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Bernard Cosey, grand nom de la bande dessinée récompensé pour son oeuvre par le festival d'Angoulême en janvier 2017, signe un roman graphique assez unique : il délaisse dans cet album les couleurs qui lui sont chères pour nous livrer un récit lumineux en noir et blanc. Si l’exercice de style est très réussi (quelles magnifiques planches il nous donne à découvrir !), c’est surtout la qualité des ambiances et la fine description des relations entre les personnages que le lecteur pourra apprécier. Il y est question de retrouvailles entre deux amoureux de jeunesse, Gus, ouvrier soixantenaire, et Georgia Gould, ancienne étoile du cinéma hollywoodien, revenue en Suisse pour se soigner. Et de faux kidnapping orchestré par les anciens amants. Le tout sur fond de décor des Alpes suisses que Cosey connaît et dessine si bien. Un récit intime et très juste, touchant. Une nouvelle démonstration du talent de Cosey, de sa virtuosité et de sa capacité à se renouveler en créant de nouvelles formes graphiques. Excellent !
Delphine
Paru en octobre 2017. Existe aussi en version numérique.
Avec délicatesse, Grégory Mardon nous invite à suivre Achille, ce personnage un peu perdu depuis que la femme qu'il aimait a voulu rompre. Plonger dans ses pensées, forcément un peu torturées. Voyager avec lui, sur les routes de France, dans un voyage qu'il espère libérateur.
Le récit débute quand Achille devient propriétaire d'un appartement en région parisienne. En plein travaux de rénovation, il tombe par hasard sur une lettre coincée entre le plancher et le revêtement de sol. Le courrier date de 1976, est adressé à Suzanne, l'ancienne propriétaire des lieux, décédée depuis. Une lettre d'amour, probablement jamais lue... Achille a besoin de se changer les idées et décide sur un coup de tête de ramener la lettre à son expéditeur à Marseille. Par les chemins de traverse à travers les campagnes françaises, il descend de Paris vers Marseille, en scooter. Retrouvera-t-il Tristan, l'amoureux malheureux de 1976 ? Parviendra-t-il surtout à retrouver une forme de paix intérieure, à oublier ?
Grégory Mardon, toujours aussi talentueux, nous touche avec ce roman graphique beau et subtil. Le dessin et le texte nous emportent, nous plongeons avec plaisir dans ces décors champêtres aux couleurs chaudes. Un très heureux moment de lecture !
Delphine
Paru en mai 2017
Décrire cinq années de la vie de ce monstre sacré du cinéma français qu'est Gérard Depardieu était un projet ambitieux. Mais Mathieu Sapin n'a vraisemblablement pas froid aux yeux car il s'est lancé dans l'aventure avec enthousiasme et a passé beaucoup de son temps à suivre le comédien sur ses tournages, entre 2012 et 2016. Une expérience sans doute pas de tout repos... Carnet de croquis à la main, il l'a accompagné à travers le monde et a croqué son quotidien avec humour mais aussi pas mal de respect pour l'homme. Il faut dire que dans cet album de BD-reportage, on découvre un Gérard Depardieu sans doute plus vrai que nature, un homme au caractère entier, à la fois insupportable et attachant, qui semble dévorer la vie à pleines dents. Si Mathieu Sapin est resté dans l'ombre du comédien, il n'en a pas moins partagé certaines aventures, formant parfois un duo improbable mais touchant avec Gérard Depardieu : gentil petit Sapin et grand méchant Depardieu. On ne peut que savourer certaines scènes décrites dans l'album, notamment celle où Mathieu Sapin accompagne Gérard et son équipe dans le sauna brûlant d'un haut gradé russe, épreuve d'autant plus éprouvante qu'ils avaient dû accepter "quelques" vodkas pour faire honneur à leur hôte avant de rejoindre le sauna...
Bref, le récit est rythmé et vraiment détonnant par moment, mais on sent que les liens tissés entre les deux hommes au fil de ces cinq années sont sincères et respectueux.
Un roman graphique étonnant à découvrir sans hésiter, qu'on aime ou pas le grand Gérard Depardieu ! Réjouissant !
Delphine
Paru en mars 2017.
