Histoire d'amour, roman de guerre, Les Ardents est un bouleversant premier roman qui nous tient en haleine et nous hypnotise, très bien écrit et absolument impossible à lâcher (j'ai lu d'une traite ses 500 pages).
Le roman débute dans un de ces pensionnats huppés de la campagne anglaise, où les amitiés entre garçons sont parfois ambigües, mais où ces relations "exclusives" sont tolérées tant qu'elles restent cachées. Ellwood et Gaunt sont amis, leurs sentiments l'un pour l'autre sont confus mais ils n'en parlent pas. Nous sommes en 1914, la guerre vient de démarrer mais l'on déplore déjà des pertes chez les anciens étudiants, dont les noms sont énumérés dans la rubrique "In memoriam" de la gazette de l'école... des listes qui seront de plus en plus longues au fil des mois. Ellwood brûle de s'enrôler, mais sa mère lui a fait promettre d'attendre ses 18 ans. Quand à Gaunt, qui est à moitié allemand, il est sommé par ses parents d'aller se battre pour l'Empire britannique. On le retrouve donc assez rapidement dans les tranchées, où à sa consternation Ellwood le rejoindra bientôt, ainsi que nombre de leurs camarades de classe.
Alice Winn décrit l'enfer de cette guerre: les cadavres empilés, la boue et les rats - l'envie d'en découdre des jeunes recrues, qui bien vite seront tuées, blessées, sacrifiées, traumatisées à jamais - l'absurdité d'une machine de guerre qui broie les corps et les esprits - la perte de l'innocence. Et, au coeur de cet effroyable environnement, l'amour, qui ne peut se dire ni se montrer, sa complexité mais aussi sa tendresse et sa beauté.
Superbe, déchirant, immersif, poétique... formidable.
Hélène