Le grand spectacle boréal m'a insufflé l'énergie que j'attendais pour produire, enfin. Il me fallait prendre un détour, sortir de l'impasse où me menait le regret de la lumière, nécessairement manquante, pour m'engager, chercher à l'opposé, vers le noir, observer comment les couleurs en jaillissent, percent l'obscurité.
Roman pictural autant que sensible et poétique, Arctique solaire nous emmène sur les traces de la peintre paysagiste suédoise Anna Boberg, jusqu'à ses longs mois d'hiver passés dans la solitude sur les îles Lofoten. C'est profondément beau, et le portrait de cette artiste libre, passionnée d'art(s), grande voyageuse, est un enchantement à lire, véritable éloge de la peinture et de ses inconditionnels que sont la lumière et les couleurs, tout autant que de l'écriture, de la musique et de l'amour. Des chapitres courts nous font découvrir par couches successives le destin de cette femme issue d'une famille bourgeoise, amie de Sarah Bernhardt, mariée à l'architecte internationalement reconnu Ferdinand Boberg qui lui construira sa cabane isolée au milieu d'un champ et sera le compagnon d'une vie passée à traquer la beauté des montagnes et leurs aurores boréales.
Catherine D.