Isadora Duncan, figure mythique de la danse du début du XXe siècle, prend vie dans cette bande dessinée passionnante. Le lecteur est happé par ce récit virevoltant, assez virtuose, qui traverse les décennies et les continents, sur les traces de cette Isadora, terriblement libre et attachante. On découvre des décors vivants des grandes villes au début du XXe siècle (Paris, Londres, Berlin, Moscou, New York...), des personnages qui ont marqué l'histoire de l'art (comme ce Rodin par exemple dont le travail subjugua Isadora). La vie tumultueuse de la danseuse est captivante, on sent qu'Isadora est portée par un élan, une fougue, une envie de vivre qui fait peu de cas des qu'en-dira-t-on : elle dansait presque nue sur toutes les grandes scènes, improvisant des danses très spontanées, presque mystiques, proches de l'esprit de l'Antiquité. Une liberté d'expression qui lui valut la gloire et la notoriété mais qui faisait aussi crier au scandale. Cette même liberté marqua sa vie amoureuse, ses relations avec sa famille, son rapport au monde et à la vie. Car Isadora Duncan était une femme forte et indépendante, jusqu'à la fin de sa vie, qui se clôt de manière tragique.
Le duo formé par Julie Birmant au scénario et Clément Oubrerie au dessin n'en est pas à son coup d'essai, puisqu'ils avaient déjà signé ensemble la tétralogie "Pablo", consacrée à Pablo Picasso. Ils se sont attaqués cette fois, et avec le même talent, à une autre légende, et à une personnalité solaire qui ne laisse personne indifférent. Le scénario est bien ficelé, la narration enlevée, le dessin très expressif. Bref, une belle réussite !
Delphine
Paru en avril 2017.
Michaël Olbrechts nous plonge, le temps d'un week-end, dans l'intimité d'une famille comme les autres, réunie autour de Pépé Louis. Son épouse a en effet décidé de rassembler tous ses proches pour "fêter" le dernier jour de Louis à la maison, avant qu'il ne parte en maison de repos. Car depuis sa crise d'apoplexie quelques mois plus tôt, l'octogénaire n'est plus que l'ombre de lui-même et son épouse a dû se résigner à le placer. Mais la réunion de famille s'avérera plus tumultueuse que prévu, et fera resurgir de vieilles tensions... Mais aussi de vieux souvenirs empreints de nostalgie.
Caustique chronique sociale relevée par un dessin presque caricatural, ce roman graphique décrit aussi très justement les relations entre les personnages, les émotions sous-jacentes et dépeint avec tendresse l'histoire de cette famille, depuis 44 ans, jusqu'à l'évocation de cet énigmatique Ronny... Le dessin restitue aussi avec un certain charme les ambiances de ce petit village de province sous la chaleur estivale. Voici un album doux-amer qui se lit avec plaisir.
Delphine
Paru en mars 2017.
Pour cette adaptation en bande dessinée, Eric Corbeyran s'est emparé du puissant roman de Sorj Chalandon, paru en 2013, "Le Quatrième mur". Sorj Chalandon fait partie de ces romanciers contemporains qui puisent leur inspiration dans leur expérience de journaliste, et modèlent des histoires aussi fortes et âpres que la réalité mais toujours très justes.
Adapter cet excellent roman en roman graphique relève du défi, mais selon moi, il est réussi. On retrouve dans ces pages illustrées avec le trait aiguisé de Horne, à l'encre de Chine, toute l'intensité du roman original, sa gravité. Si certains passages sont forcément éludés ou absents de la BD, faute de place, le fil narratif est fidèlement restitué et les personnages ont de la consistance. On y retrouve Samuel, cet inspiré artiste juïf d'origine grecque, porté par son idéal de paix, le très engagé Georges, ami fidèle du premier, qui accepte par amitié la mission que lui confie son ami : monter à Beyrouth, en pleine guerre civile (nous sommes en 1982), la pièce "Antigone" d'Anouilh, avec des comédiens issus de tous les camps en conflit dans cette guerre. Le lecteur est porté par ce projet fou et utopique transcendé par l'espoir, se met à rêver avec les personnages, à trembler aussi. Car, à l'image de la pièce d'Anouilh et du destin d'Antigone, on peut à tout moment basculer dans la tragédie.
