués par le départ de leurs parents, cherchent alors de nouveaux repères dans le monde plus ou moins souterrain où évolue leur nouveau tuteur, fait de courses de lévriers importés du continent et de promenades nocturnes sur la Tamise. Nathaniel, une fois adulte, revient sur cette époque de formation et tâche de faire la lumière sur ce qui se déroulait alors, au-delà de sa propre expérience.
Michael Ondaatje redonne vie à un Londres durement touché par le Blitz, et nous livre un roman brumeux où nous avançons à tâtons, tout comme le narrateur, à la recherche d'une vérité partiellement occultée par l'Histoire. Une très bonne lecture dont on ressort plein d'interrogations sur la façon dont sont construits la mémoire et les récits.
Hélène
Paru en avril 2019, traduit de l'anglais (Canada) par Lori Saint-Martin et Paul Gagné. Aussi disponible en version numérique.
Steve et Gretchen ont deux jeunes enfants et viennent de se séparer. Nous les rencontrons chez la conseillère conjugale où, de séance en séance, de bref chapitre en bref chapitre, ils vont tenter de communiquer, de se comprendre, de se parler.
Nous plongeons dans les méandres de l'esprit de leur thérapeute Sandy, tout en intuitions, audace et improvisations inspirées, et nous voyons petit à petit le couple bouger...
Cette lecture intelligente et pourtant légère est savoureuse, émouvante, drôle. Elle fait passer une excellente soirée, et laisse ensuite son subtil parfum voyager dans la maison.
Natacha
Paru en janvier 2019. Traduit de l'anglais (États-Unis) par Marc Amfreville.
Tout le monde n’a pas la chance d’être descendant d’un grand aventurier explorateur… Quand la jeune Olivia Burton découvre que Sir Richard Francis Burton, célèbre explorateur du XIXe siècle, serait peut-être son aïeul, elle se lance dans une quête effrénée pour remonter aux sources de son arbre généalogique, tout comme son potentiel aïeul s’était démené pour remonter aux sources… du Nil ! La jeune femme prend une pause carrière pour suivre les traces de l’aventurier aussi érudit qu’original, depuis l’Angleterre jusqu’à l’Afrique, Zanzibar, la Tanzanie, le Kenya… Cet amusant et épicé roman graphique se lit comme un récit de voyage, rythmé par les découvertes et les déconvenues de sa jeune héroïne.
Les passionnantes tribulations d’Olivia Burton sont servies par le dessin expressif de Mahi Grand qui nous propose des ambiances colorées contrastées (tons sépia pour le récit d’Olivia / tons chauds pour le récit de la vie de l’explorateur). Un très agréable moment de lecture !
Delphine
Paru en mars 2019.
La narratrice, Laure, par l'entremise de feu son ami Léo, lâche tout pour partir sur les traces de Stendhal et de son roman "La Chartreuse de Parme". Ce sera une quête aux souvenirs : des vacances sur une plage en Normandie dans les années '60 aux voyages récents à Bologne, en passant par les années étudiantes remplies de théâtre et de cinéma. Michèle Lesbre nous offre un joli roman intimiste empreint de douceur, à l'écriture sobre et élégante qui vous donnera peut-être envie de vous replonger dans les oeuvres de Stendhal, Proust, Pavese, De Luca,... ou de vous lancer sur les traces de Chéreau, Kantor, Calet, Antonioni et bien d'autres encore.
Catherine D.
Publié en février 2019. Existe aussi au format numérique.
Avec ce premier roman, Quentin Jardon nous emmène dans un univers opaque, méconnu du grand public, et qui pourtant s'immisce dans nos vies chaque jour davantage : le web. Qui a créé ce grand réseau mondial qui nous relie ? Comment se sont construits les premières connexions Internet ? Les premiers sites web ? A qui servent-ils et pourquoi ? Qui a financé les recherches qui ont permis à la toile de se déployer ? Quel rôle a joué la communauté scientifique ? Les états ? L'Europe ? Les USA ? Quel était le projet initial des premiers développeurs ?
