Rien n'était plus pur que de se laisser ravir par les histoires de la Grande A, porteuses d'espoir dans leur dispersion entre les dunes, leur chute mélancolique dans la fatigue ensoleillée, et à la nuit tombée elles se transformaient, se muaient en rêves de dentelle de tout enfant voyageur, qui de l'autre côté de la mer espère trouver l'immensité.
Giada ne rêve que d'une chose : rejoindre sa maman dans la Grande A, cette Afrique fantasmée où il doit être merveilleux de vivre. En attendant, elle a treize ans, elle vit chez sa tante maltraitante dans une petite ville italienne proche de Milan, et c'est la guerre, les bombes pleuvent sur la ville. Enfin, cette mère idéalisée revient la chercher mais Giada fera le voyage jusqu'en Erythrée seule, de bateau en bateau, jeune fille naïve, rêveuse et ambitieuse. A son arrivée à Assab, rien ne sera comme elle se l'était imaginé mais le plus important reste la présence de sa mère, Adi, une femme inébranlable et fière, qui n'hésite devant rien ni personne au nom de ses convictions. Giada va rencontrer Giacomo, ils vont rapidement se marier et la jeune femme va découvrir tout un monde qu'elle ne connaissait pas, aux côtés d'un Mari souvent absent et aussi inconséquent qu'imprévisible.
La Grande A est un magnifique roman d'apprentissage, écrit dans une langue rugueuse et virevoltante, qui emporte ses personnages dans un tourbillon d'événements historiques et de danses endiablées, et qui nous offre deux très beaux destins de femmes entre l'Italie des années 1940 et l'Afrique des années 1950-1960.
Catherine D.