Un sujet très fort et une belle entrée dans l'oeuvre de Sorj Chalandon, pour ceux qui n'auraient pas encore lu le livre. Roman que l'on vous conseille bien entendu chaleureusement !
Delphine
Octobre 2016
Coup de projecteur sur René Magritte : ce peintre belge surréaliste est remis à l'honneur cette année avec une grande exposition qui se tient à Paris cet automne.
A la demande des Editions du Lombard, Vincent Zabus a scénarisé un très bel hommage au peintre, avec un oeil amusé, et a proposé à son complice depuis quelques albums, Thomas Campi, de mettre la bande dessinée en images. Un excellent choix puisque le dessin pictural de Campi colle tout à fait à l'univers de Magritte.
Cet album nous fait revisiter l'oeuvre de Magritte à travers les déboires d’un personnage de fiction, embarqué malgré lui dans l’univers du peintre.
Une bande dessinée inventive, truffée de références picturales, qui nous questionne sur la place de la fantaisie dans notre vie et qui renoue avec « l’esprit Magritte ».
Delphine
Novembre 2016
Guy Delisle n'a plus à faire ses preuves dans le domaine des BD-reportages. Dans ce nouveau roman graphique, il nous raconte l'histoire vraie de Christophe André, comptable dans une ONG dans le Caucase, kidnappé et pris en otage en juillet 1997 par des activistes tchétchènes. Au fil des 400 pages de ce dense volume, on vit l'attente avec Christophe André, terriblement bien restituée. Une attente qui a duré 111 jours. Autant de jours seul dans une pièce, menotté à un radiateur, de journées rythmées par le passage de ses geôliers lui apportant eau et nourriture, trois fois par jour. Autant d'heures à ne rien faire, à part gamberger : quand sera-t-il libéré ? L'ont-ils oublié, à Paris ? Survivra-t-il à cette expérience ? La tension est énorme, l'attente fébrile, et l'empathie avec le personnage de plus en plus forte.
Guy Delisle signe un récit très fort, intense, et surtout très juste, servi par un dessin sobre et épuré, dans des teintes bleu-gris assez glaçantes. Une belle réussite et aussi un bel hommage à ces hommes et femmes engagés dans l'humanitaire qui bravent les dangers de régions instables.
Delphine
Septembre 2016
Gallimard vient de sortir une compilation de quinze portraits BD décalés mais véridiques réalisés par Pénélope Bagieu pour le blog du journal Le Monde.
Le point commun de ces portraits : ils sont tous consacrés à des femmes qui ont pris en main leur destin pour ne faire que ce qu'elles voulaient. Des femmes qui réclament le droit d'être pleinement femmes, avec leurs différences et leur identité propre, et qui ont aidé à l'émancipation de la femme, à leur manière.
Avec son mordant caractéristique et son coup de crayon hyper expressif, la culottée Pénélope Bagieu nous raconte la vie authentique de ces femmes qui ont plus ou moins marqué l'Histoire à travers les âges (certaines sont très célèbres, d'autres ont été beaucoup plus oubliées). On traverse les époques, les continents, on découvre des histoires amusantes, d'autres plus graves, on apprend plein de choses et on rit beaucoup mais on ne perd pas de vue la cause féminine qui est le fil rouge et le fer de lance de ce roman graphique. Une belle réussite !
Delphine
Paru en septembre 2016
Miles Hyman a mis beaucoup de son talent et de son coeur à l'adaptation en BD de la nouvelle de sa grand-mère, Shirley Jackson, nouvelle qui fit grand bruit lors de sa parution en 1948 dans le New York Times. Il faut dire que la chute de ce texte était assez terrible et que beaucoup d'Américains en furent choqués à l'époque...
C'est le début de l'été, le 27 juin précisément. Les quelques familles d'un petit hameau de Nouvelle-Anglettere se préparent au rituel annuel de la loterie, avec une excitation mêlée d'appréhension. L'enjeu de la loterie ? C'est tout l'objet de l'intrigue qui sera dévoilé dans la chute finale... Mais ce que Miles Hyman a réussi à dépeindre avec brio, c'est l'ambiance des heures qui précèdent cette chute. Avec ces pages qui prennent le temps de la langueur d'un jour d'été, ces silences qui alourdissent l'ambiance peu à peu, ces grandes images figées sur l'un ou l'autre moment du jour, Miles Hyman décrit l'attente avec une efficacité redoutable. Et pour ne rien gâcher, le résultat est d'une beauté rare : les planches semblent tout droit sorties des tableaux de Denis Hopper, avec de profondes couleurs, des portraits presque picturaux, des images très fortes. La tension monte réellement jusqu'à la chute. Saisissante.