Pour nous raconter cette histoire, l'auteur nous prend pas la main et nous entraîne dans son enquête avec une plume extrêmement agréable. Le fil conducteur de son récit est le personnage énigmatique du Belge Robert Cailliau, un scientifique retranché dans les montagnes du Jura, qui n'accorde aucune interview, et qui serait pourtant un des co-fondateurs du fameux World Wide Web avec l'Anglais Tim Berners-Lee. Les deux hommes se sont rencontrés à Genève, au CERN, un centre de recherche axé sur la recherche en physique. Ils rêvent de construire une sorte de réseau qui permettrait aux chercheurs de communiquer entre eux en toute liberté. Jardon nous raconte les prémices, la rencontre de ces deux hommes, il leur attribue des traits de caractère, imagine leurs relations et les interactions qu'ils tissent avec des informaticiens qui petit à petit prennent connaissance de leur projet et rejoignent une sorte de communauté virtuelle oeuvrant à l'édification du web. Il enquête aussi sur la suite des évènements, ce qui va se passer aux USA et qui sera déterminant dans le développement du web, l'apparition des URL, du langage html, etc., etc. Toutes des choses dont nous entendons parfois vaguement parler aujourd'hui, que nous utilisons au quotidien mais dont nous ne connaissons pas nécessairement l'origine.
On avait déjà découvert Quentin Jardon dans les articles de Wilfried et de 24h01, on se régalait déjà de ses enquêtes et de son style qui trouve un bel équilibre entre journalisme et littérature, quel plaisir ici de le lire dans un roman tout entier et de s'immerger avec lui dans une investigation minutieuse et acharnée. Le tout nous offre aussi une belle réflexion sur cet outil qui façonne notre monde. Les pionniers rêvaient d'un outil libre, partagé à travers le monde... Qu'est-il advenu de cette utopie aujourd'hui ?
Catherine M
Paru en mai 2019. Existe aussi en format numérique.
Intelligent !
Voilà les premiers mots qui me viennent pour évoquer ce dernier livre de l'auteure franco-canadienne Nancy Huston.
Pas tout à fait un roman, ni tout à fait un essai ni un récit, ce livre nous entraîne dans l'enfance de Pol Pot, le dirigeant des Khmers rouges au Cambodge. On découvre l'histoire de cet homme au sourire impénétrable qui a débuté sa vie dans la campagne cambodgienne, au sein d'une famille nombreuse. Il a fréquenté plusieurs écoles et pensionnats avant de se retrouver à Paris de 1949 à 1953 pour terminer sa formation en ingénierie. A cette époque, il fréquentera les cercles du parti communiste français. Parallèlement à cette histoire, Nancy Huston nous parle aussi d'elle-même, de son enfance, de son arrivée à Paris, de ses rencontres avec les milieux politiques parisiens. Et à travers ces récits, elle démêle les nœuds de l'histoire pour tenter de comprendre comment se construisent des idées politiques et des projets de vie.
Un excellent livre où l'on retrouve l'écriture sensible et envoûtante de Nancy Huston.
Catherine M
Paru en août 2018. Existe aussi en format numérique.
La librairie reçoit l'auteure le mardi 4 juin à 19h30 à l'Espace culturel d'Harscamp.
D.B. John nous embarque en Corée du Nord, au coeur de ce régime dont il y a encore beaucoup à découvrir et à s'étonner, à tel point que l'auteur a jugé utile d'insérer en fin de livre une note permettant aux lecteurs qui le désirent de départager les éléments tirés de faits réels et ceux tirés de faits imaginés.
Suite à la disparation de sa sœur sur une petite île très proche de la Corée du Nord, Jenna n'a pas d'autre choix que de se faire engager par la CIA pour la récupérer;
Le colonel Cho fait une brillante carrière au sein de l'élite à Pyongyang, carrière que des secrets de famille pourraient dangereusement compromettre;
Dans une province dépourvue de presque tout, Mme Moon tente tant bien que mal de survivre, jusqu'à ce qu'un colis de contrebande lui parvienne miraculeusement, ce qui pourrait changer sa vie.
Ces trois vies si différentes vont s'entrecroiser et aucune ne sera à l'abri de l'arbitraire le plus total ... et de la mort. Bien ficelé et bien documenté, un thriller d'espionnage captivant - et dont James Bond n'aurait pas renié le final (on aime ou on n'aime pas)
Gregory
Publié en janvier 2019, traduit de l'anglais (Royaume-Uni) par Antoine Chainas. Existe aussi au format numérique.
