Le roman s'ouvre dans le bureau de recrutement de la légion étrangère où Nino se fait engager, avec d'autres jeunes venus des quatre coins du globe, pour servir la France, et surtout, gagner sa paie chaque mois. Nino s'adapte tant qu'il peut, se glisse dans la peau de ce qu'on attend de lui là-bas dans cette étrange armée. Il passe les tests physiques avec succès et baisse la tête quand on lui demande... Mais il n'avait pas pensé à tout et malheureusement (ou heureusement), il sera recalé après quelques jours, rattrapé par son passé.
Il enchaîne ensuite les petits jobs pour tenter de gagner de quoi survivre. C'est la débrouille pour se nourrir, pour se loger, pour se saouler... Nino cultive des amitiés fortes, se laisse embarquer dans des plans foireux, est amoureux. C'est le portrait d'une jeunesse pour qui l'avenir semble noir, flou, sans perspective...
La nuit, Nino sort, vit, rencontre des personnes étonnantes aux destins hallucinants. Une de ces rencontres va l'entraîner dans un milieu dont il ne connaît rien, où il semble ne pas maîtriser les codes mais qui va pourtant faire basculer sa vie.
Simon Johannin nous avait déjà bluffé avec L'été des charognes paru en 2017. Avec ce nouvel opus, écrit à quatre mains avec son épouse Capucine, il réitère une prouesse littéraire et dresse aussi un vrai portrait de société. Ils nous parlent du monde du travail dans lequel tout le monde devrait entrer mais qui est loin de laisser de la place pour tout le monde, et particulièrement les jeunes qui ne sont pas tout lisses. Ils nous parlent aussi des grandes inégalités de notre société, une société où d'un côté, on peut gagner un salaire de misère en bossant comme un dingue pour un ignoble patron, et où d'un autre côté, on peut gagner des milliers d'euros pour quelques photos de mode.
Capucune et Simon Johannin sont des auteurs atypiques, à suivre, à découvrir. Leur roman ne laisse pas indifférent, il bouscule par la noirceur et l’âpreté qu'il porte, il interpelle par sa violence mélée de poésie et au final il nous touche terriblement.
Catherine M
Paru en janvier 2019.
Pour les curieux, une petite vidéo complémentaire à découvrir ICI
Rendez-vous avec les auteurs à l'Intime festival le samedi 24 août de 13h00 à 14h15