Le classique du mois !
C’est en 1961 que débute la prépublication de QRN sur Bretzelburg. Elle durera plusieurs mois, interrompue par une longue absence de Franquin pour cause de dépression et de période de crise créative.
Sous ce titre énigmatique se révèle un des meilleurs albums de la série Spirou et Fantasio. QRN est une référence au code international de radiophonie signifiant qu’il y a des interférences. Nous assistons à la confrontation de deux petits états voisins qui se préparent à la guerre malgré eux. Un margoulin s’enrichit en vendant des armes aux deux camps. Les deux souverains, eux, sont complètement sous la coupe de leur conseiller respectif. L’histoire débute par une méprise avec, en faux coupable, Fantasio qui est enlevé. Spirou partira vers le Bretzelburg pour le libérer.
C’est une histoire riche, imprévisible et foisonnante en personnages secondaires. Les auteurs reconnaissent que le scénario s’est un peu construit au fur et à mesure de l’avancement du récit. Et pourtant, c’est un thriller hitchcockien où les scènes d’anthologie s’enchainent sans nuire à la linéarité du récit d’aventure. Citons entre autres, une scène de torture à l’aide d’un tableau noir et d’une craie dont vous ne sortirez pas indemne. Celle-ci illustre toute l’expressivité inégalée du dessin de Franquin où il exacerbe le moindre détail, ce qui fait que les cases se révèlent à ce point drôle.
C’est aussi l’album sans doute le plus politique. Franquin et Greg, son scénariste, baignent en pleine guerre froide. Ils évoquent la torture, les privations d’une population soumise à un régime totalitaire, la manipulation d’un monarque abruti par des calmants.
C’est enfin l’album des dernières fois pour Franquin : dernière longue aventure pour Spirou dessinée par lui, dernière collaboration avec Greg, dernier encrage à la plume (plus nerveux), dernière fois où Spirou agit en véritable héros (il sera plus observateur par la suite).
Un album avec différents niveaux de lecture donc, accessible par tous les publics.
Olivier C.