Le roman commence par l'histoire d'Ilaria, la quarantaine, à Rome, en 2010, qui, en rentrant d'une journée de travail, trouve sur son palier, un jeune Africain, Shimeta Ietmgeta, qui prétend être le petit-fils du père d'Ilaria, soit son neveu. A partir de cette rencontre, Ilaria va fouiller dans le passé de son père, Attilio Profeti, à ce jour, 93 ans. "Tous sauf moi" a clamé ce dernier tout au long de sa vie, fils chéri de sa mère, beau comme un dieu, Attilio a mené sa vie d'un pied léger, enfouissant le plus souvent sa conscience sous une bonne dose d'opportunisme. Dans son envie de comprendre, Ilaria se met à étudier l'histoire coloniale de l'Italie, les envies de conquête de Mussolini, son projet de colonisation de l'Ethiopie, pour profiter, notamment, de la richesse du sol du pays. Et nous, lecteurs, de suivre, en alternance, les années de jeunesse d'Attilio, l'enfer que vivent les Ethiopiens dans leur parcours migratoire, et l'Italie des années de Berlusconi. Attilio, dans les années 30, épouse les théories fascistes, s'engage dans "les chemises noires", part en Ethiopie, y tombe amoureux, union ignorée de sa famille italienne. Shimeta raconte son parcours, son passage cauchemardesque par la Libye. A travers les découvertes d'Ilaria, c'est toute l'histoire contemporaine de l'Ethiopie qui nous est dévoilée. Francesca Melandri montre comment le passé et le présent se rejoignent. Un demi-millénaire d'histoire coloniale et le présent des grandes migrations ne sont pas deux histoires différentes, mais seulement deux chapitres de la même histoire, de la même longue époque...
Roman foisonnant, bien documenté, passionnant, Francesca Melandri, auteure déjà remarquée des livres Eva dort et Plus haut que la mer, est ici au sommet de son talent.
Véronique
Publié en mars 2019, traduit de l'italien par Daniele Valin. Existe aussi en numérique.
Polar politique enrobé d'une bonne dose d'humour et de dérision... Sandrine Berger, eurodéputé verte française est retrouvée morte dans le hall du Parlement alors qu'elle était sur le point de s'attaquer à une réforme de la réglementation en matière de moteurs diesels...
Au travers d'une problématique actuelle, le scandale des moteurs diesels truqués, voilà une façon originale de se plonger dans l'univers plutôt - et paradoxalement- fermé de l'un des 3 piliers de l'Union européenne, le Parlement, et plus simplement de partager la vie des parlementaires et de leurs assistants. Les deux auteurs ont travaillé pendant plusieurs années dans ces institutions et, même si nous nageons en pleine fiction, certains lecteurs avertis pourraient être tentés de prêter un nom de la scène européenne à certains protagonistes.
Un challenge pas évident mais réussi!
Gregory
Publie en mars 2019
Martin Winckler est de retour avec une fascinante Utopie.
Lecteur avide de tous les genres littéraires, notamment de science-fiction et de suspense, il nous a offert plusieurs romans plutôt réalistes, militants, usant avec brio de tous les ressorts romanesques de ces genres qu'il affectionne pour nous emmener dans des histoires, des vraies histoires avec une chute qu'on attend avidement et des personnages attachants au possible, procurant à la lecture un plaisir sans doute proche de celui qu'éprouve Abraham, un de ses personnages, en lisant les Bob Morane.
Mais dans ses romans, Martin Winckler partage aussi de l'information et des idées. Médecin, il a des idées bien claires sur l'exercice du soin, et des connaissances encyclopédiques dans ce domaine.
Il abordait ainsi les débuts des avortements légaux dans La vacation, l'euthanasie et la fin de vie dans En souvenir d'André, la gynécologie et l'intersexuation (parmi bien d'autres choses) dans le génial Choeur des femmes.
Les deux derniers livres en date, Abraham et fils et Histoires de Franz, nous racontaient l'histoire politique et sociale des Français des années 60 et 70 à travers le regard candide d'un enfant, qui devient adolescent dans le second des deux livres. En toile de fond explicite, toujours, les idées de l'auteur sur la pratique de la médecine.
Et voici qu'avec L'École des soignantes, Martin Winckler nous offre une sorte de suite au Choeur des femmes, grand succès de librairie.
Nous sommes dans les années 2030 et nous retrouvons Jean "Djinn" Atwood, la jeune médecin en formation dans le Choeur des femmes, devenue une personne de référence au Chht!, alias le CHU de Tourmens.
Dans cette enclave où la formation des aides soignantes, des infirmières et des pratiquantes de la médecine a été entièrement réformée, de même que l'organisation des soins, plus rien ne ressemble à un Centre hospitalier des années 2010. Les soigné.e.s (qu’on n’appelle jamais les malades) interviennent dans la formation des soignant.e.s. Tout le monde commence son cursus en tant que soignante pro (anciennement aide soignant.e), puis panseuse (alias infirmier.ère) puis officiante (alias médecin). Etc, etc…
Bref, Martin Winckler nous offre un document qui, tout en restant romanesque, toujours, se pose en proposition de base pour une réforme des soins de santé. Tout simplement. Et à le lire en tant que patiente, on aimerait être soignée dans un tel cadre, respectueux des personnes, quel que soit le côté du soin où elles se trouvent.
