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Nous sommes dans les années 1960. Par une habile mosaïque de sources, Béatrice Kahn nous fait remonter le fil de l'histoire dans ce village, par les yeux et les oreilles d'Élisabeth, quatorze ans, dont l'amie de vingt ans vient d'être retrouvée morte près du barrage et qui se cache aujourd'hui sous la table du café de la place, à l'écoute des conversations des adultes.
Roman à la construction sans faille sans que cela le prive de poésie, Les dessous montre aussi comme la guerre et les destinées individuelles peuvent tragiquement s'entrecroiser, s'enmmêler dans la confusion.
Un coup de coeur à la fois doux et empoisonné.
Natacha
« Elles ont encore la majeure partie de leur vie devant elles. Elles font des erreurs, mais rien de fatal. Elles ne sont plus jeunes, mais ne sentent pas vieilles. La vie est encore malléable et pleine de potentiel. L’entrée des chemins qu’elles n’ont pas empruntés ne s’est pas encore refermée. Il leur reste du temps pour devenir celles qu’elles seront. »
Une belle histoire de femmes, d’amitié, où il est question de choix, d’art, de carrière, de maternité, de doutes et d’amour, le tout servi par l’écriture empathique de son autrice. Un très bon moment de lecture en ces temps troublés !
Catherine D.
Paru en février 2020, traduit de l’anglais par Elodie Leplat. Existe aussi au format numérique.
Voici une très belle biographie de Magellan qui nous replonge dans l’époque des épopées marines européennes du 16e siècle et qui nous apprend que les populations vivant à l’époque dans les îles du Pacifique étaient déjà bien plus développées que ce que l’histoire nous raconte habituellement.
On croit connaitre l'histoire mais en réalité, le prisme du lieu où ce récit a été construit, raconté, transmis aux générations doit être appliqué pour démêler ce qui relève de la vérité ou de la construction sociale, de la production d'un mythe qui arrange ceux qui racontent les faits.
Une lecture qui nous voyager et réfléchir, le tout servi par une plume belle et fluide.
Catherine M
Paru en février 2020.
Aux confins de l’Europe, la Bulgarie, la Grèce et la Turquie se partagent une frontière faite de montagnes, de forêts et surtout chargée d’histoire. Aujourd’hui, des migrants africains ou venant du Moyen-Orient tentent là-bas d’entrer en Europe, alors que durant la guerre froide, des allemands de l’Est la traversaient dans l’autre sens pour rejoindre la Turquie. Ces lieux sont aussi chargés de mystères et de légendes qui se racontent de génération en génération, qui se transforment au fil du temps.
L’autrice, bulgare, parcourt ce territoire et nous raconte la vie des gens qu’elle rencontre, de leurs familles et à travers elles, l’histoire de cette région, de l’Europe. On découvre des personnages incroyables issus de populations malmenées et déplacées au gré des remous politiques. Instructif, dépaysant, passionnant !
Catherine M
Paru en février 2020. Existe aussi en format numérique.
Françoise, la cinquantaine, s'enlise dans une vie morne. Chaque jour, elle s'acquitte de ses tâches comme une ombre discrète, les tâches ménagères dans leur appartement à la cité, les recherches d'emploi infructueuses au Pôle emploi. Son quotidien est bien terne avec un mari peu attentif, un fils unique dont les visites s'espacent. Les seuls bons moments sont ceux passés en compagnie de son amie Rose. Cette dernière, immobilisée à cause d'un plâtre, demande à Françoise de lui rendre un service : s'occuper pendant quelques semaines de la parcelle de jardin d'un potager collectif de quartier dont elle vient de devenir propriétaire. Françoise n'y connaît rien en jardinage, mais accepte. Après tout, ce ne doit pas être si compliqué, et ça lui permettra de changer d'air.
Mais aux "Beaux jours", Françoise découvre de nouveaux gestes, un nouveau rythme de vie, et la joie de travailler la terre. Elle va aussi devoir y faire sa place, apprivoiser les habitués, créer des liens. Et pourquoi pas vivre une autre vie, juste quelques heures par jour, en se faisant passer pour la veuve Rose ?
Chronique sociale, cette histoire simple et touchante nous rappelle l'importance de réenchanter le quotidien. Quelle délicatesse que ce roman graphique ! Hervé Duphot nous offre un petit bijou de fraîcheur dessiné en couleurs directes à l'aquarelle. Petite bulle d'oxygène bien agréable à lire en ce printemps.
