Emmanuel Dongala est d'origine congolaise et réfugié aux Etats-Unis depuis 1997. Il est notamment l'auteur de Johnny chien méchant, adapté depuis lors au cinéma, fiction qui se déroulait dans le Congo en pleine guerre civile. Dans Photo de groupe au bord du fleuve, il raconte la lutte d'un groupe de femmes contre le pouvoir en place.
Méréana, la narratrice et une quinzaine d'autres femmes se retrouvent tous les jours sur un chantier à casser des blocs de pierre pour obtenir des cailloux. Elles apprennent que la construction d'un aéroport a fait considérablement augmenter le prix du gravier, et elles décident que le sac qu'elles cèdent aux intermédiaires coûtera désormais plus cher, et que Méréana sera la porte-parole dans cette négociation. Leur ténacité sera, au départ, réprimée par la force, qui plongera l'une d'elles, Batatou, dans le coma.
Qui sont ces femmes qui cassent des cailloux au bord du fleuve ? L'histoire de chacune d'entre elles enrichit le récit : femme violée, femme répudiée, veuves dépouillées de leurs biens... femmes qui luttent pour survivre et élever leurs enfants. Méréana, conteuse de cette histoire, a quitté son mari de son plein gré, elle est la plus cultivée et économise pour reprendre des études. Comme en écho à sa parole, la radio qu'elle écoute de temps à autre, relate d'autres faits, d'autres misères en Afrique et de par le monde.
Par ce magnifique récit, écrit à la deuxième personne, Emmanuel Dongala montre une Afrique peu exotique où les rapports de force entre hommes de pouvoir et hommes de la rue, entre hommes et femmes, sont considérables. Pas de misérabilisme, mais un roman profondément humain, social, dans lequel pointe constamment une note d'humour.