Mais l’auteur va plus loin en rendant un sublime hommage aux femmes dans un livre profondément et subversivement non sexiste. On a beaucoup parlé d’écriture inclusive en 2018, avec ses adeptes et ceux qui la trouvaient inepte. Martin Winckler va encore plus loin, en rédigeant l’entièreté de son texte dans une grammaire nouvelle, dans laquelle le féminin l’emporte, nous montrant toute la portée de la grammaire en termes de représentations ! Car à le lire, on a soudain l’impression de vivre dans un monde peuplé de femmes.
L’auteur, convaincu de la légitimité des luttes contre le sexisme et très informé des décodages féministes, a pris grand soin de donner la parole à un narrateur qui est lui-même un homme, afin de ne pas parler à la place d’une femme. Il écrit donc de là où il est : un homme conscient de l’existence d’une domination sociale des hommes sur les femmes, comme une personne non racisée peut être consciente de la domination sociale des non-racisés sur les racisés…dite « des Blancs sur les Noirs ». Mais sans parler à leur place...
La chute rocambolesque de ce roman, que je ne peux révéler, est un autre bouleversant message d’humilité de la part de l’auteur. Plaisir, émotion, enthousiasme, subversion… Bien joué, Martin Winckler. Merveilleux.
Natacha
L'anniversaire est un excellent roman qui mêle suspense et délitement du couple, névroses et jeux d'enfants, le tout au milieu des bois catalans. Un mari et sa femme enfermés dans une voiture pour fêter un anniversaire (mais lequel?) avec un cadeau plutôt surprenant pour leur tenir compagnie et, en parallèle, un duo de gamins d'une douzaine d'années qui revit grandeur nature les formidables aventures de Moby Dick. Mariés depuis plus de 25 ans, parents de jumeaux qui font leur vie de leur côté, elle et lui ne se parlent plus depuis trois semaines, dans une vaine tentative de sauver leur couple de la monotonie, du ronron quotidien, et d'éviter la rupture définitive. Il lui a préparé une surprise, il l'emmène en voiture et lui offre son cadeau; c'est réussi, elle est surprise, mais énervée à la fois, elle ne parvient pas à cacher son anxiété et se récite des vers traduits dans plusieurs langues dans sa tête pour y faire face... Guillem et Mateu quant à eux se retrouvent durant les vacances et, à l'initiative de Guillem, rejouent, revivent, "vivent" concrètement les aventures qu'ils apprennent par coeur dans les livres, jusqu'à ce que...
Habilement construit, ce roman noir d'Imma Monsó nous emporte dans un huis clos redoutable, digne d'un Hitchcock!
Catherine D.
Paru en mars 2019, traduit du catalan par Marie Vila Casas. Existe aussi en numérique.
Viv Albertine fut la guitariste des Slits, l'un des premiers groupes entièrement féminins de la vague punk à la fin des années 1970. Dans ces mémoires, elle décrit son enfance dans le Londres des années 60, son adolescence rebelle et immergée entièrement dans la musique, et surtout son intégration au sein des Slits, un des groupes les plus révolutionnaires de son temps. Au fil des pages, Albertine conte avec une abrupte sincérité ce qu'était la scène punk londonienne à cette époque, son amitié avec certaines de ses figures de proue désormais légendaires (Mick Jones des Clash et Sid Vicious des Sex Pistols, entre autres), et offre surtout un regard débarrassé de tout romantisme a posteriori sur le mouvement.
Toutefois, l'auteure ne s'en tient pas uniquement à cette époque rock'n'roll. Elle raconte aussi l'après: la trentaine désœuvrée après la rupture du groupe et la mort prématurée de plusieurs de ses amis, le mariage, la FIV et la vie rangée qui s'en sont suivis puis, enfin, le retour de la création et de la musique dans sa vie, à l'âge de cinquante ans. C'est là ce qui fait la force de ce témoignage et qui le différencie des autres "comptes-rendus de la décennie punk": il nous montre que la vie continue après le tourbillon et que l'on peut rester artiste sans la brûler par les deux bouts.
Un beau témoignage, honnête et résolument féministe!