Delphine
Paru en mars 2020. Existe aussi en version numérique.
Avec ce premier tome d'une fresque familiale qui devrait en compter trois, Leïla Slimani nous emporte dans un recit doté d'un souffle impressionnant. Elle y raconte l'histoire d'une famille franco-marocaine, inspirée de sa propre histoire familiale. Ce premier roman est consacré à la décennie 1945-1955.
En 1944, Mathilde tombe amoureuse d'Amine, jeune et beau soldat marocain venu combattre sur le front français en Alsace. Ils se marient et elle le rejoint à Meknès après la Libération. La fougueuse Mathilde rêvait d'exotisme, elle va se heurter à l'aridité du quotidien qui l'attend au Maroc. Le couple s'installe sur des terres familiales situées dans la campagne aux alentours de Meknès, érige une ferme, décide de vivre du travail de ces terres. Le labeur est harassant, les revenus maigres, l'isolement pesant, surtout pour Mathilde qui est nostalgique de la France et de l'insouciance de sa jeunesse. Deux enfants naîtront rapidement : Aicha et Sélim.
Mais le climat au Maroc est tendu, les violences envers les colons français se multiplient, le peuple marocain réclamant l'indépendance. Mathilde et Amine incarnent la mixité : elle est Française chrétienne, lui Marocain musulman, leurs enfants métissés et à mi-chemin entre les deux cultures. Une mixité bien inconfortable en ces périodes de montée du nationalisme... La notion d' "étranger" est au coeur de ce roman, le "pays des autres" est sans cesse questionné : celui des indigènes marocains et leurs coutumes étranges aux yeux de Mathilde, celui des colonisateurs français et leur arrogance envers le peuple indigène, celui des hommes qui opposent leur autorité parfois brutale aux femmes, celui des pensées d'une femme européenne comme l'est Mathilde et qui restent un mystère pour Amine... La question de la féminité est aussi sans cesse interrogée : dans cette société marocaine, mais aussi en France, quel est le devoir d'une femme, d'une mère, d'une jeune fille (la jeune Selma, soeur d'Amine y tient aussi un rôle central), quelles sont leurs libertés ?
Leïla Slimani est douée d'une grande finesse pour décrire la psychologie de ses personnages, tout en nuances. Elle est très habile pour tisser un fil narratif dense et fluide à la fois. Elle excelle dans l'art de reconstituer les ambiances colorées de ces années 1950 au Maroc, un pays écartelé entre ses traditions ancestrales et son souhait de modernité. Son écriture est à la fois précise et souple, envoûtante, on se laisse emporter au fil des pages avec beaucoup de plaisir.
Un roman passionnant, d'une grande humanité, que l'on recommande vivement et dont on attend la suite avec impatience.
Delphine
Paru en mars 2020. Existe aussi au format numérique.
"Si le collectif humain n'est qu'un noeud de relations au milieu qu'il habite, les limites dans l'usage de ce milieu ne sont plus des contraintes externes imposées par une Nature dont il faudrait s'émanciper, mais les lignes mêmes de notre visage. De notre visage réel, non fantasmé : celui d'un vivant insufflé de vie par la communauté biotique qui le porte à bout de bras."
Voici une lecture dont on ressort transformé, un peu sonné aussi, et surpris. Surpris d'avoir tant appris, surpris par la beauté des mots, supris par la force des concepts élaborés savamment par l'exemple. Car Baptiste Morizot est un philosophe engagé, pour qui le réel et l'expérience fondent la pensée, cette dernière s'inscrivant au coeur du vivant. Il nous emmène alors avec lui dans les montagnes du Vercors sur la piste des loups, et conséquemment sur celle des brebis, des bergers et de la prairie qu'ils occupent pour, tour à tour, nous faire "ressentir" leurs manières d'être. C'est avec force et subtilité que le philosophe de terrain va nous inviter à repenser la politique du vivant en remettant la relation au centre de tout, en déployant un art de l'attention, de l'interprétation, de la "diplomatie interspécifique des interdépendances comme théorie et pratiques des égards ajustés." Plonger dans le monde de Baptiste Morizot, c'est comme prendre un bain de forêt tout en pensant aux photos qu'on ira poster en rentrant sur son réseau social préféré : notre position est équivoque, un trouble d'ordre moral se fait sentir et paradoxalement, c'est à cet endroit-là précisément que nous pouvons agir, sans prendre position mais en écoutant notre "barbouillement moral" qui nous fait entrer en toute discrétion dans une politique du vivant... c'est rassurant et vivifiant!