Une bande dessinée à couper le souffle...
Delphine
Paru en septembre 2016.
Découvrez la Corée du Nord à travers les yeux de Jun Sang, ce petit garçon de huit ans qui a l'immense honneur de fêter son anniversaire le même jour que Kim Jong-Il, demi-dieu et maître de la Nation. Une aubaine dans un pays où l'on ne célèbre jamais les anniversaires, à part celui de leur leader : ainsi, le jeune garçon a chaque année le sentiment que c'est lui qu'on fête...
Dans un premier temps, le petit Jun Sang, endoctriné par la propagande, n'aura de cesse de défendre sa patrie, son leader qui veille sur leur destin, ses héros de guerre, tout en haïssant leurs ennemis jurés : les "fantoches de Corée de Sud" et les "chiens d'Américains". On découvre alors avec un oeil intrigué le quotidien des enfants sous ce régime, leurs loisirs, bien maigres, leurs tâches, parfois bien lourdes et absurdes, mais aussi un grand enthousiasme propre à l'innocence de l'enfance : Jun Sang aime sincèrement et naïvement son pays.
Mais petit à petit, le regard de Jun Sang va changer, passant de l'admiration à la déception, à l'angoisse : la famine impose sa loi en Corée du Nord, la famille de Jun Sang tente de fuir, sans succès... Ils sont rattrapés et internés dans un camp de prisonniers. Sous le vernis, Jun Sang découvre le vrai visage de son pays, celui de la dictature.
Aurélien Decoudray, scénariste et journaliste de formation, parvient à créer l'ambiance, à camper ses personnages, à restituer le régime de Corée du Nord avec précision et efficacité. Le dessin sobre de Mélanie Allag, avec ses décors simples, ses visages ronds presque caricaturaux, son expressivité, nous aide à voir avec les yeux d'un enfant. Le résultat est surprenant : captivant et terrifiant à la fois. Un vrai documentaire pour tous ceux qui veulent en savoir plus sur les régimes dictatoriaux et sur la Corée du Nord.
Delphine
Août 2016
"Etunwan" ou "Celui-qui-regarde". C'est ainsi que les Indiens Sioux Oglalas baptisèrent Joseph Wallace, photographe de profession, lorsqu'ils firent sa connaissance en 1867 dans les Montagnes Rocheuses. Joseph Wallace y accompagnait une expédition scientifique chargée de faire le relevé cartographique de la région. Il y a été subjugué par l'immensité des paysages de cet Ouest américain et marqué par la rencontre avec ces tribus indiennes qui lui laissait entrevoir un autre monde que le sien, fait de traditions ancestrales et régi par les lois de la Nature.
Car il s'agit bien de la rencontre de deux mondes dont il est question dans ce roman graphique : la civilisation américaine en plein développement industriel et démographique, et la civilisation indienne, malheureusement déjà en voie de disparition. Joseph Wallace est frappé par les différences entres les deux univers et touché par le mode de vie des Indiens. Il décide de les immortaliser par la photographie, son métier. Entre 1867 et 1869, il monte plusieurs expéditions dans les Rocheuses, afin de rester en contact avec les Sioux et de mener à bien son projet. Il en ramène quantités de photographies qu'il essayera de faire exposer et publier.
L'histoire de Joseph Wallace a été imaginée par Thierry Murat. Pourtant, ce personnage de fiction paraît authentique et nous touche par son projet, son parcours et les réflexions sincères qu'il nous livre à travers ce livre narré à la première personne. On apprend aussi beaucoup sur l'histoire et la disparition des civilisations indiennes d'Amérique et sur l'histoire de la photographie.