Hélène
Paru en juin 2017 chez Buchet Chastel, en poche en mars 2018. Traduit par Anatole Muchnik. Aussi disponible en version numérique.
Ce récit autobiographique revient sur l’enfance et l’adolescence de l’auteure dans une petite ville de l’Idaho, aux États-Unis. Tara Westover est la cadette d’une fratrie élevée au sein d’une communauté de mormons fondamentalistes. Ses parents, une herboriste sage-femme et un ferrailleur, se préparent au Jugement Dernier en enterrant de l’or, de l’essence et des armes dans leur jardin. Leurs enfants ne sont pas inscrits à l’école, n’ont jamais vu un médecin ou mis le pied dans un hôpital, n’ont même pas d’acte de naissance, pour les deux derniers.
Vers l’âge de quinze ans, l’auteure exerce des petits boulots depuis quelques années pour mettre de l’argent de côté, poussée par un instinct d’indépendance. Elle commence également à lire de vieux manuels scolaires trouvés dans la cave de sa maison. Elle qui a appris à lire avec son grand frère, qui ne s’est jamais assise dans une salle de classe, dont le monde s’arrête presque aux frontières de sa ville et aux écrits religieux, sent alors grandir en elle une inextinguible soif d’apprendre. Pour s’éloigner d’un frère devenu extrêmement violent et d’un père en proie à des crises de paranoïa, pour se mettre en sécurité, Tara Westover passe et réussit les tests d’admission à l’Université et part étudier en Utah. De là, sa curiosité et son intelligence la mèneront à Oxford, puis à Harvard pour un doctorat en Histoire.
C’est un récit qui se lit comme un roman, qu’on prendrait presque pour de la fiction tellement la réalité des Westover est éloignée de la nôtre. L’auteure décrit des passages particulièrement poignants sans pour autant s’apitoyer sur ce qu’elle a enduré, et elle nous fait sentir la loyauté et l’amour qui la lient, malgré tout, à sa famille. Une lecture marquante, assurément.
Hélène
Paru en janvier 2019. Traduit par Johan Frédérik Hel Guedj. Disponible également en version numérique.
Maggie O’Farrell se livre dans un récit autobiographique, découpé en dix-sept chapitres, chacun nommé d’après une partie du corps : le cou, le système sanguin, le ventre, le cervelet, les poumons… L’auteure irlandaise raconte dix-sept rencontres manquées avec la mort (brushes with death, en version originale). Il y a cette fois où son chemin a croisé celui d’un homme qui allait assassiner une jeune femme, au même endroit, deux semaines plus tard. Celle où ses poumons ont cessé de fonctionner, brièvement, après un saut dans l’eau sombre. Celle où elle a failli se vider de son sang, lors de son premier accouchement.
Le récit est percutant, haletant. Bien que la mort guette à chaque page, il est lumineux, plein d’espoir, farouchement du côté de la vie. Maggie O’Farrell passe de son adolescence à son enfance, revient à son expérience de mère, sans que ce « non-respect » de la chronologie ne soit dérangeant puisqu’à chaque chapitre elle nous livre un petit bout de son histoire qui vient éclairer le reste.
Une belle réussite.
Hélène
Publié en mars 2019, traduit de l’anglais par Sarah Tardy. Disponible aussi en version numérique.
L’auteure du Désastre de l’école numérique témoigne de son expérience de deux ans sans téléphone portable et nous invite à reconsidérer notre « équipement technologique ». En quelques chapitres, Karine Mauvilly aborde la question de l’impact environnemental de notre société numérisée, celle de la protection des données et de la vie privée, et propose de reprendre la main sur notre temps libre et notre pouvoir de décision. Ses conseils s’adressent à tout utilisateur de smartphone et d’Internet ainsi qu’aux parents qui souhaiteraient modérer l’usage des technologies à la maison et aux enseignants qui veulent en faire de même à l’école.
Une lecture rapide qui nous mène à réfléchir sans jugement à nos pratiques quotidiennes.
Hélène
Paru en janvier 2019.
Célèbre pour ses personnages excentriques et son humour pince-sans-rire, Nancy Mitford fut également une biographe rigoureuse (Le Roi Soleil, Madame de Pompadour), une chroniqueuse de son époque et une épistolière prolifique. Née dans une famille d'aristocrates, elle côtoya toute sa vie des artistes, écrivains, hommes politiques et figures mondaines hauts en couleurs. Ses sœurs et elle-même firent régulièrement la Une des journaux londoniens (Unity, comme supportrice de Hitler, Diana comme militante fasciste en Angleterre, Jessica comme militante communiste partie combattre les troupes de Franco) et il n'est pas exagéré de dire que la fratrie Mitford marqua incontestablement le XXème siècle anglais. Francophile et parfaite bilingue, Nancy déménage à Paris après la seconde guerre mondiale pour se rapprocher de Gaston Palewski, proche collaborateur du Général de Gaulle, qui fut son amant pendant de longues années mais qui refusa toujours de l'épouser...