Il y a tant à lire (et tant à dire), tant à s'imprégner et à découvrir, le tout servi par une écriture virtuose, ancrée et poétique, sensible. Une lecture vibrante, engagée, utile à tous les vivants, humains et non humains, et qui ne tombe pas dans l'opposition extractivisme versus sanctuarisation de la nature, mais qui réconcilie l'interconnectivité (pour la défense d'une culture de l'internet libre) avec l'expérience de la nature. Brillant!
Catherine D.
Paru en février 2020, collection Mondes Sauvages chez Actes Sud Nature. Disponible également au format numérique.
"Plus qu'en appeler à l'amour de la Nature, ou agiter la crainte de l'Apocalypse, il me semble qu'une voie plus ajustée aux enjeux du temps revient à multiplier les approches, les pratiques, les discours, les oeuvres, les dispositifs, les expériences qui sont capables de nous faire sentir et vivre depuis le point de vue des interdépendances. Nous faire sentir et vivre comme vivant parmi les vivants, comme eux pris dans la trame, partageant des ascendances et des manières d'être vivant, un destin commun, et une vulnérabilité mutuelle.
Paradoxalement, c'est la crise aujourd'hui qui est le dispositif de cet ordre le plus efficient : la crise des abeilles, la crise de la vie des sols, la crise des forêts amazoniennes comme puits de carbone, parce que la fragilisation d'une forme de vie prise dans le tissage fait tinter toute la trame jusqu'à nous, et nous rapelle que nous n'avons jamais été seuls, que nous ne sommes vivants que glissés dans la vie des autres, dans une situation de vulnérabilité mutuelle.
C'est l'expérience de la vulnérabilité mutuelle avec les pollinisateurs, les vers de terre, la vie des océans, qui nous pousse à sentir depuis le point de vue des interdépendances. A élargir le spectre du souci. C'est que nous traitons désormais de vivant à vivant. Et plus d'"Homme" à "Nature". Si nous sommes vulnérables à leur fragilisation, c'est qu'ils sont importants. Et s'ils sont importants, pourquoi tous les autres ne le seraient-ils pas aussi? Et, de là, la brèche est ouverte dans notre attention politique, où peut s'engouffrer le reste du vivant. C'est une manière de comprendre le déploiement si soudain d'un mouvement comme Extinction Rebellion, comme le sens profond de son mot d'ordre aux allures paradoxales : "Avec amour et rage". L'amour est le souci des interdépendances, la rage va contre ce qui les détruit."
Ce roman graphique se lit comme un polar : une histoire d'agent double, de crapule ou de héros dans l'Espagne de Franco.
Rodrigo Mendoza est journaliste culturel pour un périodique espagnol. En 1984, on lui confie l'écriture d'un article sur une exposition de photographies d'Antoni Campana, exposition consacrée à la lutte républicaine et à la résistance au franquisme. Il y découvre avec stupéfaction une photographie présentant son père comme un potentiel résistant alors qu'il l'avait toujours considéré comme un monstre, chef de la censure et de la propagande à l'époque de Franco. Mais son père est mort et ne peut donc livrer son secret depuis sa tombe. Rodrigo décide d'entamer une enquête personnelle qui l'amènera de suprises en surprises.
Le scénario de Pablo Velarde est bien doumenté et diablement bien ficelé. Au long des 300 pages, on ne s'ennuie pas une minute. Par un jeu de flash-backs (traités avec des couleurs différentes), on remonte dans le temps, et on voyage ainsi entre l'époque franquiste et la période qui suit la fin de la dictature, début des années 1980. Jusqu'à l'épilogue, qui nous réserve une surprise de taille et nous donne furieusement envie de reprendre la lecture à la première page.
Le dessin au crayon noir de Velarde est original, assez graphique, les planches sont dotées d'une atmosphère vraiment particulière qui convient tout à fait au genre du polar. Pablo Velarde a mis beaucoup d'intensité dans ce roman graphique, on sent que ce projet lui tient à coeur.
A découvrir.
Delphine
Paru en février 2020.
