" Le temps est un cheval de course qui avale les kilomètres en galopant vers la ligne d'arrivée " : telle est la vie d'Amory Clay. Femme amoureuse, aventurière, passionnée, qui capte le 20ème siècle à travers son viseur.
"J'aime photographier les gens en pleine action...cette capacité de l'appareil à saisir à l'improviste de l'animé en suspens...seule la photographie peut réussir ce tour de magie". Tout au long de sa carrière, elle reste la plus fidèle possible à "un art de la photographie sans tabou".
Son parcours professionnel est atypique et l'amène à faire de nombreux aller-retour entre Londres et New York, en passant par Berlin, Paris, et enfin le Vietnam. Initiée très jeune par son oncle Greville, elle débute comme photographe, en 1927, pour "Beau monde", un magazine mondain pour lequel elle tire les portraits de la bourgeoisie londonienne. Très vite lassée de cet univers étriqué et capricieux, elle part à Berlin et revient à la capitale avec suffisamment de photos pour mettre sur pied sa première exposition "Berlin bei Nacht", qui scandalise Londres mais lui donne un nom. Sur les conseils de son ami et protecteur, Cleve Finzi, elle travaille de nombreuses années d'abord à New York, puis à Londres pour le magazine américain "Global-Photo-Watch" ou "le monde dans notre viseur".
Elle devient correspondante de guerre, photojournaliste, pendant la deuxième guerre mondiale et plus tard, au Vietnam, en 1967. Elle ressent le besoin d'être confrontée à la guerre, qui l'a déjà meurtrie à sa façon, à travers son frère Xan, son père et son mari Sholto. Le premier décédé, les deux autres, revenus du front, marqués à tout jamais.
Les vies multiples d'Amory Clay sont aussi le récit de sa vie intime : un mariage, deux filles, des amants car "les désirs du cœur sont aussi tordus qu'un tire-bouchon".
Grâce aux clichés photographiques qui enrichissent le récit, William Boyd rend ce beau portrait de femme encore plus tangible.
Et nous de rêver devant les "pouvoirs" d'un "Ensignette, d'un Zeiss Contax, Rolleiflex, Leica, ou d'un Voigtlander".
Véronique B
Octobre 2015 - existe aussi en format numérique.