Jean-Noël Liaut signe ici une biographie très intéressante et agréable à lire, qui vous donnera sans doute envie de (re)découvrir l’œuvre de cette femme de lettres à la vie si rocambolesque!
Hélène
Paru en février 2019. Disponible au format numérique.
Les romans de Nancy Mitford sont disponibles en poche chez 10/18.
Un pavé de 656 pages, un très bon roman d'investigation.
Qu'est-il arrivé, au début des années 2000, à Camilo Escobedo, neurologue barcelonais ?
Ce dernier fut, un moment, interné, dans un hôpital psychiatrique, avec un bilan neurologique, pour le moins incertain. Le lecteur navigue entre l'avant, le pendant, et l'après de la maladie.
Escobedo est un chercheur passionné par l'univers du cerveau. "Je pourrais vivre beaucoup d'autres vies à venir afin de poursuivre l'exploration infinie qui donne son sens à mon existence".
Son énergie et sa patience seront mises à rude épreuve dans l'hôpital où il exerce, problèmes d'ego, courses aux postes à hautes responsabilités...Martinez égratigne, au passage, l'industrie pharmaceutique et le milieu hospitalier, bien que le roman rende hommage à la recherche et à ses acteurs enthousiastes.
Escobedo est marié, père de trois filles. Sa vie professionnelle laisse peu de place à sa vie privée. Cette dernière, bousculée par la maladie, et ses engagements à l'hôpital, sera mouvementée. Mais il pourra toujours compter sur les femmes qui l'ont entouré, Sol, sa première femme, la mère de ses trois filles, Carmen, sa soeur et Diana, sa fidèle collègue, pour ne citer qu'elles.
Initié par Diana, qui affirme : "la littérature m'a aidée à éclaircir des choses. Dont l'union entre la raison et l'émotion. Je suppose que les écrivains ont travaillé la tête bien avant les neurologues, raison pour laquelle on trouve parfois des pistes dans leurs histoires.", Escobedo est devenu un inconditionnel des romans de Philip Roth, la littérature prendra de l'importance dans sa vie et l'aidera dans les moments les plus difficiles.
Ce roman repose sur des faits réels, avec en toile de fond le débat sur l'autonomie de la Catalogne.
Véronique
Paru en mars 2019, traduit de l'espagnol par André Gabastou. Aussi disponible au format numérique.
Voici une plongée incroyable dans les USA des années 1920-30 et suivantes. L'auteur revisite la vie de l'écrivain et journaliste James Agee et c'est passionnant. James Agee est un homme brillant mais relativement incompris et dont les propos sont mal acceptés par la 'bonne société' américaine de l'époque. En effet, il raconte ce qu'on préfère ne pas voir, il parle de la misère qui est le quotidien de nombreuses familles, il dénonce les injustices. Un de ses grands livres sera le livre réalisé avec son ami, le photographe Walker Evans, Louons maintenant les grands hommes. Ce livre toujours disponible aujourd'hui dans la collection Terre humaine raconte le quotidien des famille de métayers, des hommes exploités pendant la grande dépression aux USA.
James Agee voyagera beaucoup entre New-York et Los Angeles, il sera l'ami de Charlie Chaplin, et travaillera sur plusieurs scénarios pour Chaplin ou pour d'autres cinéastes. Il sera aussi un grand critique. A ce titre, il passe pas mal de temps sur la côté ouest et le roman est une description intéressante d'Hollywood et de ses dérives. A côté de ses écrits, Agee a une vie sentimentale bien remplie (trois mariages), il tombe amoureux fou régulièrement. L'alcool fort présent dans son quotidien lui pose parfois quelques problèmes et donne lieu a des scènes cocasses.
Ce roman se dévore parce qu'il nous raconte la vie passionnante d'un homme en colère, d'un homme amoureux, d'un homme engagé et complet mais aussi parce que cela nous offre une très belle fenêtre sur la vie en Amérique au 20ème siècle. Merci aux éditions Finitude d'avoir publié ce roman génial.
Catherine M
Paru en mars 2019.