Jarret Krosoczka nous livre dans ce roman graphique un récit intimiste touchant : il nous raconte son enfance et son adolescence dans le Massachusetts, comment il a été élevé par ses grands-parents, sa maman étant toxicomane et son père aux abonnés absents depuis sa naissance. Il nous montre combien ses grands-parents, avec leurs caractères bien trempés et leur âge grandissant, ont été non seulement des tuteurs responsables mais aussi des proches aimants, qui ont contribué à ce que Jarret devienne ce qu'il est aujourd'hui : un adulte bien dans sa peau, un artiste aussi. Jarret Krosoczka a voulu dans ce récit montrer combien il leur était redevable, et aussi dire à ses parents qu'ils les aime malgré leurs faiblesses.
Les dessins expressifs presque caricaturaux, cernés de traits épais, sont spontanés et vivants, les ambiances colorées en gris et orange confèrent à l'objet une touche rétro, les photos et souvenirs qui agrément le récit nous rappellent que l'histoire de Jarret est vraie.
Le ton du récit est parfaitement juste : entre témoignage et humour, l'auteur se raconte avec beaucoup de sincérité et sans pathos. Ce roman graphique se lit comme un hommage, une déclaration d'amour d'un homme à sa famille pourtant ô combien dysfonctionnelle. Et une ode aux pouvoirs de la création qui ont permis à Jarret de trouver sa voie et une reconnaissance.
Belle découverte. Un livre que j'ai dévoré.
Delphine
Paru en février 2020. Existe aussi au format numérique.
Gros coup de coeur pour ce roman qui se déroule dans une cité à Marseille et dans un bidonville tout proche, occupé par des gitans sédentarisés.
Au sein d’une famille située à l’autre extrémité de l’échelle sociale si on la compare à la famille mise en scène dans Les garçons de l’été, Rebecca Lighieri met en scène un père violent et maltraitant.
Ses trois enfants tracent leur chemin entre les coups et les cris, surtout le dernier-né qui est affecté de plusieurs problèmes de santé considérés comme d’impardonnables tares par le paternel. Quant aux deux aînés, dotés d’une beauté qui fascine, il n’hésite pas à tenter d’exploiter leur apparence en les traînant de casting publicitaire en audition.
Dans ce bouleversant roman, la beauté va se loger où on ne l’attend pas, comme souvent chez Rebecca Lighieri, qui fait fleurir des éclats de lumière dans les interstices de la glauquitude.
Natacha
Janvier 2020
Lire le premier chapitre de ce livre est une expérience frappante pour toute personne qui se sent « sensibilisée » à la cause climatique et aux causes sociales… Nous serons nombreux à nous y reconnaître dans les moindres détails et cela déjà suffit à rendre ce livre particulièrement digne d’intérêt.
La suite nous plonge dans un récit d’anticipation proche, inspiré des théories dites de l’effondrement. Il nous envoie à la rencontre de personnages qui doivent, de façon soudaine, en 2022, faire face à la disparition de ce qui fait aujourd’hui le tissu de notre quotidien, dans nos pays et dans les milieux les moins précaires : énergie électrique ou autre à profusion, institutions relativement fiables qui nous prennent par la main, paix sociale, confort matériel, alimentation au bout de la rue, antidouleurs à la salle de bain et service d’urgences à moins de 15 km…
Antoinette Rychner explore, avec une inventivité parfois glaçante, plusieurs dimensions d’un effondrement de société soudain et radical. Les récits d’anticipation sont nombreux, mais celui-ci a la particularité de se situer sciemment tout tout près de nous, au point que la prise de distance fictionnelle est à peine possible.
Inconfort matériel, violences, lutte pour la survie, tentatives tantôt bancales tantôt solides de refaire société dans ces conditions tout autres...mais aussi perpétuation de la création artistique, des relations amicales complexes, des tâtonnements éducatifs… Une exploration passionnante.
Natacha
Janvier 2020
Que dire de Belt Magnet ? Belt Magnet a 38 ans, vit chez son père (sa mère étant décédée quand il était adolescent), souffre de psychoses légères. Il parle avec des objets inanimés depuis l’enfance, ressent de la compassion pour eux au point de détruire à coups de battes de baseball les balançoires rouillées qui ornent son patelin et le supplient de mettre un terme à leur souffrance. Il entreprend d’écrire ses mémoires, ce qui plonge le lecteur dans le passé de Belt et nous donne un aperçu de ce qui se joue dans sa tête. Son cerveau fonctionne comme un tourbillon, il (sur)analyse chaque situation, chaque interaction, chaque moment de son quotidien et de son passé, dans des digressions interminables.
