On ne pourra pas dire qu'on ne savait pas; on pourra dire qu'on ne savait pas que faire de ce qu'on savait. On pourra dire l'impuissance qui nous saisit, qui nous écrase, plus on sait et moins on peut. Ce qu'on sait, dont on est témoin, est semblable à une question qui nous serait adressée. Nous pouvons choisir de l'ignorer.
Ce texte qui s’inscrit dans la remarquable collection “Ma nuit au musée” est une fois de plus un récit fort, vibrant de sensibilité, intime et terriblement bouleversant de pudeur et d’émotion. Cette fois, c’est dans le musée Anne Frank, et plus précisément dans l’Annexe, que l’écrivaine française va passer la nuit. Elle se dévoilera par petites touches, tout en nous révélant une Anne Frank irrévérencieuse, rebelle et têtue, une adolescente qui voulait tout savoir et devenir écrivaine.
Pourquoi préférer la solitude de l'écriture, pourquoi consacrer tellement de temps à des vies irréelles mais vraies, à des créatures ni mortes ni vivantes ?
Ecrire n'est pas tout à fait un choix : c'est un aveu d'impuissance. On écrit parce qu'on ne sait par quel autre biais attraper le réel. Vivre, sans l'écriture, me va mal, comme un habit trop lâche dans lequel je m'empêtre. Il faut parfois rétrécir l'espace pour en entendre l'écho.
Pourquoi écrit-on ? Peut-être est-il possible de répondre par la négative : ne pas écrire met à nu toutes les inquiétudes, alors on écrit.
Tout est juste dans ce récit puisque tout est vrai, les mots choisis par Lola Lafon résonnent encore longtemps après la lecture.
Un récit magnifique qui convoque les absents, qui interroge l’écriture et qui nous interpelle, profondément.
Catherine D.
Paru en août 022. Existe au format numérique.