Animations
Nos lectures
Rechercher parmi nos chroniques
1718. La paix entre nations européennes laisse de nombreux mercenaires, les corsaires, sans emploi. Ne souhaitant pas réintégrer un monde sous autorité, la plupart d’entre eux deviennent des pirates, écumant les mers, récupérant du fret qu’il soit matériel ou humain.
Nous pourrions avoir entre les mains une xième histoire de pirates mais les auteurs ont voulu nous donner une vision de la piraterie sous l’angle d’une communauté démocratique. Les chefs sont choisis parmi l’équipage, au vote, qu’ils soient hommes ou femmes, blancs ou noirs, éduqués ou non. Une sorte de rêve utopiste ou anarchiste. Ces différents idéaux, certes contemporains, nous donne un autre éclairage sur ces zadistes avant l’heure. Pour les amateurs de batailles navales et de tentatives de démocratie directe.
Olivier C.
Paru en février 2022. Existe aussi au format numérique.
Le talentueux duo Appollo-Brüno, qui n’en est pas à son coup d’essai, nous propose une BD d’atmosphère dans la moiteur d’un pays imaginaire du continent africain : T’Zee, son dictateur, est sur le point de tomber. Comme dans une tragédie grecque, le lecteur est happé par le récit qui s’achemine vers une issue qui semble inéluctable…
Les auteurs nous livrent une vision au scalpel de l’Afrique, en proie à ses démons mais aussi imprégnée d’une ambiance magique qui lui est propre.
Un récit envoûtant, servi par le dessin si particulier de Brüno.
A découvrir.
Delphine
Paru en mai 2022. Existe aussi au format numérique.
Dans cette œuvre autobiographique, David Sala s’appuie sur les figures tutélaires (et non moins écrasantes) de ses grands-parents, héros de la guerre d’Espagne et de la résistance française. C’est un roman graphique dense et foisonnant sur l’enfance et la famille. On y retrouve des thématiques comme la migration, le poids de la guerre, du devoir, l’insouciance de l’enfance.
Le traitement graphique de David Sala est juste sublime. Chaque case peut être vue comme un tableau miniature. On est plongé dans les teintes criardes des années 70 avec justesse. On y retrouve aussi, comme dans ses œuvres précédentes, tant en bande dessinée qu’en albums illustrés, les hommages à Klimt, Chagall, O’Keeffe ou Egon Schiele.
Olivier C.
Paru en janvier 2022. Existe aussi en format numérique.
Catherine Meurisse nous convie, avec l’humour fin dont elle a le secret, à un voyage au pays du soleil levant et à une savoureuse introspection sur les mystères de la création quand on est artiste. Elle s’y met en scène, dessinatrice française en résidence au Japon, désireuse de s’inspirer des paysages japonais, et en proie aux pires difficultés pour restituer la nature, changeante, vivante. Elle y rencontrera un peintre et poète nippon désespéré de son côté de ne parvenir à saisir l’essence même de la femme sur sa toile... Un dialogue entre les deux artistes, drôle et incisif, naîtra de cette rencontre.
Dans les planches de ce roman graphique, des personnages croqués au trait épais avec expressivité et malice évoluent dans des décors dessinés à la plume à la manière d’estampes : le résultat est unique ! Une évasion philosophique pleine d’esprit et rafraîchissante.
Delphine
Paru en octobre 2021. Existe aussi au format numérique.
En 2008, Riad Sattouf réalise son premier long métrage, Les beaux gosses, inspiré de sa propre adolescence, celle-là même qu’il décrit dans ses jubilatoires Arabes du futur. Pour incarner son double adolescent à l’écran, il opte à l’époque pour un “casting sauvage” : il rêve de découvrir un talent à l’état brut, un adolescent qui n’a aucun bagage en tant qu’acteur et qui saurait représenter la candeur (et le côté passe-partout) de son personnage. Vincent Lacoste, âgé alors de 14 ans, décroche le rôle un peu par hasard… et cela va changer sa vie !