Dans un style addictif, rythmé, inventif, des dialogues maniaques, des personnages à la logorrhée délirante, l’auteur nous partage la solitude de la folie (douce, tragique et drôle) avec une finesse et une maitrise qui imposent le respect.
Il y décrit aussi, avec une justesse et un œil visionnaires, le monde qui est le nôtre, mais qui déborde, par certains traits, dans une version dystopique mais tout à fait réaliste de ce monde. Par exemple, il explique comment les Curios, adorables animaux de compagnies créés pour apaiser les personnes atteintes de troubles comportementaux légers, deviennent avec le temps des objets de consommation massive, détournés de leur utilisation première pour expérimenter la violence et l’extase. Tout cela, jamais sans poser de jugement, à l’image de Belt, ce héros drôle et attachant, personnage principal d’un roman drôle et attachant.
Sensationnel de maîtrise et d’émotions ! Chef d’œuvre !
Olivier
Traduit de l'américain par Maxime Berrée. Paru en octobre 2019. Aussi disponible en version numérique.
Après un brutal accident, François se retrouve amputé des deux bras. A 22 ans, sa vie bascule et une nouvelle existence débute, faite de combats de tous les instants, de batailles perdues mais aussi de belles victoires. C'est une véritable métamorphose que François va opérer, il ne s'agit pas seulement de rebondir, il faut trouver une nouvelle manière d'être au monde, d'être en relation, d'exister.
Voici un magnifique roman qui parle d'un évènement dramatique et d'une vie qui bascule mais qui met surtout en scène le courage et l'espoir. Comme dans ses ouvrages précédents, Valentine Goby réussit à nous plonger dans une époque (ici les années 1950 en Europe) avec brio. On a des images plein la tête, et tout résonne avec beaucoup de justesse. A travers ce roman, c'est aussi une histoire du handisport qui nous est livrée, c'est une véritable ouverture sur cet univers assez méconnu finalement.
Une vraie réussite littéraire!
Catherine M. et Isabelle
Paru en août 2019
Nous recevons Valentine Goby à la librairie le mercredi 18 mars 2020 à 19h30.
Derrière l’immaturité, la maladresse et l’irresponsabilité de cet anti-héros alcoolique et autodestructeur, on découvre un homme touchant, noyé par l’amour. Une belle déclaration d’amour à travers le récit d’une déchirante séparation, racontée avec humour et dérision.
Olivier
Traduit de l'américain par Théophile Sersiron. Paru en janvier 2020.
Nous sommes au tout début des années 1990, dans la banlieue de Chicago. Brian Oswald a 17 ans, il est fan de musique punk, et il est en colère. Parce que ses parents font chambre à part et que leur couple n'a pas l'air de s'arranger, parce que les enseignants de son lycée catholique ont des idées trop arrêtées sur les tenues vestimentaires acceptables, parce qu'il découvre la politique et les injustices, mais surtout parce qu'il est amoureux de Gretchen, sa meilleure amie, qui ne rêve que de sortir avec un tocard de 26 ans. Ancien loser invisible, il tâche tant bien que mal de devenir cool (tout en restant authentique et punk) - même si sa moustache ne pousse pas, et qu'il est encore loin de pouvoir acheter un van pour draguer les filles.
On plonge avec grand plaisir dans la vie quotidienne de Brian: ses questionnements, sa découverte des filles, ses indignations... Le tout au rythme des groupes punks et hard rock américains et de la quête de la compil/playlist ultime qui lui permettra de déclarer sa flamme à Gretchen.
Une super découverte et un véritable régal de lecture!
Hélène
Traduit de l'américain par Estelle Flory. Paru en septembre 2019. Aussi disponible en version numérique.
Pierre Lemaitre est généreux : il nous offre avec ce roman riche en rebondissements, dense et rythmé, agrémenté d’une panoplie de personnages bien typés et de décors historique précis, une fin à sa saga en trois tomes entamée avec l’inoubliable Au revoir là-haut.
Concentrée sur une période courte, les premières semaines de la Seconde Guerre mondiale, l’invasion allemande, la débâcle française et l’exode, l’histoire est menée tambour battant par un Pierre Lemaitre qui sait doser ses effets...
Une fresque historique colorée, de belles ambiances, des situations savoureuses, de superbes méchants (dont un incroyable imposteur) et de naïfs gentils : si ce dernier tome est certes un peu moins percutant que les précédents, on ne s’ennuie pas !
