Je me suis aperçue que mon ardent désir de vivre à New York, de fréquenter Lou Reed à Greenwich Village et le reste est pour moi une chose douloureuse, grave, dévorante et, pour le reste de l'humanité, une vaste blague. Quand on est mennonite, pas moyen d'avoir envie de découvrir le monde puisque le monde tourne cette envie en dérision. C'est la trame d'une comédie, sans plus. Une mennonite à New York. Une famille amish en goguette à Soho. Il est terriblement déprimant de s'apercevoir que ses désirs les plus ardents se mesurent à Hollywood en rires à la minute.
Drôle de tendresse, c'est un roman à la fois grave et léger comme une feuille qui virevolte dans la poussière soulevée par la tempête... Nomi est une jeune fille mennonite perdue pour sa communauté, qui tente de rester debout avec ses envies et ses rêves d'adolescente, en compagnie de son petit ami, de son père Ray mais sans sa mère ni sa soeur qui ont disparu à quelques semaines d'intervalle. C'est une vie faite de frustrations, d'interrogations, de douleurs, mais remplie aussi de poésie, de vivacité et d'humour ravageur.
Miriam Toews nous livre une nouvelle fois un livre beau et puissant qui ne laisse pas indifférent et qui donne matière à réfléchir sur le monde dans lequel nous nous inscrivons.
Catherine D.
Paru en octobre 2021, traduit de l'anglais (Canada) par Lori Saint-Martin et Paul Gagné. Existe aussi au format numérique.