Sur base des souvenirs du jeune acteur, Riad Sattouf nous raconte cette expérience inédite et nous dévoile les coulisses du tournage de ce long métrage. C’est évidemment drôle, criant de spontanéité, mais c’est surtout touchant et juste. Un premier tome d’un dyptique, à suivre donc...
Delphine
Paru en octobre 2021.
Au rang des oubliées de l’Histoire, s’inscrit sans conteste Alice Guy, la première réalisatrice de l’histoire du cinéma. Contemporaine des frères Lumière, elle dirigera en France plus de 300 films entre 1896 et 1907 avant de s’exiler en Amérique où elle créera sa propre maison de production et son propre studio. Elle se retire du paysage cinématographique au début des années 20 et restera longtemps méconnue voire spoliée de ce titre de première réalisatrice. Ce n’est qu’après sa mort qu’elle se verra attribuer son apport exceptionnel au cinéma.
Ce nouveau biopic de Catel et Bocquet s’inscrit dans la lignée de leur travail sur les clandestines de l’Histoire, ces héroïnes qui ont marqué l’histoire politique, artistique,… et qui n’ont pas été retenues ou mal retenues, du moins pas de leur vivant. Le dessin faussement naïf de Catel est cette fois rehaussé de pointes de lavis qui donne une touche plus douce à son dessin habituel à l’encre de Chine.
Olivier C.
Paru septembre 2021. Existe aussi au format numérique.
Madeleine est adolescente lorsque la seconde guerre mondiale éclate. Et pourtant, elle n’aura de cesse de vouloir rejoindre Paris pour intégrer la résistance et se rendre utile à la lutte malgré son jeune âge. Ce premier tome met en place les personnages et nous décrit comment Madeleine devient résistante. Car c’est bien là tout l’intérêt de cet énième récit sur la seconde guerre mondiale et la résistance : les auteurs, dont Madeleine Riffaud, l’héroïne toujours bien en vie aujourd’hui et scénariste de cet album, nous décrivent comment la conviction de Madeleine nait petit à petit.
Il y a d’abord son père, combattant de 14-18, qui a compris très tôt qu’un second conflit est inévitable et prépare donc sa fille dans cette perspective en lui apprenant très jeune à conduire, à chasser. C’est la première étape dans le processus. Il y aura ensuite l’humiliation lorsque voulant traverser un groupe de soldats allemands pour prêter secours à son grand-père, elle sera envoyée au sol par l’officier allemand d’un grand coup de pied au derrière. Et c’est à ce moment précis que se crée sa vocation de résistante. Enfin, le personnage est incroyable : une grande gueule, quelqu’un qui a des idées, du charisme…
Ce récit confié aux pinceaux de Dominique Bertail, qui a osé le parti-pris du traitement monochrome bleu qui donne cette tonalité originale et froide, est certes un récit de plus sur cette sombre période mais il est sans doute appelé à intégrer la liste des ouvrages qui resteront des indispensables sur le sujet.
Olivier C.
Paru en août 2021.
Le travail d’Etienne Davodeau peut se diviser en deux grandes catégories : les œuvres de fiction et les témoignages dessinés. Ce nouvel opus, Le droit du sol, rentre clairement dans cette seconde catégorie. L’auteur a choisi deux bornes qu’il a reliées ensuite à pied. Un périple de près de 800 kms réalisé en un mois entre la grotte de Pech-Merle dans le Lot et le village de Bure dans la Meuse. D’un côté, un site préhistorique où les premiers homo-sapiens nous ont laissé des traces sous la forme de fresques pariétales et de l’autre un projet de site d’enfouissement où l’être humain actuel compte laisser aux futurs habitants de notre planète de bien étranges traces de notre passage : des déchets nucléaires. C’est ce trajet et les questions autour de ces sites qui sont au centre de cette bande dessinée.
Tout au long de son cheminement, Etienne Davodeau en profite pour convoquer, virtuellement car ce sont des conversations qu’il a eues en-dehors de sa marche, des témoins, des professionnels de l’art pariétal, du nucléaire, de la gestion des sols, des supports de transmission comme les livres, le papier,... Il invite aussi son lecteur à s’interroger sur la pérennité (et les conséquences) des actes que nous, humains, sapiens, posons.