Delphine
Paru en janvier 2020. Existe aussi au format numérique.
Dans ce court essai, Pascale Seys nous livre une belle réflexion sur le pouvoir de la poésie. En se référant à des auteurs classiques, elle nous rappelle que nous ne sommes pas des îles (Virgina Woolf, John Donne) et que nous vivons en constante interdépendance avec les autres, ceux qui nous entourent. Dans ce monde complexe d'interconnections, la poésie "déchire l'opacité de notre quotidien", "pulvérise" nos croyances, nous ouvre à d'autres visions du monde, et nous permet de supporter notre vie, de rendre l'ordinaire extra-ordinaire. Les poétes, tout comme les artistes peuvent être des visionnaires incroyables, nous parler de demain, bousculer nos imaginaires, proposer de nouveaux récits. Et à ce titre, ils sont tous aussi importants que les philosophes, sociologues, historiens qui étudient notre civilisation présente et passée.
Ce magnifique texte édité par l'éditrice Mélanie Godin, directrice des Midis de la poésie, nous invite donc à lire et relire de la poésie, à se laisser embaquer par les mots. Un vrai régal de lecture ! Un livre indispensable.
Catherine M
Paru en novembre 2019
Dialogue brûlant, passionné et parfois brutal entre le narrateur, père de famille quadragénaire et Laura, son amour d’adolescence, que les classes, le temps et la vie séparent.
L’auteur allie étonnamment le sensuel et le sociologique, dans une ambiance sombre et mélancolique.
Olivier
Paru en janvier 2020.
Dans son patelin, Luky tue le temps et la fin de son enfance en trainant avec ses deux potes, Abdoul et Diego. Un jour, alors que Diego raconte comment il va se faire Vanessa, Luky confie à ses copains qu’il entend des voix. Mais difficile de le croire pour Abdoul et Diego. Alors Luky se renferme un peu sur lui-même et voit se rétrécir ses perspectives d’avenir et son entrée dans l’adolescence.
Un roman touchant, des personnages attachants, et surtout, une langue singulière, entre L’attrape-cœurs de Salinger et L’été des charognes de Johannin.
Olivier
Paru en janvier 2020
Kerry Hudson publie un récit autobiographique à dimension sociale, où elle raconte les effets qu'a eue sur elle une enfance vécue dans la pauvreté. Tâchant de réconcilier son présent (d'écrivaine reconnue, en bonne santé, dans une relation stable et aimante) et son passé (d'enfant malmenée par son milieu social, son entourage, ses conditions de vie), elle retourne dans les villes où elle a vécu petite, certaines parmi les plus pauvres d'Ecosse et d'Angleterre. Sans jugement et de façon très personnelle, elle relate ses pèlerinages et ses rencontres, dans un livre qui nous balade entre les années 80 et notre époque, en passant par les années 90 où se déroulèrent ses cruciales années d'adolescence. À partir du récit de sa propre vie, Kerry Hudson apporte une certaine visibilité aux exclus, aux invisibles. Elle s'interroge sur les rouages d'un système qui fait se perpétuer, génération après génération, les mêmes schémas de vie et les mêmes blessures.
Un très beau texte qui incite à la réflexion.
Hélène
Paru en janvier 2020. Traduit de l'anglais (Ecosse) par Florence Lévy-Paolini, aussi disponible au format numérique.
Voici une lecture instructive, dynamisante, éclairante, qui met un grand coup de pied dans bien des domaines!
"Les couilles sur la table" est, à la base, un podcast réalisé par Victoire Tuaillon. Il compte à ce jour plus de cinquante épisodes et traite des masculinités contemporaines. En compagnie d'un-e invité-e spécialiste de la question, la journaliste analyse en profondeur, à chaque épisode, une problématique y ayant trait. De l'éducation des garçons à la rhétorique masculiniste, en passant par l'alcool ou l'entreprise, ces entretiens sont toujours éclairants et passionnants!
Le livre du même nom est un condensé des problématiques abordées dans le podcast. En cinq grands chapitres (Construction, Privilège, Exploitation, Violence, Esquives), Victoire Tuaillon peint un panorama des différents aspects des masculinités et tâche de répondre à cette vaste question, "Qu'est-ce qu'être un homme, aujourd'hui, en France?". Le livre mêle recherches scientifiques et sociologiques, anecdotes personnelles et extraits d'entretiens avec les invité-e-s du podcast, qui comptent entre autres Virginie Despentes, Paul B. Preciado, Didier Eribon, Olivia Gazalé...