Avec son dessin sublime dans les teintes sépia, relevé par des noirs profonds à l'encre de Chine, Thierry Murat a réussi à restituer l'ambiance en clairs-obscurs des clichés photographiques de l'époque où la photographie en était à ses premières heures. Un réel charme se dégage de ces pages aux images superbes, aux longs silences et à l'émotion palpable. Un vrai coup de coeur !
Delphine
Paru en août 2016.
Macaroni !, c'est l'histoire de l'immigration italienne dans la Belgique d'après-guerre. C'est aussi et surtout l'histoire touchante de la rencontre entre Roméo, 11 ans et son "Nonno", Ottavio, ancien mineur au Bois du Cazier à Charleroi. Il faut dire qu'au début de cette semaine de vacances forcées chez son grand-père, Roméo n'est pas très enthousiaste à l'idée de passer quelques jours avec celui qu'il appelle "le vieux chiant", ce papy bougon qu'il ne connaît presque pas. Car Ottavio est un homme un peu rêche, empêtré dans ses souvenirs pas toujours heureux, qui se livre peu. Heureusement, ses journées sont égayées par la compagnie de la pétillante voisine, Lucie, et du cochon de son "Nonno", prénommé Mussolini... Mais au fur et à mesure que les jours passent, les liens vont se tisser entre le grand-père et son petit-fils, les souvenirs affleurer, et Ottavio va se raconter à Roméo, contre toute attente.
Voici un très beau récit où l'émotion est palpable, où le scénario subtil de Vincent Zabus nous tient en haleine, le tout servi par le dessin savoureux et sensible de Thomas Campi. Un roman graphiques qui nous parle de l'importance de la mémoire avec humilité et nostalgie, et qui sent bon l'Italie, avec ses couleurs chaudes de briques, de tomates et d'été.
Delphine
Avril 2016
Camille Jourdy nous avait séduit avec sa trilogie Rosalie Blum, objet d'une récente adaptation au cinéma, trilogie qui soit dit en passant, vient d'être rééditée chez Actes Sud BD dans un très beau volume aux couleurs tendres. Elle nous revient avec cette chronique familiale mettant en scène une famille comme les autres, ou presque, dans une petite ville de province française. On y suivra deux soeurs trentenaires : Marylou au caractère bien trempé, en situation familiale et conjugale délicate, et Juliette, sa jeune soeur hypocondriaque en pleine crise identitaire qui a décidé de quitter Paris pour passer quelques semaines chez son papa.
Camille Jourdy, habile et toujours très juste pour dépeindre le quotidien, nous livre une tragi-comédie parfaitement maîtrisée, vaudevillesque par moments, mais surtout très tendre, qui nous fait furieusement aimer ses personnages. C'est frais, c'est doux, à l'image de ses dessins délicats, aux traits fins et aux couleurs joyeuses presque naïves. Un roman graphique subtil, plein de grâce et d'humour dans lequel nous vous recommandons de plonger sans attendre.
Delphine
Février 2016.
Après la sortie récente du long-métrage inspiré de l'album "Paul à Québec", voici le huitième opus des aventures absolument savoureuses de Paul, ce jeune Québécois "so cute" qui fait chavirer le coeur de tous les amateurs de bons romans graphiques et du pays des caribous : le Québec. Comme dans ses albums précédents, Paul se livre à nous en toute simplicité, dans une ambiance québécoise franchement typique. Après nous avoir raconté Paul jeune adulte dans ses albums précédents, Rabagliati remonte dans le temps dans cet épisode, et nous fait retrouver Paul adolescent, en 1976. Il a 16 ans, n'est pas très bien dans sa peau, vient de changer de quartier et d'école, se fait de nouveaux copains, et passe pas mal de temps dans la maison de vacances de ses parents dans les Laurentides, au Nord de Montréal, au milieu des grands espaces. Cet album est celui des premières fois pour Paul : première cuite, première mobylette, premier joint, premier amour et premier chagrin. Bref, on retrouve en Paul tout ce qu'on a pu vivre en tant qu'adolescent, avec ses côtés exaspérants et ses côtés touchants, ce qui nous le rend une fois de plus très attachant. Traité en bichromie, avec ce trait expressif qui lui est propre, cet album est toujours aussi juste et sent bon la nostalgie et le sirop d'érable. Délicieux !
Delphine
Novembre 2015