Quelque part en Europe, peut-être dans pas très longtemps: il fait chaud, les températures continuent d'augmenter de semaine et semaine, les arbres ne donnent presque plus de fruits, la terre presque plus de légumes. Skalde et sa mère Edith vivent dans une communauté séparée du reste du monde par une rivière, dont ils ont fait sauter le pont il y a bien longtemps, pour se protéger. Personne ne sait ce qu'il se passe au-delà du cours d'eau. Un jour, lors d'une promenade en forêt, Skalde croise le chemin d'une petite fille aux cheveux roux, couleur qui détonne étrangement dans cette région où même les animaux sont progressivement devenus blancs. Meisis emménage avec les deux femmes, devenant un sujet de discorde supplémentaire entre la mère et la fille, et surtout avec le reste des villageois. Superstitieux, ils mettent bientôt en branle une véritable chasse aux sorcières pour se débarasser de l'enfant ainsi que d'Edith et Skalde.
Helene Bukowski, jeune autrice allemande, signe un premier roman qui se lit presque d'une traite. La nature, malade mais toujours plus forte que l'humain, s'étend en toile de fond pesante d'un huis-clos sous tension, où les relations de groupe et interpersonnelles sont disséquées avec noirceur et poésie. La tension monte au fil des pages, soulevant des questions mais n'apportant pas toujours de réponse. On se laisse embarquer volontiers dans cette histoire qui, sans révolutionner le genre, offre un bon moment de lecture et quelques belles trouvailles stylistiques!
Hélène
Paru en août 2021. Traduit de l'allemand par Sarah Raquillet et Elisa Crabeil. Existe aussi au format numérique.