Une lecture à ne pas manquer, assurément!
Hélène
Paru en octobre 2019.
Avez-vous lu les classiques de la littérature ? Tome 2, Soledad Bravi et Pascale Frey, Rue de Sèvres
Quel bonheur de retrouver ce duo énergique pour le deuxième tome des grands classiques de la littérature ! Si vous n’avez jamais entendu parler de Barbe bleue ou si le Rouge et le Noir vous fait penser à Star Wars, ce petit livre vous permettra de briller auprès de vos amis sans fournir de grands efforts et avec beaucoup de légèreté. Surtout, ce sera l’occasion de découvrir ces 24 classiques croqués avec simplicité et saupoudrés d’une bonne dose d’humour décalé par Soledad Bravi, et de passer un excellent moment... Comme les autrices le font dire à Gustav von Aschenbach dans La Mort à Venise de Thomas Mann : “Ouais, j’ai kiffé à mort” !
Catherine D.
Je ne suis pas une architecte, surtout pas designeuse, je suis une inventeuse. Pour tout vous dire, j’ai du mal à me définir. Si on me demande ce que je suis, je ne sais pas répondre… une femme de l’art peut-être, mais je n’en sais rien. Non, je ne suis pas architecte mais j’aime l’architecture et je l’ai apprise. Designer non, parce que je pars toujours d’un milieu, je ne crée pas un objet pour un objet, je ne le crée que si j’en ai besoin. Marginale, voilà.
Qui est Charlotte Perriand ? Qui se rappelle celle qui fût à la fois conceptrice en architecture et design, photographe, femme libre et engagée, sportive, avant-gardiste et visionnaire ? Laure Adler nous offre à vivre la destinée de cette jeune femme qui rejoint dès 1927 Le Corbusier et qui ne cessera de penser l’espace en fonction de l’activité humaine, qui voudra créer une architecture au service de tous et de toutes, qui prônera le respect de la nature et la réconciliation de la tradition et de la modernité, et qui s’inspirera de ses nombreux voyages (lire à ce sujet la BD de Charles Berberian « Charlotte Perriand, une architecte française au Japon 1940-1942 ») pour créer un art de vivre accessible à tou.te.s. Les quelques 200 photos issues des archives personnelles de la créatrice illustrent à merveille la personnalité solaire de cette femme avant-gardiste !
On ne peut pas créer si on ne connaît pas l’usage.
Catherine D.
Paru en octobre 2019.
Dans notre société où les musicien.ne.s sont rompu.e.s à l’exercice du portrait photographique, ou tout simplement dans une société où le smartphone permet de prendre des photos de concerts ou d’artistes et de les publier instantanément sur les réseaux sociaux, il est bon et doux de se plonger dans l’ouvrage de la photographe Delphine Ghosarossian. Elle nous propose 49 portraits (Etienne Daho, Thurston Moore, Dominique A, Jane Birkin, Flavien Berger, Warren Ellis, Rachid Taha…) réalisés pour la plupart en argentique, en noir et blanc ou en couleurs, qu’elle contextualise géographiquement et temporellement. L’émotion affleure à chaque rendez-vous, les regards sont profonds, ces images nous permettent d’aller à leur rencontre et chaque rencontre est un rendez-vous, un voyage poétique qui, je l’espère, donnera envie d’écouter de la musique et d’acheter des disques. Oui, l’envie est là et leur musique résonne, toujours plus fort !
Catherine D.
Paru en novembre 2019.
La volonté de l’autrice Joëlle Moulin est de nous inviter à une réflexion sur la présence de la peinture dans le cinéma et c’est parfaitement réussi ! En sept chapitres qui retracent l’influence réciproque entre peinture et cinéma, nous dérivons dans l’histoire du cinéma, du muet au cinéma de Takeshi Kitano, en passant par Alfred Hitchcok, Charlie Chaplin, Vincente Minelli, Woody Allen, John Huston, Clint Eastwood, Stanley Kubrick pour n’en citer que quelquesuns, et dans l’histoire de la peinture, de Van Gogh à Edvard Munch, Albrecht Dürer, Hokusai, Pablo Picasso, René Magritte, etc. Richement illustré, cet ouvrage passionnant fera le bonheur des cinéphiles à la recherche d’un nouveau point de vue sur le septième art !
Catherine D.
Paru en novembre 2019.