La Société de Géographie, créée en 1821 à Paris, a récolté d’immenses collections de photographies, réalisées lors des premiers voyages d’explorateurs partis à la découverte du vaste monde, dans des contrées encore inconnues. L’ouvrage présente ici ces premières images, réalisées selon différents procédés comme les tirages albuminés, négatifs sur verre, positifs de projection, cyanotypes, et qui témoignent toutes du travail de documentation entrepris par le voyageur photographe. Ces photographies sont non seulement chargées d’histoire, mais également porteuses d’idéologies, comme le souligne très justement Olivier Loiseaux, conservateur en chef du département des Cartes et Plans de la BnF, où il est en charge des collections de la Société de Géographie. Ces photographies nous rappellent le temps lointain où les rues de Buenos Aires étaient désertes, où le Spinx n’était pas encore désensablé, où les esclaves étaient encore enchaînés et où, parfois, l’ethnologue se transformait en colon dominant. Ce superbe ouvrage essentiel pour tout amateur d’histoire de la photographie nous rappelle que la photographie est un “outil de déchiffrement et de mémoire du monde”.
Pour les passionnés, sachez que depuis 1997, la BnF numérise cet important fonds de plus de 145 000 photographies, disponibles sur les sites Gallica et Gallica intra muros. Et pour aller plus loin, n'hésitez pas à vous plonger dans le magnifique roman graphique Etunwan, qui met en scène une expédition scientifique chargée de faire le relevé cartographique de la région des Montagnes Rocheuses en 1867 et dont le photographe, Joseph Wallace, va revenir bouleversé...
Catherine D.
Paru en octobre 2018.