Un ouvrage dense, actuel, qui nous questionne aussi sur le monde que nous voulons laisser aux générations futures
Olivier C.
Paru en octobre 2021. Existe aussi au format numérique.
On devait déjà à Grégory Panaccione l’éblouissant Un océan d’amour écrit par Lupano. Une longue ode entièrement muette où le dessin de l’auteur italien n’avait besoin d’aucune béquille écrite. Nous le retrouvons ici, seul cette fois, aux manettes de l’adaptation d’un roman de Massarotto. Et quelle adaptation ! Un roman graphique d’une énergie rare avec de grands passages à nouveau entièrement muets qui se suffisent à eux-mêmes. Cette maîtrise parfois cartoonesque nous emmène dans un récit intrigant, envoûtant qui fleure bon le parfum des étés perdus et l’insouciance de l’enfance.
Simon, trentenaire désabusé et solitaire par la force des choses, fête seul un soir son anniversaire. Désœuvré, il forme le seul numéro de téléphone qu’il connait par coeur, celui de la maison de son enfance. Et là, quelqu’un (mais qui ?) décroche et lui répond.
Un album juste et émouvant.
Olivier C.
Paru en août 2021. Existe aussi au format numérique.
Hybrider : créer à partir d'assemblages nouveaux. C'est tout le jeu et l'enjeu de la cuisine, du vin et de la bande dessinée.
Et c'est à cet assemblage que nous sommes conviés, comme des invités à la table d'un restaurant étoilé, mais pas n'importe quelle table. Celle qui réunit d'abord un Chef et sa sommelière, Gérard et Catherine Bossé, qui oeuvrent et militent depuis plus de 35 ans pour la reconnaissance culturelle de leur art : la cuisine. Celle qui réunit des auteurs et autrices de bande dessinée ensuite, qui oeuvrent et militent tout autant pour la reconnaissance de leur art dans le champ de la littérature. Quand ces deux disciplines artistiques et culinaires se rencontrent, cela donne un très bel ouvrage, rempli d'humour, de respect et de beauté, et de reconnaissance mutuelle aussi. Sont conviés parmi les invités Etienne Davodeau au scénario, Zeina Abirached, Baru, Fred Bernard, Claire Braud, Camille Jourdy, Philippe Leduc, Tanquerelle, et le collectif Lucie Lom, pour un festin explosif de saveurs colorées, qui reflète à merveille l'engagement social et culturel de son chef. Chaque feuillet de chaque artiste est accompagné d'une recette étoilée et d'un vin soigneusement sélectionné par Catherine. Ça nous met l'eau à la bouche et on n'a qu'une seule envie : ouvrir une bonne bouteille de vin, se plonger dans une bonne bande dessinée et programmer un petit voyage à Angers !
Catherine D.
Paru en septembre 2019. Existe aussi au format numérique.
La talentueuse Aimée De Jongh livre un récit initiatique touchant dans le décor du "Dust Bowl", cette région du Grand Ouest américain dévastée par la sécheresse et ravagée par la famine pendant la grande dépression des années 1930.
John, photographe débutant, y est envoyé en 1934 par la FSA pour réaliser un reportage. Il y sera confronté à ses démons intérieurs mais aussi à des questions éthiques intimement liées au rôle du photographe : ce dernier est-il en droit de déformer la réalité pour que l'image sur la photo colle au message qu'on souhaite qu'elle véhicule ? Comment respecter les êtres humains captés sur la pellicule ? En intercalant quelques photos d'époque dans ses planches de bande dessinée, l'autrice invente et révèle ce qui hors cadre. Elle met aussi en relation étroite l'histoire et la fiction. Le lecteur découvre un pan de l'histoire douloureux mais aussi un personnage de fiction qui se pose des questions essentielles par rapport au drame dont il est témoin. Et c'est passionnant.
Le dessin plutôt réaliste, dans une palette de jaunes et d'ôcres, nous plonge dans ces nuages de poussières et nous immerge littéralement dans cet univers oppressant.
Un roman graphique intelligent et très abouti aux atmosphères palpables. Coup de coeur !
Delphine
Paru en mai 2021. Existe aussi au format numérique.
Dominique Mermoux adapte avec pudeur et sensibilité le roman de Baptiste Beaulieu, paru en 2018, Toutes les histoires d'amour du monde.
Ce roman graphique relate l'enquête familiale d'un petit-fils qui, pour renouer avec son père, décide de partir sur les traces de son grand-père Moïse, récemment décédé et ayant emporté dans sa tombe certains secrets de son passé. Néanmoins, son aïeul a laissé derrière lui des carnets dans lesquels il a livré son histoire sous forme de lettres adressées à une certaine Anne-Lise dont la famille ignorait l'existence. Une histoire qui traverse une bonne partie du XXe siècle et dont le point culminant semble avoir été la rencontre et la relation de Moïse avec une jeune femme allemande... Mais qui est cette mystérieuse Anne-Lise ? Et quels secrets se cachent entre les lignes des calepins ? Jean va tenter de faire ressurgir les fantômes du passé.
Le dessin de Dominique Mermoux sert magnifiquement le récit : l'enquête contemporaine est développée dans des planches de bandes dessinées traitées de manière relativement classique alors que les retours dans le passé se déploient dans des pages aux dessins davantage jetés, libéré des cases, dans une bichromie de tons bleu et brun qui confère aux souvenirs une atmosphère feutrée.
Un récit qui parle d'amour, mais aussi de paternité. Une histoire de secrets de famille très touchante.
Delphine
Paru en mai 2021.
Voyage dans le temps décrit avec subtilité et humour : dans ce roman graphique, Guy Delisle revient sur ses étés de jeunesse où il travaillait comme étudiant dans l'usine de papier de sa ville au Québec. L'occasion de se livrer aussi sur la relation étrange et distandue avec son père, lui-même employé dans cette usine.
Avec son trait épuré et expressif, Guy Delisle nous propose un récit autobiographique d'une grande fraîcheur, qui questionne le rapport d'un jeune au monde du travail.
Delphine
Paru en janvier 2021.
Voilà un objet étonnant et détonnant : Magali Le Huche est parvenue à nous livrer un récit intime et très personnel par le biais d'un dessin virevoltant voire carrément pop par moments. Elle nous raconte comment, jeune adolescente, elle a décroché de l'école, complètement étouffée par une phobie scolaire qui a pris des proportions ingérables. Et comment sa découverte de la musique des Beatles lui a permis de redonner de la joie à sa vie en cette période troublée : John, Ringo, George et Paul sont alors devenus sa bouée de sauvetage, sa bouffée d'oxygène, ses amis !
Un roman graphique autobiographique inspirant, un personnage dans lequel certains pourront se reconnaître. Le ton est sincère et drôle, le dessin jeté par moments, très pictural à d'autres, carrément libéré !
Une belle découverte, un livre qui fait un bien fou !
Delphine
Paru en mars 2021. Existe aussi au format numérique.
"Ne m'oublie pas" décrit la relation complice et ô combien émouvante entre Clémence, jeune adulte, et Marie-Louise, sa grand-mère atteinte de la maladie d'Alzheimer. Désemparée par la souffrance, les absences et les égarements de sa Mamie, Clémence décide d'organiser une fugue à deux. Histoire de retrouver la maison d'enfance de Marie-Louise qui semble tellement hanter les pensées de son aïeule. Un road-trip qui prend des allures de cavale, mais aussi de retrouvailles avant de faire ses adieux.
Alix Garin nous livre un premier roman graphique, bouleversant et très juste. Son dessin épuré déployé dans une palette de couleurs tendres rend l'atmosphère très douce.
Un récit délicat qui ne laisse pas indifférent.
Delphine
Paru en janvier 2021. existe aussi au format numérique.